La lame d'encre
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La lame d'encre

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 Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan

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Eden
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Eden


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Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan Empty
MessageSujet: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 14 Déc - 17:23

Chapitre 1


Pour beaucoup, les magiciens ne sont que des crapules, des personnes dont l'âme fut corrompue par l'avidité du pouvoir et de la richesse. Leur intentions ne sont que mauvaises, et dans leur intérêt uniquement. Et ils n'ont pas tort. Pour maîtriser la magie, il faut connaître les choses de la nature, et savoir les langues oubliées. Il y aura besoin aussi d'une prédisposition à ces arts. Car n'importe qui ne peut pas devenir magicien. Il est fait mention dans les livres d'un homme si intelligent qu'il maîtrisa l'art de la magie à la perfection, et créa même sa propre forme de magie. Il vécu il y a une centaine d'années, lorsque l'art de la magie était presque inconnu.

Il ferma le livre et le cacha lorsqu'il entendit son père rentrer dans la petite maison. Il bondit du lit, passa la porte et se précipita dans l'entrée, puis sourit à son père, dégoulinant de l'eau tombée du ciel. Il le débarrassa de sa cape, et prit les quatre poissons et le pavé de viande acheté avec les quelques pièces qu'il avait récolté la journée. Le père avait un air dur, des cheveux noirs et une barbe mal taillées. Les rides commençaient à écumer son visage qui commençait à jaunir avec l'âge, et ses yeux bruns scrutaient son fils. Lui et son père vivaient pauvrement, dans leur petit village. Il n'y avait à Cour-en-Eau que quatorze maisons, habitées par environ quarante-cinq habitants. Le père se baissa vers le feu, unique source de chaleur et de lumière dans la pièce, et clama alors : « Kalhan, mon fils, va donc cuisiner deux poissons, pendant que je ranime le feu ».
Le jeune homme aux cheveux noirs comme son père attrapa deux des quatre poissons, et les posa sur la table contre l'étagère, qui faisait office de cuisine. Il les vida et les écailla, puis les mit dans une casserole et les posa sur le feu dans la petite cheminée en terre qu'avait fait son père. Les yeux gris clairs du jeune homme observèrent le feu, puis il s'installa sur l'une des deux chaises séparées d'une petite table de bois.
-Comment s'est passée ta journée ? Demanda Kalhan.
-Et bien, je n'ai réussi qu'à traquer un maigre cerf dans la forêt. J'ai conservé la poitrine de l'animal et vendu le reste pour cinq pièces, dont trois avec lesquelles j'ai acheté les poissons.
Le silence revint dans la pièce. Le fils tira la casserole de fer du feu, et regarda. Les poissons étaient cuit. Il attrapa une assiette, et y déposa leur repas. Il prit également deux verres qu'il remplit d'eau. Ils mangèrent tous deux dans un silence qui devint de plus en plus pesant.
-Bien, il est tard. Allons dormir. Fit le jeune homme une fois qu'eux deux eurent finit.
-Tu as raison. Lui répondit son père.
Ils se dirigèrent vers la chambre qu'ils partageaient. Chacun dans un lit, ils se roulèrent dans l'unique couverture qu'ils avaient Le père éteignit alors la petite bougie sur la table de nuit commune, et s'endormit. Kalhan n'arrivait pas à trouver le sommeil. L'eau tombait du ciel dans un clapotement redondant, mais néanmoins calme et continu. Le vent soufflait dans un sifflement froid. Tous ces sons nocturne troublait son esprit. En effet, il lui arrivait souvent de ressentir les choses avec une infinie sensibilité. Une étincelle pouvait jaillir de lumière à ses yeux. Un infime son pouvait résonner dans ses oreilles. Et il pouvait pressentir les drames. Son père lui avait un soir raconté que, le jour de la mort de sa mère, le bébé qu'il était n'avait cessé de pleurer, encore et encore, et rien n'y faisait. Il essaya de s'imaginer sa mère, mais son père ne parlait jamais d'elle.

Le lendemain matin, Kahlan se réveilla. Il faisait jour dehors, et son père était parti chassé. En effet, dans l'entrée, la cape de tissu de son père n'était plus là.
Le jeune homme s'habilla, et décida de sortir. Il pleuvait toujours, en cette saison, la saison de pluie et de vent, lorsque les feuilles rougissent et tombent sur le sol. Les gens restaient chez eux, et le paysage du village était vide. Kahlan ressentit alors un vide. Un énorme vide dans le cœur. Il ressentit une grande peur, puis une vague de sentiments inexplicable. La pluie se calmait peu à peu. Il décida de s'enfoncer dans la forêt. Il passa quelques minutes à observer l'écorce des arbres. Puis une dizaine à regarder leur feuilles. Puis une heure à contempler la lumière du soleil qui filtrait à travers le feuillage. Puis deux à scruter l'herbe, et il passa la journée dans la forêt. Il ne se lassait pas de la nature. De la forêt. Et de ses habitants. Le soleil commençait à se coucher lorsque Kahlan remarqua que cela faisait plusieurs heures qu'ils se trouvait entre les arbres, sous la protection de leurs feuilles.
Il commença à se diriger vers le village, lorsque, entre deux arbres, face à Kahlan, une poussière blanche l'aveugle. Cette poussière l'entoura, puis se replaça entre les arbres en une petite sphère. Puis, sous les yeux ébahis du jeune homme, la poussière de cette sphère se réarrangea en une silhouette humaine. Et une voix résonna dans la forêt.
« Kahlan, jeune homme né il y a quatorze années. Toi qui veut voyager. Toi qui veut apprendre. Toi qui veut découvrir. Pars d'ici. Trouve le Sage. Trouve-le, et apprend la magie. Accomplis ton destin. »
La poussière blanche se dissipa alors dans un coup de vent, et le calme de la forêt reprit sa place.
Le jeune homme était tourmenté. Quelle était donc cette apparition si soudaine ? Qui est ce Sage ? Pourquoi lui ? Qui s'adressait à lui ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête. Il ne savait que penser. Devait-il suivre cette apparition ? Ou bien rester au village ? Il marcha dans la forêt, sous le ciel orangé, jusqu'à retrouver sa maison. Il entra dans la maison vide, et alluma un feu avec ce qu'il put. Il remarqua que leur réserves de bois ne tiendrait pas l'hiver. Il attendit, devant le feu chaud et crépitant.
Son père rentra, alors que le froid de la nuit avait envahi le village. Son fils l'accueillit avec un petit sourire, et lui retira sa cape de tissu. Son père s'assit en face du feu, et son fils le rejoignit.
-Mon fils, je suis désolé. En cette saison, je crois que la forêt se vide, et je peine à trouver de la viande. Aujourd'hui, j'ai tenté de traquer une bête qui me semblait bien grosse, mais je n'ai rien trouvé.
Le fils remarqua alors des bulles dans la barbe de son père. Et il remarqua l'odeur d'alcool qui avait envahi la pièce. Il comprit que son père avait passé la journée dans la taverne de la ville voisine. En réalité, il savait que son père passait presque toutes ses journées là-bas. Et chaque soir, il lui mentait en disant qu'il n'avait rien. Kahlan le savait, mais il n'avait pas voulu y croire jusque là. Il le savait, mais refusait de voir la vérité. Mais là, il l'avait vu. Il en avait la preuve. Il réfléchis rapidement, et s'énerva.
-C'est ça, oui … Fit-il.
-Qu'as-tu dit ? Répondit l'homme avec un regard furieux.
-Je ne te crois plus. Je sais que tu passe tes journées à te saouler à la taverne de Selion, la ville qui n'est pas très loin.
-Et alors ?! Ca te pose un problème ?! Explosa l'homme.
-Arrête de me mentir ! J'en ai marre de vivre dans la misère et la pauvreté ! Rétorqua le fils.
-Et que vas-tu faire ?!
-Je pars.
Le père fusilla du regard son fils.
-Tu es donc aussi idiot que ta mère ? Va ! Va-t-en, mais ne reviens pas. Va-t-en, vis dans la rue, dans le froid, mais cette maison ne sera plus jamais la tienne !
-Tant mieux alors ! Qu'il en soit ainsi ! Je ne peux plus supporter de ne rien faire, et de vivre avec toi !
Le jeune garçon passa la porte, et sortit du village, les larmes aux yeux. Il faisait froid, et son souffle était perceptible dans l'air nocturne. Il marchait et marchait, sans savoir où il allait. Il remarqua alors qu'il était dans la forêt. Le soleil commençait à se montrer. La présence des arbres le rassurait. Un renard croisa sa route. De loin, l'animal l'observa, et Kahlan passa son chemin. Il finit par s'adosser à un arbre. Il ferma les yeux, et sombra dans un profond, très profond sommeil.

Le soleil était haut dans le ciel lorsqu'il ouvrit les yeux. Il avait le bras un peu engourdi, et se sentait encore fatigué, mais il marchait. Il finit par arriver à Selion. La ville était entourée d'un mur de pierre. Le jeune homme passa la grande porte ouverte. La ville était agitée. Beaucoup de foule était présente. Les marchands abondaient. Les gens passaient et venaient, parlaient, riaient, achetaient, souriaient. La ville entière semblait radieuse et heureuse. Cela donna le sourire à Kahlan. Néanmoins, il devait se concentrer. Il se mit en tête qu'il devait trouver un travail. Il passait entre les dos et les bras, dans les rues bondées. Les pavés étaient encore humides de la pluie de la veille, mais aujourd'hui, seul le soleil occupait le ciel. Kahlan n'avait jamais connu la vie en ville. Toutes ces odeurs, tous ces sons, toutes ces lumières, il découvrait tout un univers avec une joie immense.
Il entendit alors une voix. « Au voleur ! Au voleur ! Attrapez-le ! ». Un homme sortit de la foule en poussant ceux qui étaient sur son chemin. Sous l'effet de la surprise, la plupart s'écartaient. Kahlan n'eut pas le temps de voir la couleur de ses cheveux ou de ses yeux. Il s'écarta vite et, au moment ou passait le voleur, il se baissa et empoigna sa cheville. L'homme tomba. Par réflexe, Kahlan attrapa le bras de l'homme, qui tenait une fiole contenant un liquide violet, et posa un genou sur son dos. Une femme déboula, dans le cercle que formait la foule autour de Kahlan. Les cheveux dorés, et les yeux verts pâles, elle état habillée d'une chemise blanche, d'un pantalon de tissu noir, et d'une ceinture de cuir sur laquelle se trouvaient plusieurs sacoches de cuir, ainsi qu'un trousseau de clefs. Les gardes arrivèrent au même moment.
-Lâche-le ! Fit un garde en pointant sa lance vers Kahlan.
-Non, arrêtez. Il ne faut pas le punir, mais plutôt le féliciter. Répondit la femme.
-J'ai arrêté ce voleur alors qu'il s'échappait. Fit Kahlan.
-Merci, jeune homme. Fit le garde.
Deux hommes en armures vinrent attraper le voleur, confisquèrent la fiole et la rendirent à la femme. Les gardes emmenèrent le criminel, et la commerçante vint auprès de Kahlan.
-Merci beaucoup, jeune homme. Fit-elle. Venez donc avec moi.
Kahlan suivit alors les cheveux blonds de la marchande jusqu'à atteindre un étalage de potions et de fioles de toutes les couleurs. Derrière l'étalage, Kahlan vit des caisses de fioles sur une charrette, attachée à une mule.
-Alors, beau jeune homme, que veux-tu donc pour récompense ?
-E … Excusez-moi ?
-Et bien, tu m'as rendu service, donc je te dois quelque chose, un service, à mon tour. Alors, que veux-tu ? De l'argent ? Une potion ?
-Et bien, tout d'abord, excusez-moi mais, qui êtes-vous ?
La jeune femme mit ses mains sur les hanches, et prit un air fier, en disant : « Je suis la fameuse Mavyelle, la plus grande alchimiste de la région ! »
-Alchimiste ? Répéta Kahlan. Qu'est-ce donc ?
-L'alchimie est l'art de manipuler des éléments naturels, pour en faire des potions et des élixirs la plupart du temps. Mais on peut aussi échanger d'autres choses, comme des animaux. Une fois, j'ai transformé un cochon en colombe, mais il restait un liquide visqueux bizarre. Bref.
-Impressionnant, et quels genres de potions ?
-On peut faire beaucoup de choses, des potions améliorant la force, la rapidité. Le but des élixirologistes, les alchimistes spécialisés dans les élixirs, est de fabriquer une potion rallongeant la durée de vie.
-Et comment on fait une potion ?
-Chaque alchimiste à sa méthode, mais le principe reste le même.
-Écoutez. Fit Kahlan. Je viens de quitter ma maison. Et, seul, je cherche un travail.
-Et bien tu as frappé à la bonne porte. Tu as l'air d'une curiosité insatiable, et d'une motivation infinie. Si telle est ta demande, le travail ne manque pas chez moi. Je pourrais t'apprendre l'alchimie. Par contre, je préfère te prévenir, je change de ville toute les semaines.
Kahlan sentit l'excitation l'envahir. Ainsi, il s'était trouvé une place. Il allait apprendre une chose qui lui était totalement inconnu : l'alchimie, et il allait voyager et découvrir le monde. Que demander de plus ? Il était heureux. Très heureux.
-Quand pourrais-je commencer ? Demanda-t-il avec un grand sourire.
-Demain. Répondit-elle. Ce soir, nous dormirons dans la maison qu'un noble m'a prêté.

Kahlan passa l'après-midi derrière l'étalage, à observer. Diverses personnes s'arrêtaient pour acheter des potions, et leurs demandes étaient très variées. Mavyelle affichait constamment un grand sourire, mais Kahlan sentait au fil du temps que la femme fatiguait. Le soleil se coucha, et la jeune femme rangea les fioles dans deux sacoches de cuir. Kahlan l'aida, et prit l'une des sacoches. Mavyelle prit l'autre, ainsi que la bourse où elle mit l'argent récolté aujourd'hui. Elle attrapa la sangle de la mule, et la tira pour que l'animal suive.
Ils marchèrent dans les rues un petit moment, rues qui s'étaient dégagées. La foule s'était grandement réduit au fil de la journée. Les gens rentraient chez eux, et le calme prenait peu à peu sa place. La marchande s'arrêta devant une petite maison au murs blancs. Elle attrapa les clefs qui étaient à sa ceinture, et ouvrit la porte. Elle fit alors signe à Kahlan d'entrer.
-Entre et va dans la cuisine, je t'y rejoins, je vais rentrer la mule dans la petite écurie.
Kahlan entra alors. Les murs étaient tapissés de vert, et le sol était fait de bois de chêne. Face à Kahlan se tenait un couloir. Il le parcourut. Quatre pas après être entré, il y avait une porte à droite, donnant sur un salon. Dans celui-ci, Kahlan vit un sofa de soie, devant lequel se trouvait une table de chêne gravé. A droite de la porte, il vit une cheminée dans laquelle une buche se consumait lentement. Trois pas plus après, il y avait une porte à gauche, qui ouvrait sur la salle à manger. Une longue table parcourue par une nappe et des chandeliers. Cinq pas furent fait lorsque Kahlan atteignit le bout du couloir. Deux porte se tenaient là, une en face, et l'autre à gauche. Celle de gauche donnait sur un escalier. Il ouvrit celle d'en face, et découvrit une belle cuisine. L'évier était creusée dans la pierre, et les ustensiles et l'argenterie étaient bien rangés. Les marmites étaient disposées sur un plan de travail en fonction de leurs tailles, et les ustensiles étaient accrochés au mur par des crochets de fer. A sa droite, il remarqua des armoires en bois contenaient beaucoup de différents ingrédients, légumes, viandes, et céréales. A sa gauche, une porte s'ouvrit pour laisser passer Mavyelle.
-Alors, comment trouve-tu cette demeure ? Demanda l'alchimiste.
-Très belle, bien chauffée, et je n'ai pas encore vu l'étage.
-D'accord. Tu m'aide à faire le repas ?
-Bien sûr.
Les deux se mirent aux fourneaux, et ils préparèrent un excellent dîner. Il s'installèrent dans la salle à manger et le dégustèrent.
Pendant le repas, ils discutèrent de beaucoup de choses. Ainsi, Mavyelle apprit que Kahlan est né et a grandit à Cour-en-Eau, qu'il avait quatorze ans, qu'il a vécu avec son père et n'a pas connu sa mère, qu'il s'est disputé avec son père et a quitté la maison. La réponse qui surprit la commerçante fut celle qu'elle entendit lorsqu'elle lui demanda pourquoi il voulait étudier l'alchimie. Le jeune homme lui avait répondu que c'était par curiosité. Il lui a répondu qu'il parcourait le monde pour apprendre et voir de nouvelles choses, et que l'alchimie l'intriguait. Kahlan, quant à lui, appris que Mavyelle était alchimiste depuis quinze années, et était commerçante depuis neuf ans. Elle est originaire d'une petite ville reculée de Heorlas, la terre des hommes. Elle a été formée par un voyageur qui est passé dans cette ville. Elle a parcouru le monde comme étant son élève jusqu'à ce qu'elle ai finit sa formation, et que, une nuit, l'homme l'abandonne. Kahlan sentit la tristesse de la femme aux cheveux blonds lorsqu'elle raconta cette histoire.
Le souper fini, ils montèrent à l'étage. Trois grandes et spacieuses chambres s'y trouvaient. Kahlan ne prêta pas attention aux autres chambres, ni à l'autre porte, et lança un signe à Mavyelle avant de rentrer dans la sienne. Éclairée par une dizaine de bougie disséminées ici et là, la chambre était très grande. A droite de la porte, il y avait un bureau, plusieurs étagères comportant chacune une cinquantaine de livres. Des armoires dans lesquelles on trouvait des vêtements de toutes les origines se trouvaient à gauche de la porte. En face de la porte, au fond de la pièce se trouvait un grand et large lit. A côté de celui-ci se trouvait une fenêtre d'un côté, et un immense tableau de l'autre. Sur ce tableau, on voyait une forêt, en pleine nuit. Les feuilles apparaissaient bleue, l'herbe blanche, et les effets d'ombre et de lumière étaient magnifiques. Kahlan s'allongea, les yeux rivés sur ce tableau. Il sombra dans le sommeil.
La forêt. Il était dans la forêt. Elle était si magnifique. Si belle. Il passait entre les arbres comme le vent. Soudain, une étincelle. La forêt partait en flammes. Des flammes mordantes. Des flammes destructrices. Elle consumaient les arbres comme si ce n'était rien. Et elles se rapprochaient de plus en plus de lui. Mais lorsqu'elles allaient le toucher, tout s'arrêta. Tout devint noir. Tout devint sombre. Il regarda autour de lui, rien. Deux grands yeux bleus s'ouvrirent devant lui. Une flamme les sépara. Une petite flamme rouge orangée, qui les éclaira. Les deux yeux appartenaient à une étrange créature. Des yeux bleus, des pupilles allongées. Des écailles noires et des dents blanches. Kahlan se sentit si petit face à lui. Si faible.
-Kahlan. Humain. Fit une voix rauque.
-Qui êtes-vous ?
-Je suis … Un esprit.
Kahlan ne savait quoi penser. Il avait peur. Très peur. Une gigantesque créature s'adressait à lui. Pourquoi ? Comment ? Il ressentait aussi une certaine excitation. Qui était-il ? Qu'est-ce qu'était un esprit ? Un être tel que celui-ci l'intriguait, et lui semblait très imposant, tant par sa taille que par son charisme.
-Est-il vrai que l'on s'est adressé à vous, petit humain ? Demanda la créature.
-De quoi parlez-vous ?
-Avez-vous vu une apparition ?
-Oui.
Les grand yeux s'ouvrirent un peu plus.
-Sous quelle forme ?
-Une silhouette de poussière blanche.
-Je vois … Et que vous a-t-elle dit ?
-Pourquoi me demandez-vous cela ?
-Parce que c'est l'une des rares choses que je ne sais pas.
-Pourquoi vous le dirais-je ?
-Parce que tu n'es qu'un misérable humain ! Dis moi ce que tu sais !
La bête se leva. Kahlan ne savait pas quoi dire. Il réfléchissais. Et si cette créature était un ennemi ? Il ne doit pas lui révéler ce qu'il sait. Il avait comme un pressentiment. Comme si quelque chose de mal allait se passer.
-Non. Fit-il d'un ton sûr.
-Comment ?!Voudrais-tu mourir ?
-Je ne vous dirais rien. La bête avança sa patte avant.
-Dis moi. CE QUE TU SAIS.
-Non.
-Alors meurs !
La patte puissante de la bête se leva, et allait s'abattre sur le jeune homme lorsqu'une voix retentit. Kahlan se réveilla en sursaut. Mavyelle était là, et agrippait son bras.
-Est-ce que ça va ? Demanda-t-elle d'un air inquiet.
-Je … Je ne sais pas.
-Je t'entendais gémir.
-Je …
Elle l'enlaça.
-Ca va aller mieux. Fit-elle avec un sourire.
-Oui. Répondit le jeune homme en lui rendant son sourire.
La commerçante se leva, et sortit de la pièce.
-Dors bien, on a du boulot demain.
-Oui madame. Répondit-il avec un sourire.
-Appelle-moi Mavy.


