La lame d'encre
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La lame d'encre

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 Lueur d'une nuit sans lune

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Eden
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Eden


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Date d'inscription : 09/04/2014

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MessageSujet: Lueur d'une nuit sans lune   Lueur d'une nuit sans lune EmptyDim 1 Fév - 15:14

01.
Un jour comme les autres

Un coup de tonnerre. Encore une fois, elle se réveillait difficilement. L'obscurité, voilà tout ce qu'elle voyait. Le monde des rêves l'appelait, et pourtant elle devait se réveiller. Elle avait entendu quelque chose.
Elle ouvrit les yeux. Puis se leva du plancher froid et poussiéreux. La jeune femme se trouvait dans une petite salle aux murs étroits, faits de planches humides et abîmées. Il y avait ci et là des trous dans les murs, où les rongeurs et les petites créatures passaient parfois. L'unique fenêtre était sur le mur qui faisait face à la porte. Rien n'avait changé. Elle fit deux pas vers la fenêtre. Les planches grinçaient et courbait, malgré son pas léger.
Dehors, il faisait encore nuit noire, et elle voyait la pluie tombant sur le sol. Et au loin, on voyait les éclairs s'abattant sur la terre et la lumière déchirant le ciel.
Elle entendit des pas. Elle attrapa son arc et ses flèches. Puis elle s'enveloppa dans son manteau noir, et rabattit sa capuche.
Elle tenta d'ouvrir la fenêtre, mais le mécanisme était défectueux. Alors elle brisa la vitre d'un coup de paume, sa peau étant protégée des éclats par son gants de cuir et fourré de lin.
Elle savait que le bruit les attirerait, et pourtant, elle n'était pas paniquée. Maintenant, elle avait l'habitude. Les pas se rapprochèrent rapidement de la porte. Alors elle bondit hors du bâtiment, sans un bruit.
Dehors, la pluie battante recouvrait tous les bruits, y compris le son de ses bottes de cuir retombant dans la boue. Il ne faisait pas froid, mais l'eau rafraichissait le vent, ce qui provoqua un léger frisson qui lui parcourut l'échine.
Elle entendit un grand craquement. Surement un soldat qui avait commencé à monter l'escalier et qui avait brisé les marches. Des ronchonnements se firent entendre.
Devant la maisonnette, il y avait une dizaine de chevaux qui portaient une selle et des sacoches. A côté, trois gardes discutaient, se plaignant de devoir rester sous la pluie.
Personne ne l'avait vu, ni entendu.
Elle s'enfonça dans la forêt. Les arbres feuillus ne la cachaient pas de l'eau tombant du ciel recouvert de nuages gris. La terre boueuse rendait son pas trop bruyant à son goût, mais que pouvait-elle y faire ?
Elle était fatiguée. Cela faisait deux semaines qu'elle ne faisait que des siestes de trois ou quatre heures, espacées d'une journée, parfois deux. Ses poursuivants étaient de plus en plus nombreux, et faisaient moins de pause que d'ordinaire, sûrement parce qu'ils se rapprochaient d'elle.
Elle traversa la forêt en trois heures de marche sous la pluie. Son manteau était mouillé et devenait plus lourd. En sortant de la forêt, elle vit de la lumière.
Au loin, et dans la nuit, une ville se tenait là. Des pics de bois l'entouraient, et elle était protégée par un mur fait de briques et de troncs d'arbres. Elle s'approcha des portes de la ville. Trois gardes se tenaient sous un porche à côté de la porte. Un lancier se plaça entre elle et la porte, la menaçant de la pointe de fer. Les gouttes de pluie chutaient sur l'armure en un petit bruit métallique.
-Halte ! Qui êtes-vous, et que venez-vous faire ici ?
Il semblait troublé par la tenue de la jeune femme. Son manteau ne laissait par voir le haut de son visage, et son écharpe cachait sa tête à partir du nez.
-Je m'appelle Qleraz, et je viens me réfugier pour la nuit.
-Très bien. Si on vous voit demain après-midi, vous serez exécutée.
La jeune femme acquiesça, et passa la porte qui s'entre-ouvrit pour elle.
Dans la ville, les rues étaient étroites, faites de pavés de pierre. Elle passa dans les rues sans savoir où aller. Elle arriva sur une grande place, avec des petits étalages vides et des caisses fermées et cadenassées à l'étale. Elle regarda sur la place, et vit la pancarte d'une auberge. « La chope de mousse ». Elle y entra.
La pièce était peu éclairée, par quelques lanternes accrochées aux murs de briques. Une dizaine de tables rondes remplissaient la salle. Au bar, un homme enrobé luttait contre le sommeil. Silencieusement, elle s'approcha de lui, et le réveilla en lançant brutalement une petite bourse. Il sursauta, et marmonna, les yeux mi-clos :
-Oui, c'est pour quoi ?
-Une chambre.
Il tendit une clé avec un numéro, et rangea la bourse sous le comptoir.
Elle monta les escaliers, et passa dans un couloirs. Les portes se succédaient, ainsi que les nombres qui les désignaient. Son pas était silencieux, accordé au lointain bruit de la pluie sur les pavés.
Elle finit par arriver devant la porte correspondant à sa clé, alors elle l'ouvrit, dans un cliquetis métallique.
La salle était éclairée par une petite lanterne posée sur une table de chevet. Il n'y avait qu'un lit double dans la pièce, et un tapis mauve sur le sol. L'eau qui coulait sur l'unique fenêtre faisait transparaitre la lueur de la lune en d'étranges vagues de lumière qui se succédaient au rythme des gouttes.
Sans ôter son manteau et sa capuche, elle s'assit sur le lit, et commença à réfléchir. Comment était sa vie, avant … Avant tout ça.
Elle sursauta. Un éclair venait de frapper au loin. Dehors, le soleil commençait à se lever, teintant le ciel d'un bleu indigo, nuancé par les nuages gris.
Dehors, les gens du marché commençaient à sortir et à s'installer, protégés de la pluie par des capuches et des manteau de couleurs différentes, mais toujours sombres.
Elle attendit quelques heures, le temps que le soleil illumine le ciel. Caché derrière les nuages, il rendait le paysage moins terne et morose. Le marché était peu actif, ceci étant surement dû au mauvais temps. Les dizaines de couloirs formés par les étalages n'étaient parcourus que par quatre ou cinq personnes.
Elle posa son carquois plein de flèche ainsi que son arc, et toujours sans enlever son manteau, et s'allongea, et commença à dormir. Elle était fatiguée, et elle sentait qu'elle pouvait se reposer pour quelques heures.
Elle se réveilla d'un bond. Elle avait entendu quelque chose. Elle ne savait pas quoi, ni où, mais elle avait besoin de bouger. Elle se releva, et repris son arc, et ses flèches dans son carquois. Elle passa dans la grande salle vide, et sortit de l'auberge sans même saluer le propriétaire.
Elle ne savais pas combien de temps elle avait dormis, car elle ne pouvait pas voir où était le soleil. Elle pouvait avoir dormis six heures comme dix minutes.
Elle marcha entre les étales, et finit par s'arrêter devant un marchand d'armes. C'était un homme petit mais robuste, attifé d'une épaisse barbe rousse. Il la regarda avec mépris et interrogation.
Elle observa les différentes lames et arc, haches, flèches, et même quelques casques.
-Qu'est-ce que vous voulez ? Finit par faire le marchand.
Sa voix était entre le mépris, l'indignation et l'ennui. Elle posa quatre pièces d'argent sur la table de bois, face au marchand, et demanda une dizaine de flèches. La dernière fois qu'elle avait acheté des flèches, cela ne lui avait couté que cinq pièce de cuivre. Or une pièce d'argent vaut trois pièces de cuivre. Les prix ne cessaient d'augmenter ces temps-ci. Surement à cause des bandits qui se faisaient de plus en plus nombreux. Il y avait aussi la guerre.
La guerre avait débuté par la mort du Grand-Roi. Il avait été assassiné il y a deux ans, beaucoup pensant que c'était l'un de ses six fils qui avait engagé quelqu'un pour accélérer les choses. Depuis, les six se livraient une guerre sans merci pour le trône. Chacun avait son territoire, et tentait de conquérir celui des autres.