Dernière édition par Eden le Sam 31 Jan - 10:09, édité 1 fois
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Eden
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MessageSujet: Re: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 14 Déc - 17:25

Chapitre 2


Les rayons du soleil baignaient les murs tapissés de rouge de la pièce, entrant par l'unique et large fenêtre qui donnait sur la cour. Elle se levait, et enfila les vêtements disposés sur la commode. Une tenue qui laissait libre chaque mouvement. Un pantalon de tissu noir, et de cuir, un dessous de tissu blanc, et un dessus de cuir léger. Sa tenue d'escrime. Elle se regarda dans le miroir. Ses yeux verts comme l'émeraude reflétaient la lumière de l'extérieur. Elle attrapa un peigne, et coiffa ses cheveux ondulés aussi rouges que le feu, qui lui valurent depuis longtemps des moqueries et des remarques. Elle les attacha de façon à ce qu'ils ne la gênent pas, et sortit de sa chambre. Le couloir était long et vide. Seules les flammes incrustées dans les murs de pierre illuminaient l'endroit. La jeune fille se mit à courir dans les couloirs, sans hésiter un seul instant. Les portes se succédaient, sans qu'elle n'en ouvre aucune. Elle descendit les escaliers, puis continuait à suivre les couloirs.
Arrivée devant une porte, elle reprit son souffle. Elle ouvrit la porte et se précipita dans la pièce.
-Une nouvelle fois en retard, mademoiselle. Fit l'homme qui se tenait dans la pièce.
La trentaine, une barbe et des cheveux bruns,
-Pardonnez-moi. Répondit la jeune femme en s'inclinant.
-Vous savez, cela ne me dérange point d'attendre, mais je ne pense guerre que vos parents paient l'un des plus grands maîtres d'armes de la région pour que vous dormiez.
-Je veillerais à ce que cela ne se reproduise pas.
L'homme tendit alors à la jeune fille une rapière.
-Aujourd'hui, nous étudierons le maniement de la rapière, et des lames fines.
Les quelques heures adonnées à l'apprentissage du combat passèrent. Durant celles-ci, la jeune fille écoutait son professeur, puis s'entrainait dans le vide ou sur des mannequins, et enfin face au professeur. Il n'était pas aisé de maîtriser beaucoup d'armes, car chacune demande de longues heures d'entraînement, sans parler de l'adaptation des mouvement, en fonction du poids, de la forme, et de l'utilisation exacte de l'arme. Les mouvements du poignet, ainsi que le jeu de jambes, changeait pour toutes les armes.
Une fois ces heures passées, elle alla se laver. La salle était grande, embrumée par les vapeurs d'eau. Le bain était sous la forme d'un petit étang nourri par une cascade, et l'eau était chauffée par un feu positionnée dans le sol du bain. Elle déposa ses vêtements à l'entrée, et plongea dans le bain. Elle sentit doucement ses muscles se détendre. Elle ferma les yeux. Elle pensait encore aux armes. Les positions de défenses et d'attaques. Le poids de l'arme et la façon de la tenir. Elle commençait alors à penser à ce qui l'attendait. Un bon repas chaud, préparé par les domestiques. Puis elle devrait aller à la bibliothèque, où l'attend un érudit pour étudier les choses du monde. La dernière fois, ils avaient parlé de la manière de voir les choses. Un verre d'eau à moitié rempli est aussi à moitié vide. Un voyageur est un homme qui découvre le monde, ou un simple imbécile n'ayant pas fait d'étude, et ne travaillant pas pour gagner sa vie.
Elle se leva, se sécha, et s'habilla avec une robe déposée par les servantes. Un robe longue, cousue dans de la soie blanche, et décorée avec des petits fils dorés, formant des fleurs et des feuilles. La jeune fille sortit, et, longeant les murs des couloirs, elle finit par arriver face à une porte de bois, peinte en rouge. Elle attrapa la poignée dorée, et la tourna délicatement. Une gigantesque pièce, remplie de parchemins placés dans des cuves des coffres de bois, de livres rangés sur de hautes étagères de chêne, des lanternes accrochées aux murs de pierre, des tables de bois blanc sur lesquelles se trouvaient des piles de livres plus hautes les unes que les autres. Et au milieu de la pièce, en pleine lecture, une femme habillée d'une robe de tissu vert et de chaussures de cuir.
-Bonjour, Madame. Fit la jeune fille.
-Asseyez-vous. Grogna la femme.
Elle tira une chaise, et observa la table. Des livres disséminés ici et là, face à elle, elle trouvait des feuilles blanches, un récipient de verre contenant de l'encre noir, et une plume blanche disposée sur les feuilles.
-Commençons.
La jeune fille prit la plume et la trempa dans l'encre.
-Comme vous devez le savoir, Medium est le centre du continent, il a des frontière commune avec tous les autres pays : Ryllië le pays des elfes, Cader le territoire des Féreads, Grenc la contrée des Ofendaz, et Rnuire la terre des hommes. A Medium, tous peuvent voyager libres et égaux. Les Ofendaz ne sortent jamais de leur pays, et les Féreads restent dans leurs territoires, alors, à Medium, on ne voit que des elfes et des hommes. Medium possède également un frontière avec les Terres abandonnées, et cette frontière est représentée par la Grande Muraille, construite par les hommes il y a de cela dix milles ans. Au centre de Medium, on trouve la Capitale, la ville la plus grande que l'on puisse trouver. Nul ne sait quand elle a été construite, mais elle est accueille environ cent millions de citoyens, une armée de plus d'un million d'hommes et de femmes. La capitale abrite également la palais, où siège le Cercle, regroupant nobles et sages, politiciens et grands chefs militaires, afin de diriger la pays. Ils décident de tous, allant d'une prime pour un petit commerce, à la direction d'une armée. Ils sont vingt, dix elfes et dix humains, pour chaque race cinq hommes et cinq femmes. A la capitale, on trouve également l'académie de Croisade, où sont formés soldats et chefs de guerre. Il y a aussi la guilde de marchands, offrant richesses et ressources à tout le pays, organisant les marchés, finançant les constructions et convois, rémunérant et étant rémunéré par les marchands du pays.
Le cours que donnait la femme fut long, très long. Si long que la jeune fille finit par ne plus y prêter attention. Elle réfléchissait à bien d'autres choses. Qu'est-ce que ce cours lui apprenait ? Ces choses, elle pouvait bien les apprendre en parcourant le monde. C'était son vœu le plus cher. Elle voulait voyager, découvrir le monde, et non pas le lire dans les livres. Voir l'herbe verte, sentir le vent sur son visage, et non pas passer ses journées enfermée, à lire des livres aux pages jaunies par le temps. Être éclairée par le soleil et non pas des torches et des flammes. Elle voulait partir. Depuis longtemps, elle le veut. Mais comment pourrait-elle ? Elle qui est secrètement suivie par les servantes. Elle qui a un emploi du temps si chargé. Comment pouvait-elle décider de partir ?
Elle fut coupée par un hurlement. Son professeur la regardait rageusement, lui hurlant qu'elle devait prêter attention à ce qu'elle lui disait, et à ce qu'elle faisait. Pourquoi « à ce qu'elle faisait » ? Elle remarqua que sa feuille où elle écrivait son cours était recouverte de signes étranges. Pendant qu'elle pensait, elle avait continuer à écrire, des lettres inconnues. Elle avait également renversé le pot d'encre sur la table, salissant ainsi les chaussures de son professeur.
La fureur de la femme mit fin au cours, et la jeune fille put sortir. Elle se promena longuement dans la cour du manoir. La demeure était faite de roche et de larges poutres de bois. Elle était entourée d'un verger, un large terrain d'arbre fruitiers et d'herbe, sur laquelle étaient tombées les feuilles rouges, brunes ou oranges. De l'autre côté, il y avait un immense jardin fait de fleurs et d'herbe, parcourue par un chemin de pavés de pierre. Elle s'assit sur un banc, et regarda le ciel grisé, parsemé de nuages tous plus grands et plus hauts que les autres.
La journée passa vite. La jeune fille observa le ciel se teinter de rouge, puis s'assombrir encore et encore. Elle ne pensait à rien. Elle ne faisait que profiter de l'extérieur, avant que les jours ne se raccourcissent, que le froid n'envahisse l'air, et que l'herbe ne se recouvre de neige.
Le froid de la nuit commençait à se faire sentir, la jeune fille rentra donc. Elle se dirigea vers le salon, et s'assit sur un fauteuil rouge, rembourré de coton, face au feu crépitant d'une cheminée. Elle fixa le feu. L'étincelle dégagées par le bois s'effaçaient sur les briques noires de la cheminée. Le bois léché par les flammes se craquelait en morceaux de plus en plus petits, et sous cette chaleur insoutenable, l'écorce se grisait de cendres. Les flammes bougeaient dans une danse frénétique, que l'on ne pouvait que regarder. La chaleur qui s'en dégageait était si réconfortante. Elle détourna alors le regard vers la fenêtre qui était à sa droite. A travers les carreaux mal lavés, elle aperçut l'astre nocturne, pâle et silencieux. Lorsqu'elle le vit, elle ne put s'empêcher de vouloir le toucher. De vouloir le rejoindre. Elle voulut sortir, et s'enfuir loin, si loin de l'ennui de l'apprentissage. Pourquoi apprendre toutes ces choses sans utilité. Ses leçons d'escrimes lui seraient utiles, et elle perfectionnerait son art du combat sur les bandits et les monstres qui l'attaqueraient sur la route. Les choses des livres seraient à nouveau découvertes par ses yeux. Les mots d'encre sur les pages blanches prendraient vie, mouvement, et parole. Elle ne lirait plus les livres. Elle les vivrait.
Puis vint l'heure du repas. Seule à la longue table, elle mangea un repas auquel elle ne prêta pas attention. Elle finit le repas avant de remarquer qu'elle l'avait commencé. Puis elle alla dans sa chambre, une chandelle à la main. Alors elle s'endormirait, puis se réveillerait le lendemain, irait à sa leçon d'épée, irait prendre son bain, et passerait l'après-midi dans la bibliothèque, parmi les livres, à apprendre des choses sans intérêt en baillant d'ennui. Elle monta les escaliers de pierre, puis marcha le long du couloir, et poussa la porte de bois dans un grincement habituel au gonds de fer. Elle pénétra dans la pièce, et referma la porte sans un bruit. Elle posa la chandelle sur son bureau, et s'assit sur son lit, et contempla les étoiles. Ces petits points de lumière éclairant le ciel. Si lointaines et si belles. Elle se leva, et s'habilla de sa robe de chambre, afin de s'endormir.
Elle se dirigea vers la chandelle scintillante, et souffla sur sa flamme. Elle s'éteignit, et de la fumée s'échappa de la mèche de la bougie en petite vagues grises. La jeune fille se retourna, lorsqu'elle remarqua que la fumée se rassemblait. Elle regarda l'orbe grisâtre, éclairée par la lumière de la lune. Cette orbe se mit à briller, éclairant toute la pièce. Dans cette lumière se dessina une silhouette féminine. La jeune fille ouvrit une armoire et empoigna une fine épée de cour. La lumière déclina, et la silhouette se changea en corps. Une femme habillé d'une tenue de tissu bleu et noir faisait face à la jeune fille. Elle avait des cheveux bruns, et des yeux bleu azur. Sa peau paraissait blanche à la lumière lunaire.
-Quel est ton nom ? Demanda-t-elle dans un murmure.
-Myryan. Répondit la fille aux cheveux de feu. Qui êtes-vous ?
-Je me nomme Wendriel. Si ton nom est bien Myryan, alors tu es celle que je cherche.
-Que me voulez-vous ? Fit la jeune fille, surprise.
-Je sais que ce que tu désire, c'est de découvrir le monde. Je sais que tu veux parcourir les routes, traverser les forêts et découvrir le ciel et la mer. Mais notre monde est dangereux. Je suis là pour réaliser ton rêve.
-Que voulez-vous dire ?
-Viens avec moi. Je te donnerai l'opportunité de découvrir le monde. Je te donnerai le pouvoir de le faire.
-C'est vrai ?
Un sourire se dessinait sur le visage de la jeune fille. Alors, d'après ses dires, elle peut traverser le monde ? Elle peut partir ? Elle peut vivre ? Elle serait donc libre ? Elle pensa que c'était une opportunité à ne pas manquer. Il fallait en profiter. Mais … Qui était-elle ? Et si ses intentions étaient mauvaises ? Qu'adviendrait-il d'elle si elle la suivait ? Comment pouvait-elle savoir ce qui allait arriver ? Elle ne le pouvait pas. Mais elle savait que son quotidien n'était plus supportable. Elle en avait assez de se lever tous les matins, pour vivre la même journée, encore et encore. Elle se dit que, même si c'était mauvais, ça allait la changer, et ça allait changer sa vie. Elle était forte. Elle pourrait le supporter. Elle pourrait le vivre.
-Oui. Viens avec moi.
La femme aux yeux bleus sourit, et lui tendit sa main. La jeune fille avança sa main, tremblante.
Après tout, elle n'avait rien à perdre. A quoi bon vivre, si c'est pour ne rien faire ? Cette femme avait quelque chose à lui apporter. Elle en avait le pressentiment. Elle le savait au fond d'elle. Elle savait aussi qu'elle devrait faire attention. Mais elle pouvait le faire.
Elle se rapprochait doucement, de plus en plus.
La façon dont elle était apparue indiquait qu'elle était magicienne. Elle avait entendue beaucoup de choses sur la magie. Comment elle pouvait corrompre le cœur, et brûler l'âme. Elle savait également que l'apprentissage de la magie chez les humains était interdit par le Cercle. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. Mais, grâce à cette femme, elle pourrait gagner du pouvoir. Avec le pouvoir, elle pourrait faire ce qu'elle voudrait. Elle serait libre. Elle serait heureuse. Elle apprendrais la magie. Elle l'avait décidé. Elle savait que ce serait dangereux et difficile, mais elle pourrait le faire. Elle pourrait être mage. Elle serait mage. Elle serait la meilleure mage. La plus puissante de tous. La plus grande magicienne jamais connue. Elle aurait le monde entre ses mains. Elle éradiquerait le mal de cette terre. Plus jamais aucune guerre ne serait déclenchée. Plus personne ne serait assassiné. Plus de sang ne serait versé pour une cause perdue, ou à cause d'une folie sans nom. Elle serait celle qui ferait du monde un endroit de paix et de prospérité. Plus personne n'aurait peur. Le monde serait heureux. Oui. C'est ce qu'il fallait qu'elle fasse.
Alors elle empoigna la main de la femme. Et dans un éclair de lumière, elle disparurent toutes les deux, laissant la fumée de la bougie se dissiper dans la pièce. Le silence remplit la salle, et le calme reprit sa place.
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MessageSujet: Re: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 14 Déc - 17:26

Chapitre 3


La journée commençait bien. Un bon repas avait remplit le ventre de Kahlan, et il avait put prendre un bain. Avec Mavy, ils étaient partis en dehors de la ville. La formation en alchimie de Kahlan avait débuté. « La base de l'alchimie est la récolte des ingrédients. Nous commencerons donc par là. Ces prochains jours, je vais t'apprendre à reconnaître et récolter les herbes et les ingrédients nécessaires à l'alchimie. ». Voilà les mots exacts de la marchande.
Ils étaient maintenant en route pour la forêt, car c'est dans la forêt que poussent la plupart des herbes et ressources de l'alchimie. Avant de partir, Kahlan avait attrapé un livre contenant une liste des principales herbes que l'on trouve dans les forêts, et l'avait feuilleter. Il avait appris que l'eferias était efficace contre le poison, l'adexer contre la brûlure, et le salerin contre les maladies. Tous poussent dans les buissons ou entre les brins d'herbe, en petit groupe des quatre ou cinq herbes.
Ils marchaient entre les arbres, à l'air frais. A l'ombre des feuilles poussaient tellement d'herbes différentes. Mavy sortit une faucille de sa sacoche, et se pencha pour faucher une herbe. Elle la tendit ensuite à Kahlan. La tige de l'herbe était longue et fine, et très claire, entre le blanc et le jaune. Au bout, il y avait un bourgeon, jaune également, totalement fermé.
-Cette herbe est sûrement la plus importante en alchimie. C'est de la leodoras. La plupart des herbes et ressources ont des propriété intéressantes, certes, mais peu puissantes. La leodoras permet d'amplifier l'effet d'une potion. Personnellement, toutes mes potions en contiennent.
-Et comment on la reconnaît ?
-C'est simple. Sa tige est longue et fine, et plus claire que l'herbe. La leodoras pousse là où il y a de l'herbe, et est plus grande que celle-ci généralement, alors on la trouve plutôt facilement. Et puis, au bout de la leodoras, il y a un bourgeon. Au printemps, les fleurs éclosent et remplissent les plaines des fleurs blanches comme la neige.
Mavyelle sortit une seconde serpe, et la donna à Kahlan.
-La faucille est l'outil premier de l'alchimiste. Fit la commerçante.
-Comment s'en sert-on ?
-Comme ceci.
Elle s'accroupit, et attrapa une pousse de leodoras. Elle la tendit, sans la rompre.
-Tout d'abord, tu place le côté tranchant de l'outil derrière la tige. La tige doit être bien tendue, sinon la coupe sera mal faite, et le bout de la tige ne sera pas droit. Puis tu ramène la faucille vers toi.
Elle ramena la lame vers elle, et coupa d'un trait la plante.
-A ton tour. Fit-elle en souriant.
En s'appliquant le plus possible, il trouva une pousse de leodoras, plaça sa lame derrière la tige, et, tendant la pousse, ramena sa lame vers lui, coupant la plante d'un seul trait.
-Remarquable ! Fit Mavyelle, surprise. Avoir un aussi bon coup de main dès le début, c'est pas commun !
-Je ne vois pas ce qu'il y avait de très difficile.
-Ca l'est pour beaucoup, je te félicite.
Ils passèrent la matinée à récolter différentes plantes, jusqu'à ce que la commerçante ait faim. Ils rentrèrent donc à Selion. Ils se dirigèrent vers la première auberge qu'ils purent trouver. Les rues étaient bondées de monde, tous allant à des endroits différents, marchant, courant, discutant, achetant, marchandant. Tous semblaient avoir leur place. Kahlan était toujours aussi émerveillé devant ce spectacle vivant. Il arrivait parfois à mémoriser chaque visage, chaque expression, et à imaginer la vie de chaque personne, tout cela en quelques secondes.
Ils entrèrent tous deux dans l'auberge. Animée et joviale, la taverne était remplie de clients tous plus joyeux. Quelques piliers en bois venaient du plafond vers le parquet de chêne tâché d'alcool. Les tables posées ici et là étaient remplies de chopes et d'assiettes, entourées par des chaises sur lesquelles étaient assis tellement de personnes différentes. La grande salle était illuminée par quelques lustres pendus au plafond, disposant de bougies. Les deux serveuses passaient entre les tables, deux plateaux sur les mains. Elles avaient un travail fatiguant, et pourtant, elles semblaient si heureuses. Le chef était dans l'arrière cuisine, derrière le bar tenu par un petit homme dont le visage était flétri par le temps. Tout ce monde semblait si radieux et comblé. De la cuisine venait des délicieuses odeurs de plats commandés par les personnes présentes, et préparés par le talentueux cuisinier, alors croulant sous les commandes.
Ils avancèrent, se frayant un chemin parmi la foule de clients, et finirent par arriver, difficilement, au bar. Là ils rajoutèrent une demande au cuisinier, et la commerçante demanda une chope d'alcool, Kahlan ayant refusé une dose de ce breuvage troublant. Il s'assirent à une table dans le coin au fond de la salle, isolés du reste de la foule.
-Alors, as-tu apprécié notre petite récolte ? Demanda Mavyelle.
-C'était très enrichissant. Répondit le jeune homme. J'ai appris une dizaine de propriétés de plantes, et comment les récolter.
-Bien, cet après-midi, nous irons à l'atelier, avec les herbes que nous avons récolté, nous allons faire quelques potions. Pour le moment, c'est l'heure de … Manger !
-Ce genre d'endroit est vraiment rempli de monde. Dit Kahlan.
-C'est normal, c'est l'heure à laquelle la plupart des gens ont faim. Les ouvriers ou les marchands viennent ici lorsqu'il est l'heure, le plus souvent en tout cas.
-Et cette ville est vraiment très animée.
-Pas beaucoup, la capitale l'est bien plus, mais c'est vrai que cette ville est plus animée que d'autres, c'est la dernière ville où passent les grandes routes vers la capitale, qui se trouve en Rnuire.
-Oh ! C'est vrai ? Au fait, quand partons-nous ?
-Je pense que nous partirons demain matin.
-Et où irons-nous ?
-A Rovalle. La route est longue, alors il faudra faire attention.
-Où est Rovalle ?
-Pour le moment, nous sommes en Rnuire, à Selion, bien au sud de la Capitale. Rovalle est au sud-ouest de la Capitale. Nous passerons par Nask et Longonn.
-Pourquoi ne pas s'arrêter une semaine dans ces villes ?
-Parce que ces villes sont petites, on n'y passera qu'une journée. On ne vendra rien, on pourra peut-être visité un peu.
-Vraiment ? Génial !
Ils se mirent tous deux à rire, et alors leur repas arriva. Mavyelle avait commandé une côte de bœuf, accompagné de pommes de terre, et Kahlan avait demandé du poulet et du riz. Le plateau d'argent de la serveuse contenait les deux assiettes d'où s'échappaient la fumée chaleureuse de la nourriture, ainsi que la chope de la commerçante. Ils mangèrent, et pendant ce festin, l'étrange rêve de Kahlan tourmentait son esprit. Cette bête aux yeux bleus … Qui était-ce ? Pourquoi donc était-il là ? Que lui voulait-il ? Pourquoi donc s'intéressait-il à cette apparition ? Tant de questions se bousculaient, embrumant ses pensées d'un voile indéchiffrable de mystère.
-Viens. Fit soudainement Mavy, faisant sursauter Kahlan.
-Où ça ? Demanda le jeune homme, intrigué.
-Il est temps de faire de l'alchimie !
Ils bondirent tous les deux de leur chaises, et se dirigèrent vers la sortie, offrant au passage la dizaine de pièces dut au repas préparé. Dans les rues remplies par le peuple, il était difficile de marché, mais ils réussirent malgré tout à arriver à la maison prêtée par le noble à l'envoûtante Mavyelle. Ils entrèrent dans l'écurie. La paille recouvrait presque totalement le sol de pierre, et les piliers apparents soutenaient la charpente de la maison. La mule dormait paisiblement dans un ronflement monotone, soulevant à chaque reniflement la poussière et la paille. Deux grandes gamelles d'eau étaient placées à côté de l'animal, à sa disposition. Au fond de la salle où les pas se faisaient entendre, Kahlan vit une porte, qu'il reconnut comme étant celle qui donnait sur la cuisine. Il remarqua à côté de celle-ci un escalier menant plus profondément dans le sol. Ils descendirent les marches une par une, jusqu'à arriver à une porte, que Mavyelle ouvrit à l'aide de son étincelant trousseau de clefs.
La porte grinça sur ses gonds, laissant entrer les deux personnages dans une pièce sombre et humide. La marchande alluma une lanterne sur le mur, puis une autre, puis toutes les autres. Au milieu de la pièce, une table éclairée par une chandelle sur laquelle se tenaient une dizaine de livres entassés les uns sur les autres. Et, fixé à un mur, une longue planche de bois sur laquelle étaient disposés des plantes, des bol de bois, des fioles de verre vides, des couteaux, des morceaux de bois, et des bocaux conservant hors du temps différentes plantes, ressources et objets.
-Bien ! Commençons ! Fit énergiquement Mavyelle dans son propre écho.
Les heures suivantes furent longues et difficiles. Le maniement des petites lames telles que les couteaux ou les scalpels fut pour Kahlan un vrai jeu. Bien qu'il lui arrivait de se couper le bout des doigts, le jeune homme trouvait amusant de couper en tout petit morceaux les plantes récoltés, puis des les mettre dans un bol avec un fond d'eau, et de les écraser avec un morceau de bois taillé. Il fallait ensuite faire chauffer la mixture, et faire cela pour chaque plante.
Mais la partie la plus amusante, c'était le mélange. Le jeune homme aux yeux gris clairs trouva surprenant la façon dont la concentration d'une plante ou d'une autre pouvait changer totalement l'utilisation. Si il mettait trop d'une plante, alors le colorant se transformait en acide. Si il en mettait trop d'une autre, la potion contre le poison en devenait un elle-même. Après avoir mélanger les mixtures, il fallait rajouter de l'eau, pour que cela devienne liquide, puis il fallait rajouter des épices, du sel, de la menthe ou du sucre pour que le goût soit supportable. Et enfin, il fallait faire bouillir le tout, et laisser refroidir dans une fiole.
Mavy passa l'après-midi à montrer les différents mélanges de base qu'ils pouvaient faire avec leur récolte. Ils s'amusèrent à préparer une vingtaine de potions différentes, sans jamais s'en lasser un seul instant. Les fioles vides se remplissaient au fil du temps, et les ustensiles se salissaient à mesure que les liquides remplissaient la verrerie.
Et lorsque la faim étreignit leur estomacs, les deux alchimistes furent obligés d'arrêter leur jeux, pour remonter à la lumière fatiguée du soleil. Ils mangèrent dans la maison, au calme. Ils se préparèrent leur repas, du porc avec des légumes, et comme ce serait leur dernière nuit dans la maison du noble, ils préparèrent des morceaux de pommes et de poire qu'ils firent cuir et revenir avec du sucre et quelques graines de café. Ils ne savaient pas quel goût cela aurait, mais ils voulaient essayer, probablement des restes du désir d'expérimenter des alchimistes.
Après avoir cuisiné, ils s'assirent à table, et discutèrent de leur après-midi dans l'ombre, à faire des potions de toutes sortes, tout en mangeant leur délicieux repas. Ils montèrent les marches, et dans le silence, ils se sourirent en se souhaitant bonne nuit.
Kahlan se coucha, éteignant l'unique bougie dont la flamme ne pouvait pas réchauffer la pièce. Il admira le magnifique tableau de la Forêt bleue, puis ferma lentement les yeux. Ses muscles se détendirent doucement, son souffle se ralentit pour gagner un rythme fatigué. Ses pensées divaguèrent ici et là. Il pensait encore à toutes ses expérimentations. Cette première journée avait été … Magique. L'alchimie était pour lui un art à découvrir, plein de merveilles et de surprises. De difficultés et de subtilités. Un art extraordinaire.
Il s'endormit, sans s'en rendre compte. L'ombre remplit ses pensées. Le vide. Le sommeil reposait ses yeux, son corps et son esprit. Mais le sommeil ft vite troublé par des images. Du sang, des larmes, de cris. Le feu consumait des villes entières, et le chaos s'étendait sur tous ce qui vivait. Aux pieds du jeune homme, une silhouette féminin. Dans une marre de sang. Puis le noir complet. Une voix se fit entendre. « Si tu ne fais rien, voilà ce qu'il se passera. Trouve le Sage. Trouve le Sage et combat pour la survie du monde. » Kahlan était bien troublé. Il ne savait pas quoi penser. Qu'était-ce ? Dans quel but ? Pourquoi lui ? Est-ce que c'était vrai ? Ca allait réellement se passer ? Dans ce cas, il fallait le trouver. Qui était ce « Sage » ? Qu'allait-il lui apprendre ? Cette personne aurait sûrement des réponses. Alors il fallait que Kahlan le trouve. Mais il ne pouvait pas laisser Mavyelle comme ça. Il ne pouvait pas la laisser juste après avoir commencé. Alors il resterait avec elle. Elle était son professeur, et son amie. Il devait rester avec elle. Il ne pouvait pas l'abandonner, et il ne le voulait pas.
« Si tu n'y vas pas, tout le monde mourra. » Cette voix rauque, il l'avait déjà entendu. Oui … Il savait qui c'était. Mais il espérait se tromper. Il se retourna, et fit face aux deux grands yeux bleus. Il sentait le souffle chaud de la bête venir jusqu'à lui.
-Qui es-tu ? Demanda Kahlan, sûr de lui.
-Tu es mon humain, soit en honoré, insecte, car mon nom est Irsfyhr.
-Qu'est-ce que ça veut dire ?
-C'est plutôt long à expliquer. Pour faire simple, un esprit est un être supérieur aux humains, misérable créature. Et je ne suis pas à ta disposition, créature immonde. Je t'interdis de me poser des questions.
-Pourquoi moi ?
-Parce que ton destin est plus grand que tu ne le crois. Maintenant, arrête de parler, ou tu le regrettera.
-Quel est mon destin ?
-La ferme !
La bête soufflait plus fort, et ses griffes se levèrent, lorsque Kahlan se réveilla. Le jour était levé. Encore une nuit pleine de confusion et de mystère … Il se leva, repensant aux images horribles qui étaient venues l'assaillir cette nuit. Il sortit de la chambre, descendit les escaliers, et salua de la main la marchande blonde, qui était en train de préparer du pain et des fruits, avec du lait. Elle le salua en retour.
-Tu as bien dormi ? Demanda-t-elle.
-Oui, et toi ? Répondit le jeune homme.
-Très bien.
Ils mangèrent, alors que Mavy parlait de son rêve. Un lac bleu sous la pâle lueur de la lune, scintillant toute la nuit, au milieu d'une forêt. Tout était calme, lorsque l'eau l'avait absorbé, et elle s'était noyée. Tout avait été très lent. Et alors elle s'était réveillée.
Ils mangèrent, puis Mavyelle alla préparer la mule, alors que Kahlan rassemblait toutes leurs affaires. Ils attachèrent les derniers sacs à la charrette, et Kahlan poussa la lourde porte de la grange. L'animal et sa maîtresse avancèrent dans la rue, où le peuple naviguait librement. Il se frayèrent un chemin jusqu'à la sortie de la ville. Le soleil était haut dans le ciel bleu parsemé de nuages blancs. Ils sortirent donc de la ville, sous le bruit incessant de la foule, et le grincement du bois de la charrette lourdement chargée.
-Comment s'appelle-t-elle ? Demanda Kahlan en regardant la mule, après avoir quitté le bourdonnement de la foule.
-Je l'ai appelé Felgann, elle est mon amie depuis l'enfance. Répondit énergiquement la commerçante.
-Je vois … Et bien, tous le trois, en ce jour radieux, nous allons à Nask !
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MessageSujet: Re: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 1 Fév - 14:44

Chapitre 4


La route était longue. Voilà plusieurs heures que Kahlan et Mavyelle marchaient à côté de la charrette tirée par Felgann, et ils ne voyaient toujours pas Nask. Il marchaient le long de la route. Des deux côtés, des plaines d'herbes à perte de vue. Le soleil était haut dans le ciel, et la fatigue commençaient à les affaiblir. Ils avaient chaud, mais de temps à autre, le vent frais venait les aider dans leur périple.
Lors du passage de la frontière entre Medium et Rnuire, Kahlan avait éprouvé une certaine excitation. Après tout, c'était la première fois qu'il sortait du pays. Il découvrait un monde nouveau. En cette saison, dans son village, le soleil ne se montre presque jamais, et c'est toujours les clappements que faisaient les gouttes d'eau tombées du ciel sur le sol qui rythmaient leur journée. Là, le soleil était beau et chaud, le vent était frais et doux, et l'herbe était verte et ondulante sous le désir du vent.
Ils n'avaient encore croisé personne depuis leur départ, mais cela ne les inquiétait pas, car ils savaient que peu de marchand voyageaient sur ces routes en cette période de l'année.

Après plusieurs arrêts, et ayant marché tout au long de la journée, ils finirent par apercevoir les fortifications de l'imposante ville, sous un soleil orange vif. Ils arrivèrent face aux immenses portes de bois et de fer. Elles étaient encore ouvertes, mais elles ne tarderaient pas à se fermer. Ils naviguèrent dans les rues presque vide, sans savoir où aller. Des banderoles de toutes les couleurs étaient accrochées dans les rues. Ils gagnèrent difficilement une auberge équipée pour les recevoir, eux et leurs marchandises, laissant Felgann aux écuries. Dans la salle se faisaient entendre quelques discussions des clients disséminés ici et là dans la pièce, assis à des tables de bois ou sur des tabourets, au bar.
-Bienvenue à vous ! Voici la Chope de Dieu ! Fit l'homme au bar. Je suis Almer, le propriétaire de ce joli petit commerce. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Demanda-t-il.
Kahlan l'analysa. Des cheveux et des yeux bruns, le teint rosé qui indique sa bonne santé, son sourire illuminé et ses vêtements de bonne facture. C'est un noble, ou alors c'est un honnête bourgeois gagnant bien sa vie. Kahlan pencha plutôt pour la deuxième option, car il savait que les nobles considéraient le peuple comme des chiens
-Nous souhaitons dîner et passer la nuit. Répondit Mavyelle sans expression précise sur le visage.
-Avec joie ! Répondit aussitôt l'homme.
Il attrapa une clef dorée, accrochée à un présentoir à crochets, et la lança à Mavy qui l'attrapa agilement. En échange, la jeune femme lança une petite bourse au propriétaire, contenant la somme adéquate pour le repas et la chambre. Elle s'assit à table, suivie de Kahlan. Almer vint alors les rejoindre.
-Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ? Fit-il.
-Pourquoi cette question ? Répondit la jeune femme.
-Tout simplement parce que vous avez l'air fatigué, comme si vous aviez marché de longues heures, et vous avez le teint pâle, vous venez de Rnuire, c'est ça ?
-Décidément, on ne peux rien vous cacher.
« Papa ! »
L'homme se retourna, pour voir arriver une petite fille d'environ cinq ans, aux cheveux bruns, et aux yeux bleus, habillée d'une petite robe rouge, et un grand sourire sur le visage. Dans ses mains, elle tenait une petite fleur blanche, qu'elle tendit à son père avant de regarder les deux inconnus qui se présentaient devant elle.
-Voici Falind, ma fille. Fit-il avec un sourire.
-Impressionnant, elle vous a trouvé une qlakwan, une fleur des anges. Elles sont très rares.
-Vous … Vous êtes alchimistes ? Demanda Almer, surpris.
-En effet, j'en déduis que vous aussi, je me trompe ?
-Je suis bien alchimiste, depuis maintenant six mois.
Les deux voyageurs furent surpris. Mavyelle alla commander, puis s'en suivi une conversation parlant d'alchimie, de manière de tenir les instruments et de préparer élixirs et potions. La façon de récolter les herbes et de les préparer, et les infinies possibilités de mélanges et expérimentations. Le repas arriva, et ils continuèrent à parler.
Durant toute la conversation, la petite Falind regardait Kahlan, et lorsqu'il la regardait à son tour, elle détournait le regard. Il se demanda ce que l'enfant pensait, pourquoi elle le regardait. Les deux adultes ne semblaient ne rien remarquer, continuant leur discussion enflammée, à débattre de ce qui était le mieux en alchimie.
-Il est l'heure pour toi d'aller dormir. Fit Almer à sa fille.
-Oui. Répondit-elle dans un bâillement.
Le père et sa fille se levèrent, et partirent. Almer revint quelques instants quelques instants plus tard, puis se remit à discuter avec la commerçante. Les heures passaient, et l'envie de dormir de Kahlan s'amplifiait. Il baillait de plus un plus fréquemment, et il sentait ses paupières s'alourdir de plus en plus. Lorsque Mavyelle remarqua que son disciple commençait à s'endormir, elle bondit de la table, faisant sursauter le jeune homme tout déboussolé, ce qui fit beaucoup rire les deux adultes.
-Il est temps d'aller dormir je crois, n'est-ce pas Kahlan ? Fit Mavy avec un sourire en coin.
-Très drôle. Répondit le jeune homme avec un air bougon.
-Sans parler de la journée qui vous attend demain, si je ne me trompe pas. Ajouta le propriétaire du bâtiment.
-De quoi parlez-vous ? Demanda Kahlan.
-Vous n'êtes pas au courant ? Demain se tient le Grand Carnaval de Nask, l'évènement le plus important de la ville, qui a lieu une fois par an. Aux festivités, la journée, des soldats, des dompteurs et autres personnages défileront dans toute la ville, quantités de boutiques seront ouvertes. Le soir, il y aura un buffet autour d'un grand feu, puis il y aura plusieurs spectacles. Ma fille et moi, on ira regarder le défilé avant d'aller écumer les boutiques, on participera au buffet et on ira à un spectacle de magie. Vous voulez venir avec nous ?
-Pourquoi pas ? Fit Mavy. Ca te tente ? Dit-elle en regardant le jeune homme.
-Ce serait avec plaisir.
-Alors c'est décidé. Retrouvons nous devant l'auberge demain midi. Fit Almer. Pour l'heure, allons dormir.
Alors il partit. Mavyelle et Kahlan se levèrent, et montèrent les escaliers de bois. Ils se dirigèrent vers la chambre 203, numéro indiqué sur la clef. Ils l'ouvrirent et y pénétrèrent. L'absence de lumière embrumait la pièce d'un voile d'obscurité. Malgré tout, Kahlan réussit à discerner un grand lit, un canapé, et une petite table sur laquelle se tenait une chandelle éteinte. Mavyelle alluma la chandelle avec l'une des torches qui se trouvait dans le couloir, puis s'assit sur le canapé. Kahlan la regarda.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda la jeune femme. Un problème ?
-Pourquoi tu te pose sur le canapé ?
-Je vais dormir là, toi, tu prend le lit.
-Non, ne t'inquiète pas, prend le lit, je prend le canapé.
-Hors de question, je prend le canapé, tu prend le lit, car c'est moi ton professeur et tu fais ce que je te dis.
-Si tu insiste … Fit Kahlan avec une mine fatiguée. Ne t’énerve pas.
Les deux voyageurs se couchèrent sur leur endroits respectifs, et s'endormirent après que Mavy ait éteint la bougie. C'était étrange. Une nouvelle ville, un homme bien chaleureux, sa fille toute souriante. Que lui voulait-elle ? Pourquoi le regardait-elle ainsi ? La journée de demain s'annonçait grandiose. Kahlan sentait l'excitation monter en lui. Mais il devait dormir. Il réprima avec difficulté cette vague d'émotion, et pensa au sommeil, à la fatigue accumulée aujourd'hui, lors d'une marche qui semblait interminable. Il pensa à ce que le sommeil lui apportait. Allait-il revoir Irsfyhr, son « esprit » ? Tant de questions le tourmentaient.
Il s'endormit. Et dans la pénombre, deux grands yeux bleus se dessinèrent. Puis les écailles de la bête se montrèrent, dessinant son corps grand et robuste.
-Salut. Fit Kahlan.
-Ne me parle pas, misérable humain. Tu m'es inférieur, pourquoi parlerais-je à un insecte ?
-Tu es bien présomptueux. Pourquoi pense-tu que les humains te sont inférieur ?
-Tais-toi vermine. Les esprits sont grands, et les humains sont minuscules. Regarde-toi, minable que tu es.
-Je ne suis peut-être pas grand et fort, mais je ne suis pas ton ennemi. Pourquoi ne serions-nous pas amis ?
-Amis ? Laisse-moi rire, tu n'imagine pas que je vais devenir ton ami. Pourquoi ? Qu'est-ce que cela m'apporterais ? Tu es faible, et je suis fort. Alors va-t-en. Je n'ai pas besoin de toi.
La bête se leva, se retourna, et se recoucha. Kahlan put alors admirer les imposantes ailes de Irsfyhr, ainsi que sa fine queue. Kahlan se rapprocha de lui.
-Va-t-en, vermine ! Ou tu tâtera de mes griffes !
-Pourquoi me tuerais-tu ?
-Tu es faible, et je suis fort. Tu me dois le respect. En ce moment, je me repose, car je viens de me réveiller. Mais bientôt, ton corps sera mien.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
La peur étreignit le jeune homme. Que voulait-il dire ?
Kahlan se réveilla en sursaut, ce qui surprit Mavyelle, qui était en train d'observer la rue depuis la fenêtre.
-Et bien, tu as fait un cauchemar ? Demanda-t-elle.
-On peut dire ça, oui.
-Il est presque midi.
-Quoi ?! Mais nous devions rejoindre Almer à cette heure !
-Exactement, va prendre un bain, et rejoins moi en bas.
Kahlan bondit du lit, et fila dans la salle de bain commune aux chambres. Il fit couler l'eau, se déshabilla et y plongea. L'eau était fraiche, ce qui paralysa quelques secondes le jeune homme. Il en ressortit quelques minutes plus tard, après s'être convenablement lavé. Puis il se rhabilla. Il remarqua que ses vêtements étaient sales, mais il n'en avait pas d'autres. Il descendit les escaliers à toute vitesse, et rejoignait Mavyelle qui discutait avec Almer, accompagné de Falind.
-Bonjour ! S'écria la fillette lorsqu'elle vit le jeune homme.
-Bonjour. Répondit-il avec un grand sourire.
Ils se mirent en route. Ils marchaient dans les rues, parmi la foule. Les pavés gris soutenaient les pas des personnes aux visages heureux. La fille tenait la main de son père, et derrière eux marchaient Mavyelle et Kahlan.
-Le défilé va bientôt commencer, il débutera au manoir Etsel. On va aller sur la grande place, juste en face de l'entrée du manoir.
-Qu'est-ce que c'est, le manoir Estel ? Demanda Kahlan.
-La demeure de la famille Estel, une famille de nobles qui dirige la ville.
Ils arrivèrent à la Grande place, un gigantesque parvis, ayant un fontaine à son centre, taillée dans la pierre en forme d'une nymphe tenant une jarre d'où coulait l'eau. Le manoir trônait sur la ville. Le toit en triangle, les murs de pierres et les poutres apparentes, et la grande porte de bois. Le bâtiment se montrait sur quatre étages, et en une dizaine de salle en façade. L'une d'entre elle donnait sur un balcon. Le grillage qui délimitait la propriété empêchait de voir le reste du manoir. A côté de la demeure, une immense grange de bois, à la porte fermée. La foule commençait à s'attrouper, en laissant vide le tapis rouge, sur lequel devaient passer les membres du défilé. La petite troupe réussit à se frayer un chemin, jusqu'à avoir le tapis rouge à leurs pieds. Un énorme bruit retentit, calmant la foule. Sur le balcon de la façade sortit un homme grand et enrobé. Derrière lui, une femme qui tenait la main d'un petit garçon.
-Peuple de Nask ! Fit l'homme. Je suis Deron Estel, marquis de Nask et de ses alentours. Derrière moi se tiennent ma femme, Marianne Estel, et notre fils, Fable Estel. Nous sommes heureux aujourd'hui de vous annoncer le début du grand Carnaval de Nask !
Les portes de la granges s'ouvrirent alors. Les parade commençait sous les yeux étincelants de la foule. Des soldats habillés d'armure scintillantes, dorées, argentées, ou teintées de toutes les couleurs. Ils avaient dans leurs mains des armes ornées noblement, qui reflétaient les rayons du soleil. Les soldats avaient l'air fiers et heureux de participer à cet événement. Kahlan sentit l'excitation des hommes et des femmes en armure, qui paradaient avec joie devant une foule de gens qu'ils avaient le devoir de protéger. Car après tout, s'ils étaient devenu soldats, c'était pour protéger le peuple. Ils marchaient au rythme des trompettes et des flûtes.
Les hommes et les femmes habillés dans des tissus de toutes les couleurs s'amusaient à jongler avec des bouteilles vides ou des balles, à cracher du feu ou marchaient au rythme de leur tambours, sous les banderoles colorées. Kahlan se demandait comment les hommes faisaient pour cracher du feu, ou jouer avec tant d'habilité, et il se dit que c'était surement le fruit d'un long entrainement. Il se mit à admirer ces gens qui s'étaient donné tant de mal pour rendre possible ce défilé. Ces gens qui étaient heureux, et qui profitaient d'une vie de spectacles et d'amusement.
Mais ce qui surprit le plus le jeune homme, c'était les hommes et les femmes qui volaient dans les airs. Ceux qui formaient des formes d'animaux ou d'armes avec les flammes brûlantes. Ceux qui manipulaient l'eau pour la transformer en glace et formant une poussière lumineuse qui tomba comme la neige de l'hiver. Ceux qui faisaient pleuvoir sur les gens des fleurs et des pétales de toutes les couleurs. Comment faisaient-ils ? Comment pouvaient-ils manipuler la nature ainsi ?
Tout à coup, les pensées heureuses laissèrent la place à ses apparitions étranges. Il devait trouver le Sage. Pourquoi donc pensait-il à cela ? La magie … C'était une chose qui l'intriguait au plus haut point. Comment ? Pourquoi ? Trop de questions le tourmentait pour qu'il puisse en connaître une seule. C'était comme une vague d'interrogations, sans en connaître la cause, le sens, ou même le contenu. Le défilé se termina, et la foule se dispersa. Almer, Falind, Kahlan et Mavyelle se dirigèrent vers les rues commerçantes.
Ils allèrent dans une boutique de bijoux. La boutique était grande, dans un bâtiment aux murs de bois et de briques. Beaucoup de gens étaient là pour admirer les objets de l'artiste qui tenait ce commerce. Les vitrines présentaient divers bijoux, tels que des bracelets, des colliers, ou des bagues. Kahlan se questionna sur la façon dont les pierres étaient taillées. Il demanda à Mavy, qui lui répondit « L'homme regarda la pierre, l'étudie. Puis il l'effleure d'un doigt. Puis il la fixe et la regarde, et d'un seul coup, elle a la forme qu'il voulait. ». Puis elle se mit à rire. Kahlan fit un air renfrogné, puis se mit à rire à son tour. La fillette alla chercher son père, et le tira impatiemment jusqu'à l'une des vitrines, dans laquelle se trouvait une bague ornée d'une pierre rosée. Almer accepta joyeusement d'acheter ce petit bijoux à sa fille, qui afficha un large sourire.
Ils quittèrent la boutique, et se rendirent dans une librairie. N'ayant pas la même forme, la boutique avait pourtant la même allure que la précédente. L'odeur de papier et de poussière était omniprésente. Peu de personnes étaient présentes. Almer et sa fille firent rapidement le tour, alors que Mavyelle se dirigea directement vers les rayons concernant l'alchimie. Kahlan navigua au hasard enter les étagères. Il posa la main sur un livre, qu'il tira d'entre les autres.