Depuis que la guerre avait éclaté, tout avait dégénéré. Les assassins s'étaient faits plus nombreux, les groupes de bandits avaient commencé à saccager les petits villages, et les soldats se battaient sans relâche. Les armées s'opposaient sur les frontières, mais toutes les forces étaient égales.
Une fois qu'elle plaça ses flèches dans son carquois, elle s'en alla. Elle passa devant les autres étales, mais n'y prêta pas attention. Viande, fruits, légumes, épices, fromages, ustensiles, ébénisteries, vins et rhum. Que de la nourriture et des choses inutiles. Elle commença à se promener dans les rues. La ville était petite, et peu de personnes peuplaient les rues par ce temps. Elle avait remarqué le petit manoir qui , où résidait surement un noble riches et arrogants disposant d'une petite armée.
-Halte !
Elle se retourna brusquement. Une dizaine de soldats courraient vers elle, vêtus d'armures de fer ou d'acier, et l'épée ou la hache dégainée. Et une autre dizaine arrivait par sa droite. Elle tourna à gauche, et courut. Même si elle courait, elle ne faisait aucun bruit, sauf lorsqu'elle marchait dans des flaques d'eau.
Derrière elle, elle entendait les beuglements des soldats, et le pas lourd de leurs armures. Ils étaient déjà essoufflés, du fait de courir avec de telles cuirasses et équipements. Elle tournait lorsqu'elle voyait qu'ils auraient du mal à la suivre, et fonçait droit juste après. Elle finit par les semer.
Elle s'amusait presque avec eux. Lorsqu'un petit groupe s'approchait d'elle, elle feignait de ne pas les voir pendant une ou deux secondes avant de se cacher. Et pourtant, ils ne la remarquaient pas.
Elle se dirigea vers les portes de la ville, et lorsqu'elle arrivait, tout était fermé. Une trentaine de gardes se tenaient là, et la menaçaient avec un arc ou une lance. Un garde avec une petite cape rouge en plus de son armure s'avança.
-Mademoiselle. Sous ordre du Général de la grande armée royale, je vous arrête.
-Pour quel motif ? Demanda-t-elle avec une voix calme.
-C'est un secret qui ne m'a pas été révélé.
-Je vois … Alors on ne vous dit même pas pourquoi vous me traquez.
Des murmures parmi les gardes suivirent cette remarque. L'homme commença à s'énerver. Il se tourna vers les hommes.
-Fermez-la, vous autres ! Et préparez-vous à tirer !
Alors les archers bandèrent l'arc, et les lanciers armèrent leurs bras. Le supérieur se retourna vers la jeune femme.
-On m'a dit que cela n'avait pas d'importance de vous ramener morte, ou vive. Alors suivez-moi sans faire d'histoire.
-Désolée pour vous … Mais votre ignorance causera votre perte.
Soudain, elle dégaina son arme. Elle allait à une vitesse surréaliste. En une fraction de seconde, elle encocha une dizaine de flèches, qui neutralisèrent la plupart des archers.
-M-M-Mais quel est ce-ce maléfice ? Bégaya le supérieur.
La jeune femme passa la main sous sa cape, et en sortit une dague. Elle fila vers l'homme, qui tenta de dégainer son épée. Une main l'en empêcha, et la dague sous son cou le paralysa.
-Dis à tes supérieurs de me laisser en paix. Je ne vous tuerais pas, toi et tes hommes, si vous me laissez partir.
Sur ces mots, tous s'écartèrent, lui laissant un large passage. La peur se lisait dans leurs yeux, et cela ne lui faisait rien. Elle ne ressentait ni fierté, ni angoisse, ni dégout. Elle ne voulait que passer.
Une fois qu'elle fut hors de la ville, elle s'enfonça dans la forêt. Il pleuvait toujours, mais les éclairs s'étaient arrêté de tomber. Elle avançait dans la boue et l'herbe mouillée, sous les feuilles vertes des arbres desquelles tombaient les petites gouttes d'eau. Elle marcha ainsi pendant des heures, et des heures. Elle fini par arriver dans une plaine. Les animaux se cachaient à l'abri de la pluie et du vent, chez eux, dans leurs tanières ou leurs grotte. La plaine était verte et touffue, boueuse et mouillée. Et vide. Pas une pierre ne s'y dressait, pas un arbre.