« Voyage à travers le monde
Par le Sage.

Je suis un voyageur. J'ai parcouru le monde, je l'ai vu en entier. Aujourd'hui, le temps m'a rattrapé, et il détruit mon corps. Je sens mes forces me quitter au fil du temps, et ma fin ne doit plus être très loin. Alors je décide d'écrire ce livre, car mon savoir et ma passion se doivent d'être partagé. Aujourd'hui, en ma soixantième année, je ne peux plus profiter de ma vie comme je le faisais. »


-Kahlan ?
Mavyelle regardait Kahlan.
-On y va. Tu … Tu veux ce livre ?
-Non merci, ça ira.
Kahlan reposa le livre à sa place.
-Et toi, tu as vu quelque chose ?
-Oui, je vais prendre ce livre, il y a plein de recettes d'alchimie.
Ils se dirigèrent vers la sortie, offrant les quelques pièces dues pour le livre. Ils se dirigèrent ensuite vers un marchand d'armes. La boutique était emplie de guerriers plus armés et plus grands les uns que les autres. Chacun semblait avoir vu son lot de combat et de sang. « Pourquoi donc continuer à vouloir verser le sang, lorsqu'on y a gouté ? » se demanda Kahlan. Les armes étaient toutes plus grandes, plus lourdes, plus tranchantes. Kahlan ne voyait pas vraiment l'intérêt des armes. A quoi bon se battre ?
Ils sortirent rapidement de cet endroit, pour arriver dans une boutique de vêtements. Les étagères étaient remplies de vêtements colorés, et des tissu doux. Peu de personnes remplissaient les rayons.
-Nous y voilà. Fit soudain Mavy.
-De quoi tu parle ? Demanda Kahlan, surpris.
-Une boutique de vêtements. Je ne sais pas d'où tu sors, mais tes vêtements sont usés, et sales, alors j'ai décidé de t'en acheter d'autres.
-Et bien … Je ne m'y attendais pas, mais si c'est ce que mon maitre désire …
Kahlan se mit alors à la recherche de vêtements qui lui plairaient. Il se trouva un pull de laine vert, ainsi qu'un pantalon de tissu noir. Il continua de fouiller les étagères, et il tomba sur un long manteau blanc, avec dans son dos, des ailes d'ange noires. Il tomba littéralement sous le charme. Il le prit. Il se dirigea vers les cabines au fond de la salle, et s'y changea.
-Tu as l'allure d'un grand voyageur ! Fit Mavyelle en le voyant.
Il sourit, et se regarda dans un miroir. Cette tenue lui allait bien. Le manteau lui tombait juste au dessus des chevilles, et le pull lui tenait chaud et était à sa taille. Il regarda son visage. Ses yeux gris étincelaient, mais ils sentait en son cœur une grande fatigue. Il avait remarqué que sa peau devenait pâle, et des cernes sombres se dessinaient doucement sous ses yeux pourtant si clairs.
-Ne dois-tu pas trouver le Sage ? Fit une voix.
Dans son esprit, Kahlan fit le vide. Il ne pensait à rien d'autre qu'à l'ombre et au vide. Il fit abstraction de ce qui se passait autour de lui. Les clients qui allaient et venaient. La foule qui fourmillait dans les rues, chantant, criant, riant, parlant. Le vent qui soufflait entre les bâtiments. Le battement d'ailes des oiseaux qui survolaient rapidement la ville. La contraction des muscles et le souffle de Mavyelle, Almer et Falind, qui se tenaient encore dans la boutique.
Soudainement, il se retrouva dans le noir. Plus aucun son, plus aucune sensation. Il le connaissait. Irsfyhr se tenait là. Ses deux grands yeux bleus semblables à des saphirs le scrutaient. Son souffle long et chaud parvenait jusqu'au jeune homme en une douce chaleur humide.
-Créature. Fit-il de sa voix rauque. Ainsi, tu peux venir me voir par ta simple volonté ? Impressionnant, pour un insecte. Que me veux-tu ?
-Comment sais-tu pour le Sage ?
-Je vois ce que tu vois. Je ressens ce que tu ressens. Je sais ce que tu pense, et j'entends ce que tu dis. Tel est ma malédiction, car je suis lié à la pitoyable chose que tu es.
-Pourquoi es-tu lié à moi ?
-Je ne t'en dirais pas plus, minable déchet. Maintenant, va-t-en, ou tu goutera à mes flammes.
Kahlan ferma les yeux, et tenta de remplir son esprit. La sensation de l'air sur son visage, et le sourire de son maître. Les pas de la petite Falind et le rire de son père. Le bruit de la foule et le calme des oiseaux. L'odeur du tissu de la boutique et le sifflement du vent. Il rouvrit les yeux, et vit son reflet dans le miroir. La main de Mavyelle était posée sur son épaule.
-Qu'y-a-t-il, maître ? Demanda Kahlan avec une mine intriguée.
-Tu ne répondais plus. Tu avais un regard vide.
-Ce n'est rien, j'étais juste dans … Mes pensées.
Mavyelle paya et ils sortirent de la boutique. La nuit commençait à tomber. Les lanternes commençaient à être allumées, et le peuple s'était rassemblé sur la Grande Place. La fontaine avait été vidée de son eau pour accueillir le bois et les flammes, qui montaient en une grande fumée dans le ciel nocturne. Autour du feu, des tables, recouvertes de assiettes argentées contenant des plats plus succulents et savoureux les uns que les autres, étaient arrangées en un cercle autour de la fontaine. Au pied de la statue de pierre se tenaient une troupe de musiciens. L'un avait un tambour, un autre possédait une flûte, le troisième tenait un luth, deux jouaient d'un vielle, et le sixième faisait vibrer les cordes d'une guiterne. Les gens riaient, mangeaient, parlaient, dansaient. Tous était d'une humeur joyeuse et festive. Le sourire s'affichait sur tous les visages.
Kahlan ne put s'empêcher de sourire, lui aussi. Almer commença à discuter avec des connaissances. Sa fille se mêla aux enfants qui jouaient sur la place, courant entre les petits groupes de discussions, passant en dessous des tables et sautant des murets. Mavyelle se rapprocha du feu, et regarda longuement les flammes. Un homme vint la voir. Kahlan était resté près des tables, et ne put donc entendre leur discussion. Mavyelle souriait, riait, et ils parlaient. Kahlan resta un moment près des tables, à observer la foule. Ils semblaient tous si joyeux, sans aucun problème. Contrairement à lui. Le Sage … Cela le tourmentait, il n'arrêtait plus d'y penser. Il se tourna vers les tables. Il se servit une cuisse de poulet, et un bol de soupe de champignons et d'herbes. Il mangea, puis laissa son assiette et son bol sur la table.
Il s'approcha des flammes. Le crépitement rougeoyant devint alors le seul bruit qui lui parvenait. Le bourdonnement de la foule devint tel un murmure, puis disparut comme un souvenir lointain. Seules les flammes étaient là. C'était la seule chose qui existait à ses yeux. Leur chaleur lui arrivait doucement et agréablement. Les flammes s'agitaient sous le vent et les mouvements des personnes qui étaient à côté.
Mais bientôt, les flammes devinrent floues. Sa vue se délestait des flammes pour regarder ce qu'il y avait derrière elles. Une jeune fille au corps mince, habillée d'une tenue de tissu rouge. Elle portait une capuche qui nappait son visage d'une ombre mystérieuse. Kahlan réussit à percevoir des cheveux rouges. Ce n'était pas commun, et cela lui permettrait de la retrouver dans la foule. Elle s'arrêta, et Elle retira son capuchon. Elle avait des yeux verts comme l'émeraude, et des cheveux rouges comme le feu, qui bougeaient dans le sens du vent. Kahlan se souviendrait de ce visage. Comment pourrait-il oublier une telle beauté ? Les yeux verts se dirigèrent vers lui. Elle le regardait. Pas un autre. Lui. Elle Le regardait. Kahlan décida alors d'aller la voir. Il contourna les flammes, ne La lâchant pas des yeux. Lorsqu'elle vit qu'il s'approchait d'elle, Elle remit sa capuche, et s'enfonça dans la foule. Le cœur de Kahlan se serra. Elle fuyait ? Il accéléra le pas, et s'engouffra dans la foule à son tour. Il filait comme le vent entre les gens qui parlaient, les personnes qui riaient, la foule qui dansait. Il l'avait perdu. Elle avait disparu. Comment avait-il pu la laisser ? Il s'en voulait terriblement. Mais il sentait encore sa présence. Il savait qu'elle n'était pas loin, mais il ne savait pas où chercher.
-Kahlan ?
Mavyelle se tenait derrière lui.
-Oui ?
-Je t'ai vu courir, j'ai pensé qu'il y avait un problème.
-Non, il n'y avait rien.
Un homme arriva derrière Mavyelle. C'était l'homme avec qui elle parlait près de la fontaine. Des cheveux bruns et des yeux bleus. La barbe taillée il y a une petite poignée de jours, et le visage fatigué. Il portait des vêtements noirs et bleus, et possédait à sa ceinture une épée à la poignée noire.
-Quel est le problème ? Demanda-t-il.
-Kahlan, je te présente Fendlyr. Il est mon meilleur client. Fit-elle en le regardant avec un large sourire.
-Et je suis aussi son fiancé. Continua-t-il fièrement.
Kahlan et l'homme se serrèrent la main avec le sourire. Alors le jeune homme remarqua la bague argentée sur sa main, et cette même bague sur les doigts de son maître. Mavyelle embrassa l'homme qu'elle aimait. Almer et sa fille arrivèrent alors.
-Il est l'heure d'y aller, le spectacle commencera bientôt. Fit-il. Mais … Qui est-ce ?
-Je suis Fendlyr, le fiancé de Mavyelle. Répondit-il avec un sourire.
Almer et lui se serrèrent la main.
-Bien, maintenant les présentations faites, et si nous allions à ce fameux spectacle ? Proposa Mavyelle avec entrain.
Alors la petite troupe se mit en route pour ce spectacles. Le froid de la nuit envahissait lentement les rues illuminées de Nask. Fendlyr et Almer parlaient des choses et d'autres.
En effet, Fendlyr savait que sa bien-aimée arriverait à Nask pour le carnaval, ainsi avait-il décidé de rester trois semaines, l'attendant patiemment. Fendlyr voyageait à travers le monde, sillonnant les routes et visitant les villes. Lui et Mavyelle s'étaient rencontrés un an plus tôt, dans un ville en Rnuire. Elle, vendait, et lui, était venu acheter. Durant la semaine où Mavy se trouvait dans cette ville, Fendlyr venait chaque jours, et ainsi ils firent connaissance. Lorsqu'elle partit, l'homme décida de l'accompagner. Ils tombèrent amoureux, et se séparèrent par curiosité de savoir où ils se retrouveraient.
Après quelques minutes de marche, ils finirent par arriver face à un gigantesque chapiteau de tissu. La lumière en sortait en diverses couleurs, scintillant et illuminant les environs.
Mais durant tout ce temps, l'image de la jeune fille tourmentait Kahlan. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Quel était son nom ? Allait-il la revoir ? Pourquoi avait-elle fuit ?
Ils rentrèrent dans l'enceinte du spectacle en payant l'entrée, puis s'installèrent sur des places, très en hauteur. Une sphère couverte de miroir pendait du haut du chapiteau, reflétant les lumières de toutes les couleurs qui venait jusqu'à elle. De là où ils étaient, ils voyaient toute la scène. Le chapiteau se remplit au fil du temps. Ils remarquèrent qu'ils étaient en avance. Toute la foule se tut lorsque la famille Estel entra sous le chapiteau. Ainsi, le dirigeant de la ville avait choisir de venir regarder ce spectacle dont il avait tant entendu parler. Eux s'installèrent sur un petit balcon, ni trop haut ni trop bas,
Après une vingtaine de minutes à attendre et discuter, les lumières s'éteignirent. La foule se tut, et un homme avança sur la scène. Une unique lumière se dessina autour de lui. Et alors, d'une voix joviale, il annonça :
-Bienvenu, au spectacle de Magie du Carnaval de Nask !
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Chapitre 5


Elle ouvrit les yeux. L'humidité de l'air amenait avec elle une odeur de renfermé. Il faisait sombre, et la seule lumière parvenait de l'extérieur. Elle était sous deux épaisses fourrures, qui l'isolait du frais de l'extérieur. Elle se rappela de la magicienne, Wendriel, qui était venue à elle. Elle devait apprendre la magie.
Elle souleva les couvertures, et se leva. Elle était dans une salle obscure, et la lumière venait d'une pièce voisine. Les murs étaient de pierre, recouverte de mousse et de moisissure. Au loin, on entendait de l'eau couler. Elle passa l'encadrement formé par les pierres, et se faufila dans le sombre couloir. Celui-ci donnait sur une petite salle aux murs humides. Une table en bois touchait le mur, et soutenait une fiole contenant une flamme qui éclairait la pièce. Cet amas de chaleur rougeoyant semblait n'avoir aucune source, et lorsque Myryan posa le doigt sur la fiole, elle était froide, comme s'il n'y avait rien. Dans un coin de la pièce, il y avait un coffre poussiéreux, et à côté de lui, elle vit une porte de bois aux gonds rouillés.
-Ca t'intrigue ? Fit une voix.
Myryan se retourna d'un bond. Wendriel était là, son sourire rassurant sur le visage. Elle s'avança lentement.
-Oui, comment est-ce possible ? Demanda-t-elle.
-C'est un sort que j'ai créé. Le feu immortel. Ce sortilège créé une flamme qui dure aussi longtemps que le sorcier le veut. Il ne nécessite aucune source, et ne génère pas de chaleur, mais les flammes brûlent ce qu'elle touchent autant que la lave.
-Vous avez créé ce sort ? Vous devez être très douée en magie !
-Sans me vanter, personne ne m'arrive à la cheville. Répondit-elle avec un sourire satisfait.
-Dans ce cas, j'ai trouvé un bon professeur. Quand commençons-nous ?
-Aujourd'hui. Maintenant.
-Par quoi commençons-nous ?
La sorcière sortit de sous son manteau noir et bleu un prisme de cristal transparent, scintillant sous la lumière de la flamme rouge.
-Voici un prisme d'élément. Fit la femme en tendant le prisme.
-A quoi sert-il ? Demanda Myryan en prenant le cristal dans ses mains.
-Pour savoir où commencer ton enseignement, il me faut connaître ton élément dominant, l'élément auquel tu es le plus réceptive naturellement.
-Comment faire ?
Wendriel montra un coin du prisme.
-Ici, pose ton doigt, et appuis afin qu'une goutte de ton sang entre dans le cristal.
Myryan s'exécuta. Elle posa doucement son doigt sur la pointe transparente, et appuya jusqu'à ce que la douleur traverse sa peau laissant une goutte de sang. La goutte de liquide rouge rentra dans le cristal, et s'arrêta lorsqu'elle se trouva dans le centre du prisme. Le sang tourna sur lui-même pendant une petite minute. Soudain, la gouttelette éclata, répandant une couleur rouge avec une teinte orangée sur toutes les faces du cristal. Myryan fut surprise lorsque le prisme se mit à chauffer, encore et encore. Il devint si brûlant que Myryan se vit obligée de le lâcher. Dans sa chute, la chaleur devint insoutenable même pour le cristal, qui éclata soudainement en milliers de petits morceaux rouges, qui tombèrent sur le sol en un tintement assourdissant.
-Je ne m'attendais pas à ce que ton affinité avec le feu soit si intense. Fit Wendriel, une mine surprise sur le visage. Maintenant que nous savons que le feu est ton atout, je vais t'apprendre à maitriser les flammes. Vu ton affinité avec elles, cela ne devrait pas être difficile.
Wendriel se dirigea vers le coffre et l'ouvrit dans un nuage de poussière. Elle sortit de la solide caisse de bois un long manteau rouge, décoré de fils dorés.
-Voici le manteau de flammes. Annonça-t-elle. Il te protégera durant ton entrainement, il serait dommage que tes propres flammes te brûlent.
Myryan enfila le manteau. Elle le ferma, et attacha une ceinture de tissu orange à sa taille. Il lui arrivait à mi-mollet, et était parfaitement ajusté à son corps. Le coton rouge était doux et confortable, et il la réchauffait dans l'humidité froide de la pièce.
-Bien. Fit la femme aux yeux bleus. Avant toute chose, j'aimerais que tu étudies les sorts.
Du coffre, elle sortit deux pile de livres épais et poussiéreux, dont les pages avaient été jaunies par l'âge. Myryan acquiesça, et s'assit à la table de bois. Elle commença par un livre, « Les éléments de la nature ». Elle lut, et lut, et lut encore. Elle apprenait dans ce livre comment les éléments agissaient entre eux, comment l'eau éteint la flamme, tandis que le vent la ravive. Elle avait bien comprit que la maitrise des quatre éléments était la base du magicien. Bien que cela ne l'intéressait pas, elle travailla sans broncher. Après tout, c'était ce qu'elle faisait depuis qu'elle était née.
Ses yeux étaient fatigués. Elle finit le livre dans la soirées. Wendriel arriva et elles mangèrent autour du feu, dans un silence total. Après le repas, la magicienne repartit et Myryan s'endormit dans le lit depuis lequel elle avait vécu son réveil.

La semaine dura. Myryan ne faisait que lire, manger, et dormir. Wendriel venait la réveiller, puis elle la regardait lire pendant environ une heure. Puis elle disparaissait derrière la porte, et elle ne revenait que le soir, pour manger avec elle. Puis elle allait dormir, sous les yeux de Wendriel. Myryan apprenait tout des éléments. Comment le feu pouvait être brûlant ou chaleureux, comment l'eau pouvait se changer en glace ou en vapeur. Elle apprit au moins un millier de formules magiques diverses. Un livre attira son attention en particulier. C'était un petit livre à la couverture mauve. Son titre était « L'art et la Manière du Mage ». Il expliquait comment devait se conduire un magicien, et ce qu'il devait faire pour manier la magie.

« La magie n'est pas la création de matière ou l'art de commander tout tel un dieu, non. La magie est l'art de manipuler habilement les flux, l'énergie et la matière. Pour cela, il faut que la nature le puisse et le veuille. Car la nature est toute puissante. Peu de gens peuvent prétendre à manier la nature, car c'est un don.
Pour maîtriser la magie, il faut avoir préalablement fait deux choses.
En effet, il faut tout d'abord avoir passer un pacte avec l'esprit. Pour savoir ce qu'est un esprit, référez-vous à mon premier livre, Esprit et Nature. Les esprits n'habitent que ceux qui peuvent devenir mages. Certains vivent liés à un esprit sans jamais le savoir. Le mage est celui qui a apprit qui est son esprit, et doit devenir ami avec lui. Sinon, l'esprit ne permettra pas que l'humain utilise la magie.
Ensuite, pour maîtriser convenablement la magie, il faut tout d'abord connaître sur le bout des dents les quatre éléments. L'Eau, la Terre, le Feu, et le Vent. Tout mage qui se respecte connait toutes les formules qui sont liés aux éléments. Et c'est seulement après avoir parfaitement maîtriser les quatre éléments que la mage peut continuer son apprentissage. »

Myryan garda le livre de côté. Elle sut instinctivement qu'elle aimerait ce livre, car il lui apprendrait la vraie magie.
Une fois la semaine passée, elle avait lu tous les livres traitant des quatre éléments que Wendriel lui avait apporté. Un matin, au lieu de la regarder lire, Wendriel la fit s'assoir au sol, en tailleur.
-Il est tant que tu rencontre ton esprit. Annonça-t-elle.
Myryan s'était sentie un peu excitée, mais surtout angoissée et apeurée. Qui était son esprit ? Était-il gentil ? Ou alors serait-il horrible ?
-Myryan, écoute-moi bien. Tu as dû lire qu'un esprit habite chaque mage. Pour te connecter avec ton esprit, il faut que tu fasse le vide. Ne pense à rien, et reste calme. Ralentis ta respiration au maximum. Quand tu m'entendras, il faudra que tu prononces les mêmes mots que moi.
-A quoi serviront-ils ?
-Ils serviront à deux choses. Tout d'abord, ils serviront à faciliter la communication avec ton esprit, car c'est une chose très difficile au début. Plus tard, tu verras que tu pourras parler avec lui très facilement, mais pour le moment, tu as besoin de cette formule. Elle me servira aussi à t'accompagner le voir, car je préfère te savoir en sécurité.
-Pourquoi ? Un esprit peut être dangereux ?
-Si un esprit tue un humain lorsqu'il vient le voir, alors l'esprit prend la totale possession du corps de l'humain, dont l'âme meure.
Le cœur de Myryan rata un battement.
-Bien, maintenant, fais-ce que je viens de te dire.

Myryan ferma les yeux. Elle pensait à son esprit. A quoi tout cela ressemblerait ? Se trouverait-elle en haut d'un montagne ou dans une grande plaine ? Elle cessa toute ces pensées. Elle devait faire le vide. Le vide. Le vide … Elle ralentissait lentement sa respiration. Elle faisait abstraction de tout. L'écoulement régulier et lointain de l'eau se mua en un murmure, puis finit doucement par disparaître. La lumière ambiante se changea lentement en ombre, et devint aussi noire que l'encre. L'odeur humide disparue des narines de la jeune fille. Alors elle entendit un grondement, ce qui ne la perturba pas. Et elle écouta une voix, celle de Wendriel : «  Répète après moi. Ô ! Klermad vo serlaf ey moq, sa zil jaqetr ikilso nem s'fenedor. »

Alors, elle répéta. « Ô ! Klermad vo serlaf ey moq, sa zil jaqetr ikilso nem s'fenedor. »

Soudain, tout s'arrêta. Plus aucun bruit, ni aucune sensation. Puis Myryan sentit une chaleur dans sa poitrine. Tout à coup, les flammes l'entouraient. Le feu rougeoyant n'avait aucune source, mais la chaleur était étouffante. Dans les flammes se dessina une ombre, qui se transforma en une immense bête, d'environ cinq mètres de haut, qui se tenait sur deux pattes. Les flammes recouvraient ses bras et ses jambes, ainsi que sa tête, et dessinaient des griffes au bout de ses doigts. Le reste de son corps était fait de lave et de braises qui tournaient et naviguaient aléatoirement. Dans le dos de la créature se tenaient deux immenses ailes de feu. « Majestueux. » pensa Myryan en voyant l'être de feu. Les flammes de sa tête furent alors parcourues par des ombres qui prirent la forme de deux yeux et une bouche. Une voix sinistre et inhumaine retentit dans un souffle chaud.
-Te voilà enfin … Fit la créature.
-Oui. Répondit Myryan.
La jeune fille tremblait devant l'imposante bête de feu, mais elle ne voyait pas en elle un monstre. Elle voyait dans le feu et la lave une magnificence hors du commun, et la créature lui sembla de la beauté d'un dieu. Elle était émerveillée par la façon dont les flammes bougeaient sur son corps et la manière dont la lave tourbillonnait et émettait une légère fumée noirâtre.
-Que viens-tu faire ici ? Demanda-t-il.
-Comment t'appelles-tu ? Demanda Myryan sans plus attendre.
-Je suis Senegrad.
Ce nom résonna entre les oreilles de Myryan comme une mélodie. Elle savait qu'elle connaissait ce nom, mais elle ne se rappelait pas où elle l'avait vu.
-Je ne répèterais qu'une fois. Que viens-tu faire ici ?!
Son poing se posa violemment sur le sol invisible.
-Du calme. Elle est avec moi.
Des flammes sortit Wendriel.
-Oh, c'est toi. Fit le monstre.
La créature enleva sous poing du sol. Wendriel se positionna face au monstre de feu, aux côtés de son élève.
-Vous vous connaissez ? Demanda Myryan, surprise.
-En effet. Il se pourrait que nous nous soyons déjà rencontrés par le passé. Répondit Wendriel. Je te présente donc Senegrad, le grand démon du Feu.
Alors Myryan se souvenu de ce nom. Senegrad, le grand démon du Feu. Il était l'origine des cendres et des flammes. Elle l'avait lu dans un vieux livre de sa bibliothèque, dans son ancienne maison. Mais elle ne savait pas ce qu'était un grand démon.
-Que venez-vous faire chez moi, Dame Wendriel ? Demanda le démon.
-Myryan, ici présente, viens ici pour quérir ton pouvoir. Répondit la magicienne.
La jeune fille fixait le démon. Il l'intriguait. Contrairement à toujours, elle ne savait pas ce qu'il ressentait, car depuis qu'elle était enfant, elle arrivait à savoir quelle émotion animait une personne. Le démon regarda Myryan.
-Qu'attends-tu ? Demanda-t-il.
-Donne-moi tout le pouvoir dont tu dispose, afin que je puisse devenir puissante. Fit Myryan d'un ton fier.
Les yeux dans les flammes se tournèrent vers Wendriel.
-Je comprend mieux pourquoi tu l'as recruté. Commenta-t-il.
Puis il se retourna vers son humaine.
-Bien. Puisque c'en est ainsi, j'accepte de t'offrir mon pouvoir. Mais attention. Il est très puissant, alors soit prudente.
La jeune fille acquiesça avec un petit sourire. Le monstre tendit sa gigantesque main vers elle, et elle fit de même. Lentement, leurs doigts se rapprochaient, sous le regard confiant de Wendriel. Et lorsque leurs indexes se touchèrent, Myryan fut aveuglée par une intense lumière blanche.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était couchée par terre, sur la roche humide. Wendriel l'attrapa par le bras, et l'aida à s'assoir sur une chaise de bois. La vision de Myryan était nette, mais sa tête tournait. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait.
-Que m'arrive-t-il ? Finit-elle par marmonner.
-Tu as rencontré un très puisant esprit. Répondit Wendriel, et cette rencontre a puisé dans ton énergie.
Soudain, la jeune fille entendit une voix dans sa tête. C'était la voix de Senegrad. « Je te confie mon pouvoir. Ne l'utilise pas de n'importe quelle façon. ». Soudain, une chaleur insoutenable, semblable a une brûlure, envahi la main et le bras droit de Myryan. Pendant une fraction de seconde, elle crut s'évanouir de douleur, mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était encore consciente. Soudain, la fatigue la faucha.

Myryan se réveilla encore dans le lit. Elle était un peu fatiguée, mais elle voulait se lever. Elle tenta de bouger, mais son corps ne lui répondit pas. Elle se rappela alors de Senegrad. Les flammes et la chaleur dans laquelle ils avaient discutés. Elle se souvenu de la douleur dans son bras. Elle leva difficilement la tête, remarquant au passage qu'elle n'avait plus son manteau, et le vérifia. Des signes étranges étaient notés et formaient une flamme au creux de sa main, qui s'étendait sur son bras et son avant bras, jusqu'à son épaule. Qu'était-ce donc ? « C'est le signe de notre contrat. » Fit une voix grave. Senegrad. « Comment peut-il savoir que je me le demandais ? » Pensa Myryan.
-Je sais ce que tu pense. Répondit la voix du démon.
-Alors, nous pouvons parler par télépathie ?
-Nos pensées sont liées, alors oui. Répondit-il.
-Intéressant …
La porte s'ouvrit alors, laissant entrer Wendriel, avec un plateau sur lequel était disposée une assiette de riz et de poulet. La faim étreignit alors le ventre de la jeune fille.
-Comment vas tu ? Demanda la magicienne.
-Ca va. Répondit la jeune fille. Depuis combien de temps je dors ?
-Environ deux jours.
La réponse surprit la jeune fille. Deux jours ? C'est long. Cela fait deux jours qu'elle aurait pu commencer son entrainement si elle ne s'était pas endormie.
-Pourquoi me suis-je endormie ? Demanda-t-elle.
-Le contrat qui te lie à ton esprit s'est inscris sur ton corps. En général, le mage est alors prit d'un petit vertige, mais vu la puissance de ton démon, c'est normal que tu te sois évanouie.
Non. Ce n'était pas à cause de la puissance de Senegrad. C'était sa faute. Elle s'était endormie parce qu'elle était trop faible. Elle devait devenir plus forte. Elle le voulait.
Elle mangea vite son repas, sous les yeux bienfaisants de son maitre, et se leva. Elle s'étira, et regarda la sorcière.
-Commençons mon entrainement. Affirma Myryan.
-Si c'est ce que tu veux. Répondit Wendriel.
Elles sortirent donc de la petite salle. La jeune fille trouva son manteau plié sur la table. Wendriel l'avait surement lavé pendant qu'elle dormait.
-Nous serons trop à l'étroit ici. Affirma la magicienne. Sortons.
Alors elle ouvrit la porte de bois. Pour la première fois, la jeune fille la franchie. Elle se retrouva dans un long couloir sombre. Elle passa entre les deux murs de pierre froids et moussus. Pendant Une vingtaine de pas, elle suivit Wendriel dans ce couloir droit. Le bruit du ruissellement de l'eau s'amplifiait de plus en plus. Et il devint infernal lorsqu'elles arrivèrent dans une grande salle. Il n'y avait rien, si ce n'est une carcasse de renard rongée par les vers, et dont l'odeur répugnante dérangea Myryan. Sur sa droite, une grande et large cascade passait devait. L'eau filtrait la lumière du jour et créait des reflets mouvants sur la roche. Le bruit de l'eau s'écrasant en bas sur les rochers était fort, mais supportable.
Wendriel, suivie par son élève, passa sur le côté de la cascade, par un fin couloir qui donnait sur l'extérieur. La lumière du jour éblouit Myryan. Deux idées lui vinrent à l'esprit. Premièrement, elle ne s'était pas demandé où elle était. Elle a fait confiance à Wendriel très vite, et si cette femme s'était avéré être une mauvaise personne, elle n'aurait pas su comment s'échapper, alors elle se dit qu'elle devrait être plus prudente à l'avenir. Deuxièmement, elle n'avait pas vu la lumière du jour depuis une semaine. Ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité. C'était surement pour cela qu'elle se sentait de plus en plus fatiguée.
Elles se trouvaient dans une petite plaine totalement entourée par les montagnes. Le soleil était caché dans le ciel blanc de nuages, et le vent était très froid, ce qui indiquait la saison ainsi que l'altitude relative à laquelle elles se trouvaient. Wendriel et Myryan avancèrent jusqu'au milieu de cette plaine.
-Bien. Toutes les formules que tu as lu dans les livres sont considérés comme acquises. Lança la magicienne.
Son élève se contenta d’acquiescer.
-Te rappelles-tu donc du sort de la bougie ?
-Oui.
Le sort de la bougie était un sort de novice, consistant à faire générer une flamme au bout de son index pour allumer une bougie. Rien de plus simple.
-Alors je te demande de le faire.
Myryan se positionna vers sa droite. Elle tendit le doigt, comme pour pointer les montagnes. Elle ferma les yeux et se concentra.
« Va fa klemas f'grauret. »
Rien. Myryan ne ressentait rien de particulier. Elle rouvrit les yeux, et rien ne s'était passé.
-Que fais-tu donc ? Il ne te suffit pas de dire une formule magique. Il faut le ressentir. En passant, est-ce que tu as déjà ressentis les flux ?
-Non. Répondit la jeune fille, intriguée.
-Quand tu auras maitriser cette formule, on en reparlera.

Myryan passa la journée, le doigt pointé vers les montagnes lointaines, à répéter la formule encore et encore. Mais rien ne se produisait. Elle se concentrait beaucoup. Elle tentait de ressentir le monde avec une intensité plus grande, et elle réussissait, mais rien n'y faisait. Elle ne savait pas quoi faire. Le soleil commençait doucement à tomber derrière les montagnes, et la jeune fille continuait à s'exercer sous les yeux de son maitre. La nuit commença, calme et froide. Myryan remarqua que son manteau la protégeait très bien du froid. La fatigue commençant à prendre Myryan, elle rentrèrent dans la grotte. Wendriel repartit pour chercher le repas, laissant seule la jeune fille.
Pourquoi n'y arrivait-elle pas ? Qu'est-ce qui n'allait pas ? Soudain, elle eut une idée. Pourquoi ne pas interroger Senegrad. Cette idée la parcourue, et la réponse du démon fut immédiate : « Laisse tomber, je ne t'apprendrais rien. Je ne sais pas comment on maitrise la magie, c'est complètement naturel pour moi. ».
Wendriel vint avec leur diner : du cerf. Puis elle alla se coucher.
Pourquoi n'y arrivait-elle pas ? Était-ce si dur que ça ? Non. Demain, elle y arriverait, car le mage le plus puissant ne peut pas se bloquer sur la maitrise d'un sort aussi facile. Elle s'endormit sans un bruit, et ce fut une nuit sans rêve.