Le vent agitait les brins d'herbe dans des vagues sinueuses et fluides. Et la pluie continuait inlassablement de tomber.
Au bout de la grande plaine, les montagnes se dressaient. Elles étaient imposantes, grises et noires.
Elle arriva au pied de celles-ci. Comment pouvait-elle les passer ? Elle ne pouvait pas escalader. Et il semblait ne pas y avoir de chemin. Et en plus, la nuit commençait à tomber. Alors elle remarqua un petit écart dans la roche. Elle y passa le bras, et de l'air y entrait.
Elle se glissa tant bien que mal dans la petite fente. Le couloir était très étroit, elle devait avancer sur le côté. Mais elle tenait debout. Elle finit par arriver dans une petite salle de roche, ou de l'eau coulait.
C'était un petit lac alimenté par l'eau venant du haut des montagnes, et qui s'écoulait par le plafond. L'eau reflétait une lueur bleutée, et s'agitait lorsque le vent s'engouffrait dans la petite grotte.
Alors la jeune femme se déshabilla. Elle retira sa capuche, pour la première fois depuis plusieurs jours, et elle sortit de sous son manteau trois dagues. Aucune n'avait la même forme, ni la même couleur. L'une avait une lame noire et un manche blanc. Sur la lame étaient inscrits d'étrange symboles. C'était une langue inconnues, aux lettres arrondies, et formées de simples traits orientés dans des directions différentes. Une autre avait un manche noire, fait de lanières de cuir, et une lame gris clair, sur laquelle on voyait de petites vagues et des petites spirales faites de blancs. Et la troisième était une dague ordinaire. La lame d'acier était droite, et le manche de fer était entouré de tissu rouge vif. Elle enleva sa chemise. Sa ceinture. Ses bottes. Ses gants. Elle déposa toutes ses affaires à côté de l'eau.
Elle regarda son reflet dans l'eau. Son visage si pâle. Ses yeux gris clairs et ses cheveux bruns. Sa fine silhouette. Ses yeux clairs étaient mis en valeur par des tatouages noirs autour de ses yeux, qui descendaient en un fin trait sur chaque joue et passait sur le cou, descendaient encore jusqu'à son nombril ou il formait une fine spirale. Et sur son front figurait un autre tatouage, blanc. Il était fait de deux croissants se faisant face, surmontés d'un cercle rempli, d'où partaient deux traits qui faisaient le tour de sa tête.
Alors elle plongea. L'eau était froide, très froide, mais cela semblait ne pas la déranger. En réalité, elle aimait prendre des bains froids. Cela la détendait, et l'aidait à réfléchir. Elle repensa à son maitre. Comme sa présence lui manquait. Elle se sentait en sécurité à ses côté. Mais maintenant, la mort l'avait emporté. Elle avait voulu faire couler le sang pour la vengeance, mais comment pourrait-elle tous les affronter ?
Elle ressortit de l'eau, et se sécha son manteau encore mouillé. Puis elle enfila son pantalon de tissu et sa chemise. Elle prit son arc et son carquois, et sortit de la grotte.
Dehors, la pluie s'était arrêtée. Les nuages étaient blanc et laissaient passer la lueur de la lune, sans la montrer. Le vent se faisait léger et ne se montrait pas souvent. Parfois, il agitait l'herbe à son rythme.
Elle se déplaçait silencieusement, les genoux pliés et le dos courbé. L'obscurité l'enveloppait, et pourtant, elle semblait savoir où elle allait. En réalité, ses yeux étaient plus habitués à la nuit qu'au jour. Elle se déplaçait, et finit par arriver près d'une tanière. Elle prépara sa flèche. Et d'un seul coup, la pointe de fer fila dans les ténèbres du petit abri.
Pas un mot. Pas un bruit. Juste la nuit, et parfois, le vent qui sifflait.
Elle entra dans la petite maison. Il faisait noir, mais elle voyait très bien. Dans la pénombre, elle arriva devant un petit animal mort. Elle retira sa flèche, et avec la pointe tranchante, découpa la peau et ressortit plusieurs morceaux de viande. Avec ceci en main, elle retourna dans sa grotte. Elle déposa la viande sur la roche froide, et ressortit dehors. Elle s'assit à côté de l'entrée, et attendit.