Elle se réveilla et décida de s'entrainer immédiatement. Wendriel la suivit, et remarqua le pas décidé de la jeune fille. Au milieu de la plaine et le doigt vers le ciel, elle disait la formule les yeux fermés. Encore et encore. Mais rien. Toujours rien. Le soleil se levait doucement, derrière la couche de nuages blancs. Le vent soufflait moins fort que la veille.
Myryan se décourageait plus à chaque fois qu'elle disait cette incantation. Rien ne se passait. Et s'il ne se passait jamais rien ? Et si elle n'arrivait jamais à maitriser la magie ? Tout ce qu'elle voulait faire à ce moment-là, c'était ça. Ou. Elle devait y arriver. C'était une obligation, car elle arrivait toujours à ce qu'elle voulait.
Elle devait avoir prit le problème du mauvais côté. Et si ce n'était pas le monde qu'il fallait ressentir ? Après tout, il lui avait fallu faire le vide dans son esprit pour pouvoir rencontrer Senegrad. Oui, elle avait déjà fait de la magie. Et elle avait du ne penser à rien. Wendriel avait dit qu'il fallait le ressentir. Peut-être devait-elle imaginer la flamme ? C'était une idée qui pourrait peut-être fonctionner.
Elle se concentra, et fit le vide. Il n'y avait plus de montagne. Plus de vent. Plus d'humidité. Plus de froid, ou même de nuages blancs. Elle ne devait penser à rien, ce qui n'était pas une tâche facile. Elle devait ressentir. La petite flamme chaude et rassurante au bout de son doigt. Oui. La faible chaleur et la petite clarté rouge. Le vacillement de la flamme. « Va fa klemas f'grauret. ».
Elle rouvrit les yeux. Elle sentait que la flamme était là. Pendant une fraction de seconde, elle était là. Elle était heureuse, elle avait réussi à maitriser le sort de la bougie. Ce n'était pas grand chose, mais c'était son premier pas dans son ascension. C'était une impression étrange que de pratiquer la magie. On se sentait vide et plein à la fois. Léger comme une plume et lourd comme le plomb. Myryan avait un peu peur au fond d'elle. Très vite, la flammèche devint le feu. Devant les yeux de la jeune fille, la petite flamme se mua en une gigantesque colonne de feu qui monta haut dans le ciel, dans un crépitement assourdissant. Myryan n'arrivait plus à l'arrêter, et la peur lui étreignit vite le ventre.
Wendriel intervint. Elle prononça une incantation que la jeune fille, en regardant la gigantesque colonne de feu, ne put entendre. Et le feu disparut, laissant place au calme de la plaine et de la montagne. Les larmes montèrent jusqu'à ses yeux. Mais non. Elle était forte, et elle devait le devenir encore plus. Elle ne pouvait pas pleurer. Elle ne devait pas pleurer. Alors elle ne pleurerait pas, et les larmes disparurent elles aussi.
« Je t'avais prévenu. Fit la voix de Senegrad. Mon pouvoir est grand, et il sera difficile pour toi de le maitriser. »
Myryan ne prêta pas grande attention à la remarque de son esprit. Elle savait au fond d'elle qu'il allait prononcer ces mots. Wendriel l'accompagna à l'intérieur. Elle s'assirent autour de la table de bois.
-Comment te sens-tu ? Demanda-t-elle.
-Je … Je ne sais pas … J'ai eu très peur. Je l'avoue. Mais au fond de moi, je crois que j'étais très excitée. C'était étrange de manipuler cette flamme, mais j'ai adoré ça.
-Je vois … Te sens-tu prête à recommencer ?
-Je ne sais pas … Pour tout dire, j'ai très peur de recommencer, mais en même temps, j'en ai une envie incommensurable.
-D'accord. Dans ce cas, mangeons. Tu te reposeras cette après-midi, et nous réessayerons demain.
Myryan acquiesça. Wendriel ramena un peu de viande de cerf, surement venant du même animal que le repas de la veille, et elles mangèrent. Après le repas, Wendriel partit dehors, laissant la jeune fille seule. Que faire ? Elle décida de lire « L'art et la manière du mage ». Installée sur son lit, elle le lut à partir de là elle s'était arrêté la première fois. Ici, l'auteur contait de manière générale la manière dont il avait voyagé à travers le monde, découvert les villes et les populations, boire de l'alcool et manger des festins, festoyer avec les gens et apprécier les paysages. Puis, pendant une centaine de page, l'auteur décrivait précisément ses sentiments lors de son voyage. Quels lieux il avait visité, comment il les avait trouvé, qui il avait rencontré. Tout, il parlait en détail de tout cela.
Myryan fut surprise par Wendriel. Elle sortit de sa lecture, et posa le livre sur ses couvertures. Puis elle se leva et rejoignit son maitre dans la salle.
-Myryan. Fit-elle. Ce soir, j'aimerais faire une expérience avec toi.
-Quelle est-elle ?
-Je voudrais voir quelque chose, et j'aimerais que tu ailles au carnaval de Nask, maintenant.
-Comme vous voudrez, mon maitre.
Myryan enfila son manteau et sortit, suivie par Wendriel.
La magicienne mit sa main et incanta une formule inconnue à la jeune fille. L'eau refléta alors la lumière comme un miroir, puis comme une fenêtre, derrière laquelle se trouvait un parquet de bois. Wendriel fit signe à son élève d'y passer. Elle toucha le paysage. Sa main passait à travers. La magicienne tendit un manteau de cuir sombre, ainsi qu'un morceau de papier à la jeune fille, en disant « pour passer inaperçue, et pour rentrer ». Alors elle enfila le manteau, fourra le papier dans une poche, et elle s'engouffra d'un bond dans le portail, et se retrouva dans une pièce vide, avec uniquement un parquet de bois et des murs de pierre. Sur le mur derrière la jeune fille se trouvait un tableau représentant une cascade, celle derrière laquelle elle se trouvait quelques minutes plus tôt. Et en face d'elle se trouvait une porte. Elle l'ouvrit. La porte donnait sur les rues, qui étaient bondées de monde.
Myryan n'aimait pas la foule. Cette agitation constante et ce bruit assourdissant. Elle ne le supportait pas. Elle suivit le mouvement de foule. Elle se retrouva vite sur une place. Les contours étaient faits par des tables ornées de divers plateau de nourriture, dans lesquelles les gens se servaient librement. Les personnes circulaient, parlaient, riaient et jouaient autour d'une fontaine au centre, laquelle avait été vidées de son eau pour recevoir des bûches de bois et du feu. Les flammes crépitaient chaudement. Elle se rapprocha du feu, là où il y avait moins de foule. La chaleur des flammes était si agréable. Elle fixait le feu, en repensant au sort de la bougie. Les flammes peuvent être agréables, comme là, mais aussi très dangereuses, comme lorsque le feu avait formé cette immense colonne.
Alors elle regarda autour d'elle. Et derrière le feu, elle vit un jeune homme qui la fixait. Il portait un long manteau blanc au dessus d'un pull vert, et il avait des cheveux noirs comme l'ébène. Ce qui intrigua, c'était ses yeux gris clairs. Ils étaient grands ouverts. Il avait l'air de voir le monde différemment. Quel étrange personnage. « Il est plutôt mignon. » pensa-t-elle.
«Tuer». C'était la voix de Senegrad.
Alors le garçon bougea. Il contournait la fontaine, tout en la regardant. Il se dirigea vers elle. Elle sentait son cœur s'accélérer.
« Tuer. ». Qu'est-ce qui se passe ? Ses mains tremblaient. Que lui arrivait-il ? Sa main droite se tendit. Alors elle ressentit la même chose que lorsqu'elle avait utiliser le sort de la bougie. Ce vide, et cette chaleur intérieure.
« Tuer ». Les flammes de la fontaine s'agitaient de plus en plus. « Qu'est-ce que tu fais ?! » pensa-t-elle.
« Tuer » fut sa seule réponse. Myryan sentait que quelque chose n'allait pas. Il fallait partir. Le garçon n'était plus très loin maintenant, et il la suivrait surement. Vite, il fallait partir. Vite. Elle s'engouffra dans la foule.
« Tuer ». Son corps entier tremblait. Vite, il fallait fuir. Elle regarda derrière elle, le garçon essayait de la suivre, mais il semblait peiner à passer à travers la foule. Que faire ? Que faire ?! La magie !
« Tuer ». C'était sa seule chance, la magie l'aiderait. Quel sort, Quel sort ? Invisibilité. Oui, ça l'aiderait à fuir. Elle sortit de la foule, et fit le vide. Rien. Elle devait être invisible, il ne fallait pas qu'on puisse la voir. Elle prononça la formule : Valav lav ouap ey moq né sa qsaz sap. Alors elle regarda ses mains. Elle ne les voyait pas. Elle était invisible. Oui, elle avait réussi.
Elle se cacha dans une ruelle sombre. Elle regarda, le garçon la cherchait des yeux. Mais il ne la trouvait pas. Après tout, elle était invisible. Il finit par partir. Alors le sort s'estompa. Elle était de nouveau visible. Malgré qu'elle ne connaisse pas l'endroit, elle regagna vite la salle vide. Elle était face au tableau. Elle ressortit le papier, sur lequel était noté une formule. Elle la prononça, et fut de retour, dos à la bruyante cascade.
Elle rentra dans la petite salle, où Wendriel l'attendait.
-Comment ça s'est passé ? Tu ne t'es absentée qu'une heure, tu as fait vite.
-Ca s'est bien passé. Fit-elle simplement, avec un léger sourire (forcé).
-Bien.
-Maitre, je vais dormir, j'ai sommeil.
-Dors bien.
Alors Myryan passa le petit couloir et se jeta sur son lit. Elle retira le manteau de cuir ainsi que son manteau rouge, et s'endormit, en essayant de ne pas penser au garçon. Pourquoi le mot « tuer » lui était venu à l'esprit. Quelle avait été cette sensation étrange ?
L'obscurité l'entourait, et le sommeil la prenait, lorsque les flammes s'allumèrent. Senegrad sortit des flammes rouges. Il hurla, un grondement sourd et inhumain.
-C'était le dragon ! Le dragon bleu ! Criait-il avec rage.
Myryan, paniquée, essayait de calmer son esprit. Au bout de quelques minutes, elle put faire baisser ses cris de colère, jusqu'à ce qu'il disparaisse.
-De quoi parles-tu ? Demanda-t-elle finalement.
-Ce garçon. Son esprit. Je l'ai vu. Après dix milles ans, le dragon bleu est de retour. Je vais le tuer. Oui … Je vais le tuer !
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Chapitre 6


Le spectacle commença. Les trompettes résonnaient dans leurs oreilles, chantant un refrain entrainant et joyeux. L'homme autour duquel la lumière s'était dessiné se recula en s'inclinant, et disparu derrière les rideaux.
Au rythme de la musique, des danseurs et danseuses entrèrent sur la scène, où la lumière colorée de rouge s'élargit sur toute la scène. Puis ils se placèrent sur les bords de la scène, et alors la lumière rouge devint bleue. Et les rideaux laissèrent entrer des acrobates. Ils sautaient, dansaient, tournaient et virevoltaient. Des fils tombèrent du haut du chapiteau. Le long de ces fils, quatre hommes encapuchonnés et au visage masqué descendirent au centre de la scène. La lumière s'éteignit, plongeant tout l'environnement dans le noir total.
Soudainement, des flammes formèrent un cercle décrivant les limites de la scène. Les danseurs et les acrobates avaient disparus, laissant l'estrade aux quatre hommes. Ils se regardaient mutuellement, tous dirigés vers le centre. Ils y dirigèrent également leurs mains. Et dans une incantation de la même voix sinistre, des la fumée noire jaillit de leurs mains.
Kahlan était stupéfait. Comment faisaient-ils pour faire apparaître cette fumée ? L'incantation, quelle langue était-ce ? On n'aurait pas dit de l'humain, il en était presque sûr.
De la fumée sortit un homme habillé d'une tunique blanche. Il avait des cheveux blonds qui lui descendaient jusqu'aux cou, des oreilles étrangement pointues, et portait un haut-de-forme de la même couleur que sa tunique. Kahlan remarqua sous un œil brun une légère brûlure qui recouvrait les alentours de l’œil, qui était masquée par du maquillage. Il leva les deux bras au ciel. Il prononça quelques mots étranges, et de sa bouche jaillit une petite boule de lumière blanche. Alors la fumée forma un cercle, qui englouti les quatre mages, et Elle montait doucement jusqu'au sommet du chapiteau. Le mage blanc prit une pose sous la lumière colorée, et la sphère blanche explosa en milliers de petits flocons de lumière. Kahlan était émerveillé devant un spectacle aussi magnifique.
-Tiens.
Mavyelle tendait à son élève une fiole contenant un liquide bleuté, pendant que Fendlyr buvait le contenu d'une fiole similaire. Sans vraiment réfléchir, Kahlan but la mixture. Elle avait le goût de raisins. Mavyelle engloutie également sa fiole.
Le spectacle continua. Le mage jouait avec des effets de lumière et de feu, en faisant des mouvements de son corps et en murmurant des formules. Kahlan ne les entendait pas, mais il voyait les lèvres de l'homme bouger légèrement.
Quelle était cette potion ? A quoi pouvait-elle bien servir ? Le jeune homme remarqua deux enfants côte à côte qui dormaient paisiblement. Étrange, car la plupart des enfants qui étaient entrés dans la salle étaient débordant d'énergie à l'idée de voir ce spectacle.
Le magicien continuait, avec des effets de feu et de lumière plus époustouflant les uns que les autres. Il enchainait les sorts avec une telle aisance que ça en devenait presque inquiétant. Ce mage était surement très expérimenté, selon Kahlan. Il était si rapide que parfois, trois sorts se chevauchaient, créant des formes de feu et de lumière absolument impressionnant.
Kahlan commençait à sentir la fatigue l'envahir. Il sentait ses forces le vider, et ses paupières devenaient lourdes à supporter. Il sentait sa tête passer de gauche à droite, puis de droite à gauche. Il voyait sa vision se troubler, et ses yeux se fermer petit à petit. Il tentait de les retenir, mais la fatigue était trop grande. Contre sa volonté, ses yeux se fermèrent, et il s'endormit devant le spectacle.

Lorsqu'il se réveilla, il faisait sombre et humide. Il tenta de parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il était allongé sur un sol de pierre mouillée. L'odeur de moisi et de renfermé empestait tous les alentours. Il faisait froid. Était-ce dut à la saison ou à l'endroit ? Peut-être les deux. Il remarqua que ses mains étaient liées par des cordes un peu abîmée, mais pas assez pour que Kahlan ne puisse les rompre. L'obscurité remplissait la majeure partie de la pièce, mais malgré l'ombre, il distinguait une vingtaine de silhouette allongée avec lui.
Il tenta de se lever, mais une main le retint. Cette main provenait d'un corps à ses pieds. Il se baissa, et reconnut les traits de Mavyelle.
-Baisse-toi, et fait comme si tu dormais encore. Murmura-t-elle.
Il comprit qu'ils étaient dans une situation délicate. Mais que se passait-il ? Pourquoi étaient-ils ici ? Où étaient Almer et Falind ? Il se contenta de se rallonger et de fermer les yeux. Il se concentra, et ralentit sa respiration. Il sentait son cœur battre de plus en plus lentement. Il entendit des pas.
La lumière des flammes des deux torches illuminèrent la salle. Kahlan avait les yeux fermés, et maintenaient difficilement sa lente respiration. Il entendait distinctement quatre personnes marchant entre les silhouettes endormies.
Il entendit l'une des quatre personnes se rapprocher de plus en plus de lui.
Il entendait le tissu de ses vêtements frotter au rythme de ses pas.
Il était là, juste au dessus de lui. Il s'était arrêté. Kahlan sentait son souffle. Il avait du mal à préserver une respiration régulière. Il sentait son cœur s'accélérer. Son souffle s'accélérait peu à peu.
Mais Kahlan se calma lorsqu'il entendit les pas s'éloigner. Les quatre se rejoignirent à un même point assez éloigné de lui.
-Faudrait leur faire prendre la drogue, certains commencent à se réveiller. Fit une voix d'homme.
-Tu as raison, faisons-le maintenant, après on sera tranquille avec nos chopes de bière. Dit un autre.
-Tu sais très bien que le patron veut pas qu'on boive au boulot. Lança un troisième.
Il entendit les pas s'éloigner. Puis, une minute plus tard, ils revinrent. « Ne bouge surtout pas. » Fit la voix chuchoteuse de Mavy.
Kahlan entendait les pas, qui s'arrêtaient et qui reprenaient. Il les entendait progresser de plus en plus, dans sa direction. Pendant quelques minutes, Kahlan ne savait pas quoi faire. Il ne pouvait pas bouger ou parler, car les hommes le verraient. Il ne pouvait que rester là, à faire comme s'il dormait encore. Il devait maintenir une respiration lente et calme, malgré sa peur et son stress face à la situation présente. Il tentait de maintenir un rythme cardiaque lent, mais il n'y arrivait pas. Son cœur s'accélérait à mesure que les pas se rapprochaient de lui.
Il entendit soudain du tissu frotter. Il entrouvrit un œil, et vit une main qui tenait une fiole remplie d'un liquide gris. Une deuxième main arriva sur son visage, et prit sa bouche, alors que l'autre main commençait à verser le contenu de la fiole. Kahlan sentait un liquide lui couler dans la gorge. Il se sentait étouffer. Son cœur battait si vite qu'il avait l'impression qu'il allait exploser. Il commença à tousser. Les mains le lâchèrent, alors qu'une voix retentissait « Il y en a un de réveillé ! ». Kahlan reprenait son souffle, et réussit finalement à se lever.
Un homme se tenait face à lui, habillé d'une tunique dont Kahlan ne réussit pas à discerner la couleur à cause de l'obscurité ambiante. Il entendit cependant le bruit d'une lame qu'on sort de son fourreau. Une dague, qui ferait le même bruit que les couteaux qu'il avait déjà utilisé pour faire la cuisine. Il vit la lame qui reflétait la lumière des flammes. Les trois autres hommes firent de même. Ils formèrent une ligne, entre les corps profondément endormis.
Kahlan avait peur. Quatre hommes contre lui-seul. Il ne s'était jamais battu, alors y arriverait-il ? Il devait se concentrer. Il devait arriver à anticiper les mouvements de ses ennemis. L'un d'entre eux se lança sur lui. Kahlan fit un pas de côté, esquivant agilement la dague. Mais avant qu'il ne puisse réagir, l'homme avait déjà tenté un autre coup, et avait douloureusement dessiné une ligne rouge sur son bras droit, coupant par la même occasion les cordes qui liaient ses poignets. Le sang commença doucement à couler, déversant une couleur rouge sur le manteau blanc du jeune homme.
Soudain, l'homme se retrouva au sol. Mavyelle venait de lui décrocher la mâchoire d'un coup de pied.
-Kahlan, rassemble tout ces gens loin du danger. Ordonna-t-elle.
Le jeune homme s’exécuta. Il tirait les corps endormis les uns après les autres, alors que Mavyelle affrontait du regard les trois autres hommes, qui étaient partagés entre la colère et la peur. Tout à coup, l'un d'entre eux se recula, et commença à prononcer une incantation. Quelques secondes plus tard, des traits de lumière fusèrent de ses doigts, droit vers Mavyelle. Le premier lui entailla l'épaule, mais elle réussit à esquiver les autres.
Kahlan commnça à déplacer Almer, puis Falind, qui étaient les derniers corps. Ces pauvres gens n'avaient rien demander, et pourtant, ils étaient en grand danger. Pourquoi ces gens avaient-ils fait cela ? Il regarda ensuite le combat de son maitre. Elle était alors à terre, à la merci des trois hommes. Soudain, un rayon de lumière l'éblouit. Lorsqu'il vit clair, un homme habillé en blanc progressait vers lui. Après quelques secondes de trouble dans ses pensées, il reconnut le magicien du spectacle. Le maquillage avait été nettoyé, et les marques de brûlure autour de ses yeux étaient d'une couleur entre le rouge et le brun.
-Que fais-tu donc ? Demanda-t-il.
-Mince, le patron est là !
Mavyelle se relevait difficilement. Pendant ce temps, le mage se jeta sur Kahlan, l'attrapa par le col, et le projeta facilement sur son maitre. Le duo glissa sur la roche froide et humide, puis ils s'aidèrent l'un l'autre à se relever. Le trio se plaça devant le mage blanc, qui commença à incanter en regardant les corps des spectateurs.
Que faisait-il ? Pourquoi commençait-il à incanter ? Soudain, les flammes engloutirent tous les corps endormis, dégageant une odeur horrible. Le flammes rouges brûlaient la peau et la chair à une vitesse folle.
-Non ! Hurla Kahlan.
La tristesse envahit son cœur. Il sentit son estomac se serrer. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?! Almer était un homme bien. Falind était encore si petite. Il y avait beaucoup d'enfants, des êtres qui n'avaient pas encore vécu. Des gens qui avaient encore des dizaines et des dizaines d'années à vivre. Pourquoi leurs vies s'arrêteraient si brutalement ? Et pourquoi eux ? Kahlan était l'un d'entre eux. Pourquoi sont sort était-il différent ?
-Maintenant, petit … Lança le mage blanc. Nous allons faire apparaître pour toi notre maitre à tous.
Pourquoi s'adressait-il à lui ?
-Vous … Vous êtes là … Pour moi ? Demanda Kahlan d'une voix faible et hésitante.
-Bien sûr ! Répondit l'un des subordonnés.
Quoi ? Pourquoi étaient-ils là pour lui ? Que lui voulaient-ils au juste ? Alors, tous ces gens dont les cadavres étaient brûlés … Ils étaient morts par sa faute ?
« C'est ta faute. » fit une voix résonnante. Une voix féminine. Il l'avait déjà entendu. Oui, c'était la voix de l'être de poussière qu'il avait rencontré dans les bois. Pourquoi ? Pourquoi lui ?
« C'est ta faute s'ils sont morts. »
Kahlan commença à avancer.
-Vous … Vous êtes des personnes exécrables. Des êtres si répugnants … Comment pouvez-vous vivre dans un monde aussi beau que le notre ?
Il se jeta sur l'un des trois hommes, lui volant sa dague. Il lui taillada un bras, mais il recula après qu'une dague lui à frôler la joue.
Le mage blanc se retourna.
-Dans quelques minutes, tu La rencontreras. Affirma-t-il.
-Non. Vous allez mourir ! Rétorqua le jeune homme.
-Kahlan, ne fais pas de chose insensée. Fit Mavyelle.
-C'est mon combat. Ils sont là pour moi, reste en dehors de ça.
Kahlan était furieux. Il sentait une grande force l'envahir. Son seul désir était de tuer ces quatre hommes. Pourquoi devraient-ils vivre ? Ils ne feraient que noircir le monde, alors ils devaient disparaître.
Kahlan remarqua alors une table dans un coin à sa droite. Dessus, il y avait des ustensiles et des herbes, ainsi que de la viande. Il s'y précipita, et attrapa une cruche en terre cuite qui contenait de l'huile. Il versa une partie du liquide sur la dague, alors que l'un des hommes commençait à incanter. Deux secondes plus tard, des flammes jaillirent de la paume du subordonnés, et se dirigèrent vers Kahlan. Le jeune homme lança la dague, puis la cruche. La dague fila dans les flammes, et le liquide prit feu. La lame se planta dans l’œil de l'homme, alors que la cruche se brisait sur le sommet de sa tête, déversant l'huile sur tout son corps. L'homme prit feu petit à petit. Les flammes recouvraient son corps alors que l'homme hurlait de douleur. Le jeune homme esquiva le reste des flammes en sautant sur sa droite, rejoignant Mavyelle dans le même temps.
-Abrutis ! Lança leur patron. Ne le tuez pas !
Les deux acolytes restants se mirent en position de combat, alors que le mage au haut-de-forme se retournait pour incanter à nouveau. L'un des deux hommes lança sa dague, alors que l'autre prononça un sortilège rapide qui fit apparaître une boule de lumière, qui fila vers leurs ennemis. Les deux attaques filaient précisément vers Kahlan. Le jeune homme se retrouva à ne pas savoir quoi faire. Aller à droite ? A gauche ? Bondir en avant ou reculer ? Avant qu'il n'ai eu le temps de choisir, le sort l'aveugla, et la dague se planta dans son épaule.
Il tomba au sol. Il sentait la lame transperçant ses muscles, et la douleur était infernale. Après tout, c'était la première fois qu'il se faisait blesser. Il s'était toujours demandé quelle sensation était la douleur de la lame, et il la trouvait insupportable. Le sang coulait abondamment, tachant plus encore son nouveau manteau. Il ne savait pas s'il devait retirer la dague, ou la laisser pour le moment. Que devait-il faire ? Il était paniqué. A cause de sa faiblesse, il laissa seule son maitre face à trois mages.
Des pas se firent entendre. Fendlyr arriva dans la salle, essoufflé et mouillé. Tous le regardèrent. En marchant lentement, il se plaça du côté de sa fiancée.
-Eh, les gars ! Lança-t-il. La prochaine fois que vous jetez quelqu'un du haut d'une cascade, vérifiez qu'il est mort.
-Comment t'as survécu ? Demanda l'un des deux encore vivant.
-Ca, c'est mon secret. Répondit-il. Mavy, je m'occupe d'eux, va soigner le petit.
Mavyelle rejoignit Kahlan, qui tentait de calmer son cœur et de reprendre ses esprits. Elle sortit de ses sacoches des potions et des pommades. Elle retira la dague, et désinfecta douloureusement la plaie. Puis elle appliqua de la pommade pour accélérer la guérison de la plaie.
Pendant ce temps, Fendlyr faisait face aux trois hommes. Il les analysait. Il devinait qu'ils étaient des mages de feu. Il dégaina son épée, et se jeta vers les mages. Les deux sous-fifres marmonnèrent une formule et des boules de feu jaillirent de leurs mains. L'homme se fraya un chemin dans les flammes en tranchant le feu avec son épée. En une fraction de seconde, il tua les deux hommes d'un trait. Il se tenait face au mage aux cheveux blonds.
-Je suis Fendlyr, l'un des plus grands tueurs de mages de la capitale. Tes hommes sont morts, alors tu es seul. Je vois que tes oreilles sont un vulgaire sortilège de dissimulation. Étant un humain, tu n'as pas le droit de maitriser la magie. Alors rend-toi, ou tu mourras.
-Plutôt mourir. Répondit le mage avec un sourire.
Il murmura quelques mots, et une épée de feu apparut dans sa main. Les épées se cognèrent et s'entrechoquèrent. Fendlyr paraît sans difficulté, et attaquait avec précision et rapidité, alors que le mage peinait à combattre. Bientôt, il ne faisait plus que parer et reculer. Il finit à genoux rapidement à genoux devant Fendlyr.
-Meurt, sale chien. Annonça-t-il.
Alors son épée trancha l'air, et par le même mouvement la gorge du mage. Son corps tomba sur le sol, inanimé.
Le blessure de Kahlan le faisait moins souffrir, mais la douleur était toujours présente. Mais entre ses oreilles résonnait la voix féminine.
« Ils sont morts par ta faute. C'est toi qui les a tué. Si tu n'avais pas perdu ton temps, ils seraient toujours envie. Trouve le Sage, et personne d'autre ne mourra. Sinon, attends-toi à voir le sang couler. »
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MessageSujet: Re: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 1 Fév - 15:09