Pour la première fois depuis au moins un mois, elle n'avait personne à ses trousses. Elle respira l'air frais de l'extérieur, et leva les yeux au ciel. Les nuages laissèrent alors apparaître la lune. C'était un orbe parfais, d'où émanait cette petite lumière blanchâtre. Elle passa des heures et des heures à la regarder, jusqu'à ce que le soleil commence à se montrer. Alors elle rentra dans sa grotte. Elle s'habille de son manteau, et s'endormit, sans crainte.
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MessageSujet: Re: Lueur d'une nuit sans lune   Lueur d'une nuit sans lune EmptyDim 15 Fév - 16:27

02.
La pâle lumière

Elle se réveilla, alors que les étoiles commençaient à s'éclaircir dans le ciel d'un noir bleuté. Elle ouvrit doucement les yeux, alors que les seuls bruits qu'elle entendait étaient l'écoulement de l'eau dans sa grotte, et le vent sifflant dehors.
Elle avait bien dormis, malgré que son lit soit fait de pierre. Elle avait dormi au moins treize heures. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait fait une aussi grande sieste. Ainsi, la fatigue lui avait permis de se reposer. Ironique.
Elle se leva, et s'étira. Ses muscles étaient un peu engourdis, et elle sentait qu'elle n'était pas encore totalement réveillée. Alors elle attacha correctement son manteau, et s'arma de son arc. Elle enfila son carquois, et rangea convenablement ses dagues.
Elle sortit de la grotte. Le vent qui soufflait était froid. Dans le ciel, il n'y avait aucun nuage, et la lune était belle et ronde. Étrangement, la jeune femme avait l'impression d'être regardée. Elle chercha autour d'elle. Aucun œil ne l'épiait. Aucun souffle ne se faisait entendre. Aucune présence ne se faisait sentir. Il n'y avait personne, et elle en était persuadée.
Elle attrapa une flèche et la glissa contre l'arc en tirant légèrement la corde, juste pour être prête. Alors elle commença à marcher.
Elle marcha dans la forêt. Elle était sombre, et endormie. Chaque être qui y vivait avait les yeux fermé et l'esprit naviguant dans un monde de rêve et de légèreté. Même les arbres semblaient être en sommeil. Ils ne bougeaient pas, et le vent passait au dessus d'eux, il soufflait si haut dans le ciel que le silence de la forêt recouvrait son sifflement. Et les feuilles étaient comme figées. L'herbe était immobile, et ne bougeait presque pas sous le pied de la jeune femme.
Elle marchait silencieusement. Le calme était si doux à ses oreilles. Elle ne faisait que marcher, errant sans but. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle continuait. Elle naviguait, effleurant parfois un arbre de la main. Les troncs étaient rudes et l'écorce était fraiche et humide. Les derniers jours de pluie avaient donné à la terre l'eau qu'il lui fallait, et les racines se servaient sans limite dans ces réserves. Le soleil ne faisait pas sécher les troncs d'arbres, alors ils restaient partiellement mouillés.

Elle marcha pendant des heures, et des heures. Elle pensait à la vie des habitants de la forêt. Et la comparait à la vie de la ville. Toutes ces différences, et ces ressemblances. Et elle remarquait que la forêt et la ville étaient vraiment deux univers différents, malgré les quelques similarités qu'elles possédaient.
Soudain, une forte odeur la dérangea. L'odeur de brûlé. L'odeur du feu. Commençait-il à neiger ? Non. Les cendres pleuvaient.
Elle se tenait à l'orée de la forêt. Un petit village bordé par un champ. Il devait y avoir une vingtaine de maisons. Plus maintenant. L'une venait de s'écrouler. Une large colonne de fumée s'élevait dans le ciel. Les flammes rongeaient les poutres et léchaient les briques. Les cris de douleur et de terreur faisaient trembler le calme nocturne de la forêt. Silencieux, les arbres regardaient de loin le désastre de feu et de sang.