Chapitre 7

L'air était froid et humide. La lumière éblouit Kahlan. Il sentait le froid parcourir son corps entier. Au fil des secondes, la vue de Kahlan se rétablissait. Ses yeux étaient dirigés vers un feu crépitant. Les flammes lui rappela la jeune fille qu'il avait vu lors de la fête, à Nask. Sa silhouette fine et ses cheveux rouges. Ses yeux verts comme l'émeraude lui rappelait la beauté de la nature et de la forêt. Une voix le ramena à l'instant présent.
-Kahlan, tu es réveillé ? Demanda Mavyelle.
Elle était assise près de feu, les mains dirigées vers les flammes pour se réchauffer. Il tenta de se redresser, mais n'y parvint pas. Son corps était aussi lourd que le plomb. Lorsqu'il essaya une deuxième fois, une douleur le lança. Il remarqua alors que son épaule blessée avec été bandée, et il sentait sous le tissu blanc la pommade froide sur sa peau.
-Ne force pas, ou la plaie va se rouvrir.
Il voulu parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il était vraiment si mal en point ? Il avait entendu parler des blessés qui se réveillaient après leur coma. Était-ce ce qui lui était arrivé ? Était-il tombé dans un long coma ? Ce serait donc pour cela qu'il sentait son corps si engourdi. Ca expliquerait le fait qu'il n'arrive pas à parler.
Après quelques minutes, il réussit à parler. Sa voix était faible et sa gorge était sèche.
-Combien de temps … Ai-je dormi ?
-Quatre jours. Répondit la jeune femme.
Quatre jours ? Ce fait surpris grandement Kahlan. Alors il se demanda pourquoi, et il se rappela qu'il avait prit une partie de la drogue de ces criminels. En rajoutant la blessure, ce mélange pourrait expliquer ces quatre jours. Quatre jours … Alors l'hiver avait commencé. La saison du froid et de la neige.
-Où sommes-nous ? Demanda Kahlan.
-Nous nous trouvons dans une grotte, à la limite des montagnes et de la forêt.
Il regarda autour de lui. Les murs de roche étaient humides, et brillaient sous la lumière des flammes. Coupé par la chaleur de celles-ci, un vent frais venait de l'entrée de la grotte, qui Kahlan ne parvenait pas à voir à cause du feu. Et derrière lui, l'obscurité recouvrait l'espace et les murs, et le froid leur parvenait faiblement.
-Pourquoi sommes-nous là ? N'avais-tu pas dit que nous irions à Longonn, puis à Rovalle ?
-Oui. Mais les mages que nous avons vaincu faisaient parti d'une gigantesque organisation, qui tente de renverser le Conseil et la Capitale. Et il parait que lorsque tu tues un seul de leurs membres, une équipe est envoyée pour t'assassiner. Fendlyr me l'a raconté. Il cherchait ce groupe de mages depuis un mois, et sa mission était de les arrêter, ou de les tuer s'ils ne voulaient pas coopérer.
Oui, c'était Fendlyr qui avait les avait tué. Kahlan se souvient même que avant qu'il tue le mage blanc, il l'avait traité de « sale chien ». Tout était flou dans son esprit, mais ces paroles l'avait marqué.
Il n'avait jamais réellement réfléchi à ce qu'il pensait de Fendlyr. C'était un homme qui avait l'air sympathique, amical, et fort. Mais Kahlan sentait en lui une haine, une agressivité. Une zone sombre sur son visage lumineux. Il ne l'aimait pas vraiment, peut-être parce qu'il ne le connaissait pas. Il se dit qu'il devrait se rapprocher de lui, et tenter de mieux le connaître, plutôt que de le repousser.
Soudain, Fendlyr arriva. Dans ses bras, il tenait quelques bûches de bois fraichement coupées, et sur son épaule pendait une corde par laquelle étaient accrochés trois lapins et deux écureils. Kahlan remarqua que les animaux morts avait un trou dans l’œil. Il savait que, pour tuer ces petits animaux, il faut s'y prendre à l'arc. Donc Fendlyr était un très bon archer, pour les avoir dans l’œil à chaque fois.
-Tu es là ! Fit Mavyelle avec un grand sourire. Kahlan vient de se réveiller.
Un sourire s'afficha sur le visage de l'homme.
-Tant mieux ! J'avais peur qu'il n'aille trop mal.
Fendlyr posa le bois dans un coin, et commença à dépecer les bêtes à la lumière du feu. Après avoir détaché la viande des os, il la posa dans une casserole où il avait auparavant placé du beurre, et mit l'instrument sur le feu. Il déposa le carquois et les flèches qu'il avait dans le dos près de bois, ainsi qu'une hache qui pendait à sa ceinture.
Kahlan tenta de lever, mais ne réussit qu'à se redresser. La douleur était encore très forte, et la douleur restait, même après son effort. Pourtant, après plusieurs essais, il réussit finalement à tenir sur ses deux jambes, et marcha lentement vers le feu. Il s'assit en tailleur, et jeta son regard sur les flammes. Lorsqu'il regardait le feu, il se plongeait dans ses pensées. Après tout, la chaleur des flammes semblaient l'appeler à lui, et l'isoler du froid ambiant. Le crépitement frénétique l'absorbait, et coupait tous les autres sons alentours, et la danse de la lumière rouge l'hypnotisait.
Il commença à repenser à tout ce qui s'était passé. Ils avaient été enlevés par un groupe de cinq mages. Et leur chef, la mage blanc, avait brûlé les corps de tous les spectateurs. La tristesse envahit son cœur. Comment pouvait-on commettre un tel acte ? Comment pouvait-on tuer des gens innocents et sans défense ? Jamais il ne reverrais le sourire de Falind, ou le rire de Almer. Ces hommes étaient désormais morts, eux aussi. Mavyelle en avait eut un, puis Kahlan avait réussi à en tuer un autre. Après, il s'était fait blessé, et Fendlyr s'était chargé du reste. Il n'avait servi à rien. Il n'avait été qu'un poids. Pourquoi vivre, si c'est pour être faible ? Les spectateurs n'avaient demandés qu'une seule chose, et ils avaient reçu la mort. Pourquoi le sort de Kahlan avait-il été différent ?
Et la voix … Cette voix qu'il avait entendu … Il s'en souvenait très bien. C'était sa faute. Cette voix le lui avait dit. Que lui voulaient les mages ? L'apparition, les mages, et la voix … Kahlan devait trouver le Sage … Mais comment ? Il ne pouvait pas le dire à Mavyelle et Fendlyr, car ça les mettrait surement en danger, à la vue des évènements récents. Mais ils ne pouvait pas les abandonner comme ça … Pas maintenant … Non. Il resterait avec eux. Jusqu'à ce qu'il soit prêt à se débrouiller seul, et qu'il soit sûr qu'ils seraient en sécurité.
-Fendlyr ? Commença Kahlan.
-Oui ?
-Pourrais-tu m'apprendre ce que tu sais ? Pour se défendre et se débrouiller seul ?
-Et bien, si tu veux. Mais je ne volerais pas letemps nécessaire aux cours de Mavyelle.
-Non, bien sûr. Fit Mavyelle avec un sourire.
Ils mangèrent, dans le silence. Maintenant, Kahlan pouvait voir l'entrée de la grotte. Il faisait nuit, et les arbres étaient recouverts d'une fine couche de neige. Du ciel noir tombaient lentement des petits flocons blancs, dans le silence, règne de la nature. Après avoir mangé, Mavyelle changea les bandages de Kahlan, et lui appliqua de la pommade. Après une dizaine de minute à regarder le feu crépiter, ils s'allongèrent sous des couvertures, et ils s'endormirent.
Kahlan n'arrivait cependant pas à dormir. Après tout, il avait déjà dormi quatre jours. Son épaule commençait à lui faire mal. Peut-être la pommade. Et si Irsfyhr venait cette nuit ? Il savait qu'il n'était pas d'humeur à le supporter. Cette créature était arrogante et Kahlan avait parfois du mal à le supporter. Mais pourquoi ferait-il autrement ? Certes, il était agaçant, mais d'un autre côté, Kahlan s'était presque attaché à lui. Il lui restait encore à apprendre qui il était, et connaître les réponses à toutes ces questions qui le tourmentaient.
Le sommeil le faucha pour une nuit sans cauchemars.

Ce fut Fendlyr qui le réveilla. Kahlan avait une vision floue, mais se leva rapidement. Il remarqua que dès qu'il faisait un mouvement avec son épaule, il souffrait. Mais il savait que cela allait durer un petit temps, alors il décida d'ignorer la douleur. Il s'assit devant les cendres du feu de la veille, et mangea le pain et le lait que l'homme lui donna.
-Où est Mavyelle ? Demanda-t-il.
-Elle est partie récolter des herbes pour ses potions.
-Et que faisons-nous aujourd'hui ?
-Elle m'a dit qu'elle te réservait pour l'après-midi, alors ce matin, j'ai pensé que tu voudrais peut-être commencer ton entrainement.
-Bien sûr, et en quoi cette matinée consistera ?
-Je vais commencer à t'apprendre la chasse.
Dehors, le ciel était blanc, et la neige tombait des nuages. Le givre recouvrait le bois des arbres nus, l'herbe soutenait la neige blanche, et l'air supportait le froid de l'hiver. Aucun bruit ne se faisait entendre, le calme de la nature règnait dans la forêt. Il se demanda même s'ils étaient réellement traqués.
Après avoir fini son repas, Kahlan se leva, et regarda Fendlyr prendre son carquois et attraper son arc. Kahlan enfila son manteau, et l'homme lui fit signe de le suivre, et ils s’engouffrèrent tous les deux dans la forêt.
Fendlyr marchait devant. Il avait le pas léger et ne faisait aucun bruit. Kahlan essayait de le suivre, et de marcher comme lui, mais il n'y parvenait pas. La neige couinait sous ses pieds, et son souffle était bruyant. Alors commença le cours.
-A la chasse, il faut être vigilant. Tous tes sens doivent être en éveil, et un bon chasseur à des sens très aiguisés. Pour accepter les cadeaux de la nature, il faut d'abord la connaître.
Il continuait à marcher. Fendlyr commençait à plier les genoux, et marchait presque accroupi. Kahlan l'imita.
-Un animal laisse toujours des traces. Comme la neige recouvre le sol, les traces sont plus visibles. Mais en été, il faut faire attention à la position des brins d'herbe, et la forme de la terre.
Kahlan remarqua des traces dans la neige. Il les reconnus, elles ressemblaient à des sabots.
-Comme tu l'auras remarqué, l'animal a des sabots. Les traces d'un cerf ressemblent à un disque, coupé en deux au milieu. Celles d'un sanglier ont la même forme, mais avec deux autres points plus petits à l'arrière.
Ils continuaient à avancer. C'était difficile pour Kahlan. Malgré le froid et la douleur de sa blessure, il devait écouter les instructions de l'homme, en plus de faire attention à son pas qu'il peinait à garder silencieux.
-Mais les traces de pas ne sont pas les seuls indices. Il faut faire attention au troncs des arbres, s'ils ont été grattés par l'animal, ou s'il s'y est soulagé. Et en fonction de l'état des indices, tu peux déduire le temps qu'il s'est passé entre la visite de ta cible et la tienne.
Il lui montra un tronc, dont l'écorce avait été grattée. Comme les morceaux d'écorces n'étaient que peu recouverts de neige, Kahlan sut que les traces étaient encore fraiches.
Soudainement, Fendlyr s'arrêta.
-Écoute. Chuchota-t-il.
Kahlan s'arrêta. Il ne voyait rien. Il ferma les yeux, et ignora le froid. Il fit abstraction de tous ses autres sens, et il écoutait ce qu'il se passait. Un murmure infime. Presque imperceptible. Il se concentra, il voulait entendre ce son. Il entendait le bruit de pas dans la neige. Pas des pas humains, non. C'étaient des sabots. Et au même rythme, il parvenait à entendre un petit bruit, celui d'un souffle dans le froid.
-Je l'entends. Répondit-il sur le même ton.
Ils continuèrent à avancer, dans la forêt nue et froide. Après quelques minutes de marche silencieuse, Fendlyr se figea. Il prit une flèche, et commença à bander l'arc. Il respirait silencieusement, et se figea, attendant que le bon angle se présente. Kahlan fit un pas sur le côté.
A une trentaine de mètres, entre deux arbres, il y avait un cerf. Il reniflait la neige. Son souffle se reflétait dans l'air par une faible buée humide. Ses narines bougeaient au rythme de son souffle, et il regardait le sol. Soudain, il se redressa. Il regardait aux alentours, mais il ne vit pas Kahlan et Fendlyr. Il tourna la tête.
Alors la flèche fut propulsée par la corde. La pointe de métal perça l'air dans un sifflement qui se déplaça jusqu'au cerf. La flèche se planta dans l’œil de l'animal, qui tomba lourdement sur le sol. Une tâche rouge s'écoula, et teinta la neige blanche et pure.
Fendlyr souffla longuement, et accourut vers l'animal. Kahlan le suivit sans un bruit. L'homme dégaina un couteau, et commença à découper les parties contenant de la viande, en priant pour l'animal. « Merci, ô Grande Nature pour ton présent. Nous promettons de faire bon usage de ce cadeau béni. Puisse ton âme immortelle prendre le bon chemin, et trouver le bonheur. »
Il plaça la viande dans sa sacoche, puis il se releva.
-A ton tour ! Fit Fendlyr avec un grand sourire.
-Qu-Quoi ? Fit Kahlan avec les yeux grands ouverts.
Fendlyr l'observait. Il sentait ses yeux qui le scrutaient et l'analysaient. Que pensait-il ? Peut-être le trouvait-il froussard, ou passif ?
Après tout, il n'avait fait que suivre cet homme. Comment pourrait-il faire comme lui ? C'était une tâche bien trop difficile pour lui. Mais d'un autre côté, ce n'était qu'un entrainement. Il n'avait rien à perdre, et tout à gagner. S'il faisait une erreur, que pourrait-il lui arriver ? D'autant plus que Fendlyr était avec lui. Pourquoi ne pas essayer ?
Kahlan acquiesça. Il était décidé. Il marcha tout droit, en faisant le moins de bruit possible. Il passait entre les arbres, et cherchait les traces d'une quelconque créature. Des traces de pas ? Des griffures sur un arbre ? Des poils tombés à terre ? Pendant une dizaine de minutes, ils divaguèrent sans rien trouver dans la forêt gelée par l'hiver. Il marchaient dans le silence, mais on aurait dit qu'aucun être ne se trouvait dans les environs. Les flocons de neige se nichaient dans leurs cheveux, et le froid les entourait. Et le silence devenait pesant. Presque inquiétant. Cette forêt était-elle morte ?
Alors Kahlan décida de s'arrêter. Il en avait assez de chercher sans rien trouver. Et s'il se passait quelque chose ? Et si … Trop d'idées fusèrent dans son esprit, trop de scénario envisageable. Et si ceux qui le traquaient étaient là ?
Kahlan sentit son cœur s'accélérer.
Non ! Mavyelle était seule dans la forêt, et s'il lui était arrivé quelque chose ?
Il ferma les yeux et se concentra. Il n'entendait que sa propre respiration. Il s'isola. Les bruits aux alentours, c'était ça la solution. Il devait se concentrer sur ce qui se passait autour de lui. Plusieurs minutes passèrent sans qu'il ne perçoive rien. Peut-être n'y arriverait-il pas ? Alors il ressentit le monde comme jamais. Il entendait les flocons tomber sur le sol, et le vent qui poussait les nuages dans le ciel. Le battement d'aile des oiseaux, qui pourtant se trouvaient haut entre les nuages, et la respiration de quelqu'un. Il entendit des pas. Il savait où ils résonnaient. Il rouvrit les yeux, et fila à cet endroit. A sa gauche, il passa sept arbres, puis dériva un petit peu vers sa droite, et arriva après quelques secondes il arriva en face de Mavyelle, qui le regardait d'un air surpris.
-Mais qu'est-ce que vous faites là ? Demanda-t-elle.
-On s'entrainait, et il a filé vers toi. Affirma Fendlyr, qui se trouvait juste derrière le jeune homme. D'ailleurs, il était drôlement rapide !
-Je … Commença Kahlan.
-Et si nous allions manger ? Proposa la jeune femme.
-La viande que nous avons trouver ce matin a l'air délicieuse. Ajouta Fendlyr.
De retour à leur grotte, Mavyelle alluma un feu avec le bois qui restait, ainsi qu'une étrange potion. Pendant ce temps, comme l'avait demandé Fendlyr, Kahlan rangeait leurs couvertures dans les sacs en peau qu'ils avaient, et rassemblait leurs affaires dans un coin. Fendlyr, lui, nettoyaient la viande et la coupait en morceaux, puis lorsque le feu fut allumé, il mit la viande dans une casserole.
Après quelques minutes, ils mangeaient tous les trois autour du feu, dans le silence de la nature. Le crépitement du feu réchauffait Kahlan dans le froid de l'hiver. Il repensait à cette sensation lorsqu'il avait cherché son maitre.
Une fois le repas finis, Mavyelle et Kahlan partir, et préparèrent des potions avec les herbes fraichement récoltées par la jeune femme. Kahlan était toujours autant émerveillé face à l'art qu'est l'alchimie. A chaque potion préparée, il se posait mille questions, et découvrait dix milles choses intéressantes. Comment une plante pouvait agir sur une potion, comment les dosages peuvent créer un poison ou un antidote, et tellement d'autres choses. Ils passèrent l'après-midi dans la grotte, à manipuler les herbes et la verrerie de l'alchimie, jusqu'à ce qu'ils remarquent que le soleil était tombé derrière l'horizon.
Fendlyr vint les interrompre.
-Nous devons y aller. Ils sont à une demi-heure de marche.
Ils rassemblèrent leurs affaires en vitesse, et filèrent. Ils longèrent les montagnes pendant une dizaine de minutes, et alors un fin chemin se dessina sur la roche enneigée. Ils s'y engagèrent, et montèrent dans les montagnes. Dans la nuit, le froid se faisait plus forts. Le vent commençait à souffler, de plus en plus fort à mesure que l'altitude augmentait, et la douce chute des flocons de neige se mua en une légère tempête. La neige s'amassait sur leurs vêtements, leurs sacs et leurs cheveux, et le froid mordait leurs visages. Pendant une heure entière, qui sembla des années à Kahlan, ils marchaient dans le froid et la neige, montant toujours plus haut, et ne sachant pas où aller. Alors ils trouvèrent un creux dans un mur de roche, où le trio se réfugia. Ils n'allumèrent pas de feu. Ils se protégèrent du froid à l'aide de leurs couvertures, et Kahlan s'endormit.