Elle voyait de là où elle était les villageois qui pleuraient et qui criaient. Une petite fille, âgée d'environ sept ans, courait, et essayait de s'enfuir du village, accompagnée par un homme qui tenait un nourrisson dans ses bras.
Alors une flèche se planta dans la jambe de l'homme, qui tomba à genoux, une grimace de douleur le défigurant. La petite tenta de l'aider à se relever, mais déjà, deux hommes arrivaient vers eux, l'un avec une épée, l'autre avec une hache.
Celui armé de l'épée plaqua la petite fille au sol, alors que l'autre s'approchait doucement de l'homme. Il lui prit le bébé des mains, et le jeta violemment au sol, dans un bruit sourd. Puis il planta son épée dans la petite créature. Mort ou agonisante, il n'en avait rien à faire. Un sourire sadique se dessinait sur ses lèvres alors que l'homme commençait à pleurer. Le malfaisant lui planta alors son épée dans l’œil, et traversa son crâne. La fille hurlait, et pleurait, alors que le mort s'écroulait dans une marre de son sang.
Alors celui à la hache la forçait à regarder l'homme mort, alors qu'elle hurlait et pleurait, toujours et encore. Puis il renforça sa poigne sur sa hache, et fendit le crâne de la petite, qui s'arrêta soudainement. Il retira son arme violemment, dans une giclée de sang, et les deux hommes repartirent en courant et en riant, la lame maculée de sang.
La colère lui serra la gorge. La rage anima son cœur, et la haine étreignit son bras. Elle dégaina une de ses dagues. Celle au manche noir et à la lame claire. Comment les hommes pouvaient-ils être si cruels ? Elle avait déjà vu des choses qui dépassaient l'imagination. Mais jamais elle n'avait pu accepter la mort d'innocents. Le meurtre d'enfants, et de personnes qui ne voulaient que vivre une vie paisible. Jamais elle ne pourrait accepter cette soif de sang, tellement sauvage.
Elle courut aussi vite qu'elle le put vers le village. Malgré la distance, elle arriva parmi les flammes en une poignée de secondes.
Mais c'était déjà trop tard. Il n'y avait plus de cris ou de pleurs. Seulement des cadavres. Des corps inanimés, et le sang qui s'écoulait entre les pavés, et imbibait la terre. Les flammes dévoraient tous les bâtiments.
Mais il y avait encore de la vie. Elle entendait des pas, et des rires.
Alors elle les vit. Des hommes armés, des bandits pillant ce qui restait dans les maisons. Ustensiles, nourriture, meubles. Ils chargeaient de grandes charrettes tirées par quatre ou cinq chevaux. Ils affluaient, venaient, chargeaient, et repartaient. Les charrettes étaient maintenant presque pleines. Les hommes commençaient à se rassembler. Il riaient et plaisantaient. Ils se vantaient du nombre de personnes qu'ils avaient tué, et la façon qu'ils avaient eu de les massacrer. Étrangler. Trancher. Dépecer. Égorger. Éviscérer. Poignarder. Tant de mots pour décrire une mort. Attroce.
Elle se plaça à la vue de tous. Les hommes cessèrent de rire. Elle releva sa capuche. Ses yeux brûlaient, et sa seule envie était de tous les tuer.
Un homme un peu mieux habillé que les autres s'avança.
-Eh bien ! On s'est perdu, ma jolie ?
-La ferme, sale rat ! Toi et tes petits copains … Pourquoi vous avez fait ça ?
-Parce que c'est drôle, par dis ! Hein les gars ?
Ses hommes répondirent par un hurlement général.
-Alors vous êtes vraiment comme des bêtes.
Elle serra si fort sa dague que la douleur arriva. Sa main était crispée sur le manche. Les hommes dégainèrent leurs armes, lorsqu'elle pointa sa lame dans leur direction.
-Eh bien, mademoiselle … Qu'est-ce que tu fais ici exactement ? Demanda le chef.
-Je suis venu mettre fin à vos misérables vies.
Alors elle commença à marcher vers eux. Les bandits commencèrent à avancer vers elle. Ils n'étaient plus qu'à dix pas.
Trois hommes arrivaient plus vite que les autres. Après environ cinq secondes, le premier arriva, et tenta de l'assommer avec le manche de son épée. La jeune femme lui trancha la gorge d'un trait, rapide et précis. Le sang gicla, et quelques gouttes arrivèrent sur la joue de l'assaillante. Elle avait un regard noir, et les sourcils froncés par la colère alors que le premier mort tombait lourdement sur le sol.
Les deux autres hommes tentèrent des coups d'épée, qu'elle esquiva pour planta sa dague dans la nuque du premier, et dans l’œil du deuxième. Les deux corps tombèrent comme le premier.
La colère les envahit, et sept hommes se jetèrent sur elle. Mais ses coups précis et rapide les tuèrent tous sur le coup, sans qu'un seul ne put la toucher. Deux hommes commencèrent à s'avancer. Elle les reconnu. Ils avaient tués la père et ses deux enfants. La rage l’enivra. Ce sentiment de puissance … Elle ne l'avait jamais connu, et pourtant, elle l'aimait tant. Elle voyait qu'elle tuait, et elle avait déjà tué, mais pas comme ça. Avant, elle tuait parce qu'on lui demandait. Ici, elle tuait parce qu'elle l'avait décidé. Elle en avait envie.
D'un côté, elle avait peur d'elle même. Ôter la vie ainsi, c'était elle qui décidait. Et si elle faisait le mauvais choix ? Peut-être était-ce mal de tuer ainsi.
Mais en même temps, ce sentiment … Cette rage qui l'animait était si douce. Et ce sang chaud … Il était si agréable d'assouvir ce désir, petit à petit.
Mais là, elle ne devait pas réfléchir. Il était trop tard pour faire marche arrière. La seule chose qu'il fallait faire, c'était profiter de l'instant présent.
Les deux assassins avancèrent plus encore vers elle. Elle donna un coup de pied dans les côtes au premier, et désorienta l'autre en lui tapant les deux oreilles. Le premier tentait de résister à la douleur, et de rester debout, mais il avait n'y parvenait guère. Elle attrapa l'homme sonné par les cheveux, plaça son pied derrière son talon, et le fit tomber. Et toujours en le tenant par les cheveux, elle frappait son visage sur le sol. Violemment. Une fois. Deux fois. Quatre fois. Dix fois. L'homme était mort. Du sang lui sortait de son nez cassé et de sa bouche. Et ses yeux n'étaient plus que deux orbites blancs. Mais pourquoi ne pas continuer ? Après tout, ils n'étaient que des monstres, alors pourquoi respecter leurs cadavres, alors qu'ils n'avaient fait que tuer sans réfléchir.
Elle continuait à frapper la tête du mort sur le sol avec une telle violence que tous les autres bandits étaient paralysés par la peur.
Elle arrêta au bout d'une minute, car l'homme était mort, et ne souffrait plus. Alors pourquoi continuer ?
Ses pensées contradictoires, elle enfouissait au plus profond d'elle-même, avec tous ces souvenirs douloureux et ces moments horribles. Et ainsi, elle pouvait continuer ce carnage.
Elle n'attendait plus qu'ils attaquent, car ils étaient apeurés, et qu'elle n'avait pas le besoin ne l'envie d'attendre.
Elle attrapa le deuxième assassin. La peur le fit lâcher son arme. Elle lui attrapa le bras droit. Planta sa lame dans son coude, et lui brisa le bras. L'homme poussa un hurlement de douleur.
-Ah ! Tu veux ouvrir la bouche ?! S'écria la jeune femme.
Elle plaça sa dague au niveau de la liaison de ses deux lèvres. Et coupa jusqu'au début de l'oreille. L'homme s'écroula, agonisant.
La jeune femme commença à tous les tuer. Un coup dans la gorge, une lame dans le cœur, dans le crâne, dans l’œil. Il y avait tant de manière de tuer … Et c'était si facile. Bientôt, il ne restait plus que le chef des bandits. Lorsqu'elle s'approcha de lui, il recula, et tomba lorsque son pied cogna contre l'un des cadavres qui l'entouraient.
-Mais qui es-tu, bon sang !
-Tu ne mérite pas de connaître mon nom.
Alors elle enfonça sa lame dans la tempe du chef, qui s'arrêta aussi net. Puis elle retira sa dague dans un filet de sang. Le cadavre tomba parmi les autres. Les flammes avaient commencé à s'attaquer au tissu de leurs vêtements, et à leur chair. L'odeur qui en émanait était immonde, mais elle ne semblait pas déranger la jeune femme. Elle regardait les corps des bandits qui brûlaient, et les cadavres des villageois qui avaient déjà été rongés par le feu.
Puis elle tourna les talons, et repartit. Elle traversa le champ brûlé. La terre était noire, et toutes les plantes n'étaient plus que cendres sur le sol. Derrière le champ se tenait une grande plaine vide. Au loin, les flammes crépitaient, et le village mourrait encore un peu plus. Mais elle marchait.
Elle avança pendant quelques minutes, lorsqu'une chose d'étrange se passa.
La lune s'approchait de plus en plus de l'horizon, et les rayons du soleil tentaient le ciel d'un bleu marine. La lune était ronde, et commençait à s'effacer. Elle ne sut pas pourquoi, mais la jeune femme s'arrêta. Elle regarda la lune, et il lui sembla que sa lumière grandissait, puis diminuait, et grandissait, et diminuait encore. Pendant plusieurs minutes, elle crut à une hallucination. Alors elle remarqua que la lune changeait au rythme de son cœur. Ses battements correspondaient parfaitement à ces changements de lumière.
Elle commença à paniquer ? Qu'est-ce qui n'allait pas ? Son cœur était-il en train de déranger ses yeux, ou son esprit ? Son corps et son âme étaient-il en train de se séparer ?
Elle se sentait soudainement fatiguée. Ses forces la quittèrent, et elle se retrouva allongée sur le sol. Ses poumons ne voulaient plus aspirer l'air, et elle luttait pour qu'ils accomplissent leur fonction. Elle tenta de bouger son bras, mais son corps était comme paralysé. Elle sentait que l'air commençait à lui manquer. Sa vue se troublait, et l'ombre se glissait sur ses yeux comme une vague ténébreuse.
-Je t'ai vu, mon enfant …
Une voix cristalline résonnait dans sa tête. Mais personne n'était là.
-Depuis que je suis née, je ne peux que regarder. Et pendant des milliers d'années, j'ai regardé les Hommes s'entre-tuer. Aujourd'hui, je veux vivre comme un mortel.
-Qui … Qui est-ce ? Pensa-t-elle.
-Je suis l'esprit de la lumière nocturne, je suis la Lune.
-Pourquoi … Pourquoi vous adressez-vous à moi ?
-Comme tu le sais déjà, tu es enfant de l'ombre. Mais tu es également enfant de la Lune. Tu es mon enfant. Et tu es l'unique. Ainsi, je te choisis.
Ces paroles lui rappelèrent de mauvais souvenirs.
-Que me veux-tu ?
-Je te propose un marché. Ton esprit et le mien se partageront ton corps. Et en échange, je t'offre le loisir d'utiliser mon pouvoir.
-Pourquoi voudrais-je de ton pouvoir ?
-Parce que le but de tous les vivants est l'acquisition d'un plus grand pouvoir. Parce que dans ce monde, lorsqu'on possède le pouvoir, on possède tout.
Après tout, elle n'avait plus rien à perdre. Et si elle devait vivre, pourquoi ne pas avoir un plus grand pouvoir ? Car après tout, avec un plus grand pouvoir, elle pourrait faire tout ce qu'elle voudrait.
-J'accepte.
Soudain, elle sentit un présence. Elle savait qu'elle n'était plus seule. Et elle sentait un immense pouvoir. Elle ressentait les battements de son cœur. Le sang qui coulait dans ses veines. Ses muscles qui se contractaient et se détendaient. Ses os qui bougeaient.
Elle reprenait son souffle. Et la voix était toujours là. La Lune était toujours là.
-Je m'appelle Dwilorenn.
Elle n'aimait pas donner son vrai nom, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas mentir à sa nouvelle amie.
-Je sais comment tu t'appelle. Et je sais aussi que tu ne connais pas mon véritable nom.
-Et quel est-il ?
-Je suis la déesse Nirnead.
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Lueur d'une nuit sans lune
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