Il fut réveillé par la douleur. Son épaule le lançait. Il souleva son manteau : le bandage était en train de se teinter de rouge. Fendlyr n'était pas là, et Mavyelle regardait le rideaux de neige devant elle. Le vent soufflait plus fort que la veille, et plus de neige tombait du ciel. La jeune femme se tourna vers lui lorsqu'elle l'entendit se relever.
-Ca va ? Demanda-t-elle.
-Oui.
-Et ta blessure ?
-Je crois qu'elle s'est rouverte.
Alors Mavyelle enleva le bandage. Une partie de la large plaie était recouverte de sang séché, mais l'autre partie était à vif, et laissait s'écouler le liquide rouge et chaud. La jeune femme chercha dans son sac, et en ressortit des plantes, qu'elle mâcha et déposa sur la plaie. La douleur fut fulgurante, mais ne dura qu'une poignée de minutes, laissant place à une chaleur agréable. Ils restèrent une heure durant, à regarder cette zone froide et menaçante qui s'étendait devant eux. Alors une silhouette en émergea, et Fendlyr arriva.
-Ils nous ont perdu grâce à ce blizzard. Ils sont à trois heures de route. Je propose que nous restions encore dans les montagnes, puis nous redescendrons.
-Tu as raison. Répondit Mavyelle. Combien de temps resterons-nous dans ce blizzard ?
-Je pense que nous devrions rester deux jours, peut-être trois.
Ainsi, la discussion se termina.
Pendant quatre jours, ils marchèrent dans la neige. Ils montaient, puis descendaient. Ils marchaient l'après-midi, et s'arrêtaient le soir. Puis marchaient une journée, et s'arrêtaient encore. Il ne faisaient que marcher, toujours. Cela devenait ennuyant, d'autant plus lorsque le froid leur mordait le visage et que le vent soufflait dans leurs oreilles.
Pourtant, au bout du quatrième jour, ils descendirent, et au crépuscule, ils arrivèrent à l'orée de la forêt. Ils s'installèrent entre les arbres, et allumèrent un feu. Mais les flammes faisant trop de lumière, ils décidèrent d'entretenir la chaleur avec des braises. La nuit tomba, et ils mangèrent. Une fois qu'ils eurent finis, Fendlyr lança
-Kahlan, je me suis entretenu avec ton maitre, et à partir de demain, je vais te former au combat. Si tu le veux bien, bien sûr.
Kahlan n'avait pas vraiment envie de maitriser l'épée ou savoir se battre, car cela ne l'intéressait pas. Mais comment pouvait-il faire autrement ? S'il devait affronter cette mystérieuse organisation, il devrait apprendre à se battre.
Il se contenta d’acquiescer. Et alors que le vent soufflait et que la neige tombait, ils s'endormirent, protégés du froid par leurs manteaux et leurs couvertures.

Le lendemain, Mavyelle concocta des potions. Kahlan avait bien envie de la rejoindre, mais il s'entraina toute la journée avec Fendlyr. L'homme lui avait prêté une épée, assez fine et légère. Kahlan l'affronta, ou plutôt, il tenta plusieurs assauts et son adversaire les esquiva tous sans difficulté. A chaque attaque, son épaule le faisait souffrir. La douleur lui rappelait de ne pas trop forcer, sinon il risquait de rouvrir sa blessure. Et à chaque mouvement, Fendlyr le corrigeait. Kahlan sut qu'il avait un grand travail à faire. Plus rapide. Plus précis. Il faut laisser moins d'ouvertures. Plus précis. Plus fort. Les jambes sont très importantes pendant le combat, alors il faut les bouger correctement.
Pendant toute la journée, Kahlan s'entendit dire des conseils et des réflexions sur lui-même. Et pendant toute la journée, ils s'entrainèrent. Lorsque le ciel devint orange, Kahlan était essoufflé et fatigué, et son épaule le lançait. Mavyelle changea une fois encore ses bandages et lui apposa de la pommade, puis ils mangèrent. Lorsque la nuit fut tombée, ils s'enfoncèrent dans la forêt, pendant deux heures de marche dans le froid et la neige. A l'abri d'un grand arbre entouré de buisson, ils s'installèrent, allumèrent un feu, et sans s'en rendre compte, Kahlan s'endormit.

Le lendemain, il s'entraina avec Fendlyr, non pas à l'épée, mais à l'arc. Cette arme li plaisait déjà plus que le morceau de fer tranchant. L'homme avait dessiné des cibles sur les arbres, à l'aide de craie qu'il avait gardé de la montagne. Mais cette journée parut interminable au jeune homme. A chaque fois qu'il tendait la corde pour tirer une flèche, son épaule criait, et la plaie menaçait de se rouvrir. Pourtant, il serrait les dents et ne disait rien. Il ne savait pas lui-même pourquoi il faisait ça. Peut-être voulait-il seulement tirer à l'arc ?
Les premiers tirs ratèrent leurs cibles. Les flèches ne touchaient pas l'arbre et se plantaient dans le sol. Mais après une dizaine de minutes, il avait compris comment il fallait s'y prendre. Il visait, et touchait la cible. Et au fil des heures, les pointes de métal se rapprochaient du centre. Fendlyr lui fit même un compliment en lui disant qu'il était très doué.
Ils s'arrêtèrent dans l'après-midi, lorsque Kahlan dit qu'il avait mal à l'épaule.
-Je l'avais deviné. Répondit Fendlyr. J'attendais juste que tu le dises.
Kahlan se reposa, assis devant le feu, à côté de son maitre alchimiste. Il repensa à Almer et Falind. Comment il avait été faible et n'avait pas pu les protéger. Après tout, lorsqu'ils étaient inconscients, ils étaient sous sa responsabilité, mais il n'avait pas eu la force pour tenir tête au mage blanc. Les visages de l'homme et de sa fille repassaient devant ses yeux, le tourmentant encore et encore. Il s'en voulait, car c'était sa faute.
Mais pourquoi donc ces mages voulaient le rencontrer ? Pourquoi ?
-Quelque chose ne va pas ?
Mavyelle le regardait, d'un air inquiet.
-Non, ça va. Répondit Kahlan.
Fendlyr s'assit à leurs côté, près du feu. Les flammes crépitaient dans une danse hypnotique. Le bois se consumait dans une légère fumée. Au dessus du feu, Fendlyr le chasseur posa de la viande d’écureuils. La chair commença à roussir, sous les yeux du trio.
-Je crois me rappeler que tu avais dit que les Hommes n'ont pas le droit de pratiquer la magie. Fit tout à coup Kahlan, brisant le silence de la forêt.
-Oui, je l'ai bien dit. Répondit Fendlyr.
-Pourquoi ?
-C'est la décision du Conseil, je ne sais rien de plus.
Après une dizaine de minutes, ils mangèrent, et s'enroulèrent dans les couvertures pour s'endormir. Après une pair d'heures, Kahlan ne dormait toujours pas. Fendlyr et Mavyelle dormaient l'un contre l'autre, et Kahlan était allongé un peu à l'écart.
Il se leva, et regarda le feu. Les flammes dansaient toujours, éclairant la pénombre par une lumière rouge. Après quelques minutes, il partit dans la forêt. Il marchait entre les arbres, alors que la neige s'était arrêté de tomber. Il se protégeait du froid en se cachant dans son manteau. La forêt était si silencieuse, cette absence de bruit l’apaisait. La nuit était calme et le ciel noir était dénué d'étoiles. Kahlan percevait la limite de quelques nuages, et voyait des zones plus sombres que d'autres.
Il s'ennuyait. Peut-être le voyage n'était-il pas pour lui ? Marcher toute la journée, sans rien dire pendant des heures, cela l'ennuyait. L'épée ne l'intéressait pas, mais l'arc était bien différent. Lorsqu'il tenait le morceau de bois vouté, et tirait la corde, il sentait l'excitation monter en lui, et lorsque la flèche se plantait dans sa cible, il se sentait fier et fort.
Et l'alchimie le passionnait. La concoction de potions, de poisons et d'antidotes, d'élixirs et de pommades. Chaque plante qu'il découvrait l'intéressait, et chaque potion préparée le rendait heureux.
Il marcha pendant une heure, puis deux. Ses pas étaient le seul bruit qu'il entendait. La forêt semblait si vide, aucune présence ne se faisait sentir, et la nuit imposait un silence qui maintenant semblait presque inquiétant.
Il se souvenait exactement de l'endroit où ils avaient dressé leur campement, alors il tourna les talons, et marcha. Il finit par rejoindre leur camp. L feu était éteint, et des cendres et des braises qui luttaient contre le froid s'échappait une légère fumée noirâtre.
Son cœur rata un battement. Et s'accéléra. Son souffle était lourd. Comment … Comment était-ce possible ? Non, ce n 'était pas vrai.
Entre les couvertures, des corps ne bougeaient pas. On pourrait supposer qu'ils dormaient, mais la tête manquait au corps. Et au milieu du feu, deux pics sortaient, sur lesquels étaient installés deux têtes. Celle de Fendlyr, et celle de Mavyelle. Une grimace de douleur tordait leurs visages blancs. Leurs yeux dénués de pupilles étaient blancs. Cette image de leurs deux visages aux yeux blancs l'horrifia. Il sentit les larmes monter jusqu'à ses yeux. Son souffle saccadés par les sanglots ne lui apportait pas assez d'air. Il se sentait suffoquer, son cœur s'accélérait, puis ralentissait, puis s'accélérait encore. Pourquoi eux ? Pourquoi eux ? Ils étaient tout ce qui lui restait. Tout ce qu'il aimait. Tout ce qui le faisait vivre. Comment ferait-il pour survivre ? Sans eux, à quoi bon vivre ? Alors qu'eux étaient morts …
« C'est ta faute. » La même voix résonnait encore. « C'est ta faute. » Pourquoi eux ? Il ne reverrait jamais leurs visages heureux. Jamais plus il n'entendrait leurs voix. L'air lui manquait, mais rien ne se passait.
Au bout de quelques minutes, il se releva. Les yeux rougis par les larmes, il regarda aux alentours. Il remarqua que les couvertures étaient totalement recouvertes de sang. Il ne pouvait pas toucher leurs corps. Il ne pouvait même pas les regarder. Il ferma les yeux. Alors sa main toucha un morceau de papier. Il le tira à lui, et le regarda. Des lettres d'encre se suivaient en désordre, formant des mots illisibles. Après plusieurs minutes à essayer de déchiffrer ces phrases, Kahlan parvint à lire les mots.
« Kahlan. L'Ordre de la Dame ne te veut aucun mal, pour le moment en tout cas. Nous avons tué tes amis, vengeance bien méritée, mais aussi pour t'ouvrir les yeux. Nous t'observons constamment, alors ne cherche pas le réconfort. Ne dors jamais deux fois au même endroit, et ne t'attache à personne. Nous tuerons toute personne à qui tu auras parlé deux fois. Vis. Vis, car ton destin est déjà tracé. Attends nous. »
Alors c'était vraiment sa faute ? Une rage folle l'envahit. L'Ordre de la Dame. Une seule idée fixe tournait dans son esprit. Il ne voulait alors qu'une seule chose. La vengeance. Le sang serrait versé, et le prix qu'ils payeraient serrait le sien. La douleur de perdre tout ce à quoi on tient. Il trouverait leurs assassins, et leurs enlèverait toute leur vie.
A quoi bon ? Un but aussi peu louable, aussi mauvais. Il haïssait la colère, et la douleur. Ainsi, son but ne serrait pas celui-ci. S'il leur enlevait tout, il s'abaisserait au même rang qu'eux. Mais à quoi bon vivre ? Aucun but ne lui apparaissait. Il ne voulais pas rencontré cet ordre. Alors, la mort semblait être la meilleure solution.
Il attrapa une dague qui se trouvait dans un sac. Il plaça la pointe sur sa gorge, et alors commença à appuyer. Le sang commença à se verser, lorsque ses yeux furent éblouis.
Devant lui se tenait un silhouette féminine, toute faite de lumière. Ses pieds ne touchaient pas le sol, et une douce chaleur l'accompagnait
-La mort n'est pas une solution.
Sa voix résonnait dans l'air dans un écho divin. L'être se baissa vers lui, et posa sa main sur sa joue. Son toucher était si apaisant. La tristesse et la détresse du jeune homme devint un murmure lointain, et tout son esprit était dirigés vers cette entité.
-Ton futur est surement le plus important de ce monde. Tu ne peux te permettre de te donner la mort. Marche vers le nord. Je t'offre le savoir spatial. Ainsi, tu sauras toujours où tu te trouve. Va. Va trouver ton destin, et reste toujours comme tu es.
Alors les lèvres de lumière se posèrent sur son front, et disparurent. Le calme de la nuit et de l'hiver reprirent leurs places. Soudain, des centaines d'images défilèrent devant ses eux. Des montagnes, des forêts, des lacs et des rivières, et des villes. Des plaines et des champs. Et étrangement, il savait exactement où tout cela se trouvait. Chaque endroit, chaque arbre, chaque brin d'herbe.
Au nord. Il devait aller au nord, alors il commença à marcher. En deux heures, il était sorti de la forêt. Il n'arrivait pas à s'habituer à cette étrange sensation. Avant, lorsqu'il marchait, il ne reconnaissait rien. Maintenant, il voyait tout, et rien ne le surprenait.
Il finit par arriver au pied d'une montagne. Il savait que le chemin le plus court pour passer la montagne commençait à dix minute de marche, alors il y alla. Le jour commençait à se lever lorsqu'il entra dans ce blizzard de neige et de froid. Il luttait contre le vent. La tristesse étreignit son cœur. Ce paysage lui rappelait les journées de marche avec ses deux compagnons. Maintenant, il était seul. Son seul but, c'était d'aller au nord.
Au fil des heures, sa vue devenait plus sombre. Cet enfers de neige blanche et de vent froid l'insupportait. Il voulait en sortir, et au plus vite. Le froid l'avait privé de la sensation de ses doigts et de ses jambes. Parfois, il se sentait vaciller. Soudain, il ne sentait plus le froid. Il ne sentait plus rien. Et alors, il tomba.
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MessageSujet: Re: Légendes d'une terre ençorcelée Le voyage de Kahlan   Légendes d'une terre ençorcelée  Le voyage de Kahlan EmptyDim 1 Fév - 15:12

Chapitre 8


Il ne sentait pas son corps, et ne voyait rien. Mais il entendait tout. Les craquements d'un feu. Les voix qu'il entendait étaient comme des murmures, qui se mélangeaient tous les uns dans les autres. Et parfois, le tout était sonné par un crissement insupportable. Il résonnait en effaçant tout. Et la douleur était insupportable. Quand le grincement strident recouvrait tout, la douleur faisait soudain surface. Il ressentait son corps agonisant. Il sentait ses côtes cassées. Son épaule déboitée. Ses muscles endoloris. Sa peau peinant à se régénérer. Et sa jambe brisée.
Pendant un temps infini, il essuya ces vagues de douleurs. Ou peut-être était-ce quelques secondes ? La notion du temps lui était inconnue. Mavyelle … Fendlyr … Ils lui manquaient. Il voulait les revoir. Mais comment le pourrait-il ? L'image de leurs visages le hantait. Leurs yeux blancs, dénués de vie … C'était sa faute, et il s'en voulait.
Son père … Cet homme n'était pas quelqu'un qu'il aurait dut connaître. Sa mère. C'était quelqu'un qui lui était inconnu. Tant de question tournait autour d'elle. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? A quoi elle ressemblait ? Pourquoi n'était-elle pas là pendant son enfance ?
La fille aux cheveux rouges. Quel était son nom ? Il voulait la voir. La rencontrer. Et apprendre à la connaître. Il ne savait pas pourquoi, mais elle l'intriguait. Pourquoi ? Il avait une étrange impression lorsqu'il la revoyait dans ses pensées. C'était indescriptible. Il n'avait jamais ressentit cela, et ne savait pas ce que c'était.

L'air lui manquait. Il ne voyait rien. Il suffoquait. Il cherchait des mains une aide quelconque. Mais rien. La douleur était infinie, ses côtes. Son abdomen. Ses jambes et ses bras. Tous ses muscles, et tous ses os. Tout son corps criait.
Alors des mains serrèrent les siennes, et il entendit une voix. Elle était douce et rassurante.
-Tout va bien. Tu es en sécurité. Respire. Respire.
Il suffoquait toujours. Il tenta de se contrôler. De contrôler ses poumons, et de réguler son diaphragme. L'air en lui tournait dans tous les sens. Il se contrôler. Il inspira, puis expira. Il se mit à respirer correctement.
Pourtant, il serrait toujours les mains qui s'étaient présentées à lui. Les doigts étaient fins et la peau douce, mais froide.
Il ouvrit les yeux. La lumière l'éblouit, mais au bout d'une minute ou deux, il voyait clair.
La lumière baignait son visage. Kahlan était dans un lit, sous deux couvertures de fourrure. La salle était petite. On y trouvait une table de bois, étonnamment propre, ainsi qu'une chaise semblable, et une étagère de chêne remplie de livres aux couvertures de couleur toutes différentes. Les murs étaient de pierre, et le sol était fait de larges planches de chêne. La lumière rentrait dans la chambre par une grande fenêtre au dessus du lit dans lequel il était.
A côté du lit se trouvait une jeune femme. Les cheveux dorés et yeux verts, elle avait les traits fins et gracieux. Sa peau était douce et sans aucun plis, et elle avait un air rassuré. Elle portait une tenue de tissu blanc faite de coton, ample et large au niveau des bras, qui se resserrait au niveau des hanches.
-Qui … Qui es-tu ? Demanda-t-il dans un filet de voix.
-Je suis Ledeann, la guérisseuse de Medèph.
« Medèph … Pensa-t-il. Petit village perdu dans les montagnes, une quinzaine d'habitants, et sept maisons. »
Mais ce qui lui semblait étrange, c'était qu'il se rappelait se trouver dans les montagnes, à une altitude bien plus haute que celle de Medèph. La première explication, qui expliquerait aussi ses blessures, ce serait une grande chute. Mais comment aurait-il fait pour survivre ?
-Tu as dormi pendant deux mois. Fit Ledeann.
Deux mois … Cela faisait donc deux mois qu'il dormait, et que son corps luttait contre ses blessures. Deux mois que Mavyelle et Fendlyr avaient péri …
Kahlan tenta de se redresser. Mais une douleur fulgurante au niveau des côtes le paralysa.
-Ton corps ne s'est pas encore remis de ta chute, alors reste couché. Il serait inutile de te faire souffrir.
Elle naviguait dans la pièce, lisant quelques mots sur un livre, puis fouillant dans ses étagères.
Kahlan regarda sous la couverture. Il était torse-nu, et habillé d'un pantalon de coton noir. Il sentait à sa jambe droite deux tiges de fer ficelées à sa jambe par de doux et larges bandages. Son torse, jusqu'à l'abdomen, ainsi que son épaule gauche, étaient recouverts de bandages blancs et propres.
Alors on toqua à la porte. Elle s'ouvrit, et entra une jeune fille. Elle n'était pas plus âgée que Kahlan, pourtant, elle avait un air sage et mûr. Ses yeux noisettes comme l'océan scrutaient et analysaient la pièce, et ses cheveux blonds étincelants étaient attachés en une tresse qui lui arrivait en milieu du dos. Étrangement, elle ressemblait à la guérisseuse, avec les mêmes traits, et des oreilles similaires, pointues. Elle portait une tenue semblable à celle de Ledeann, en coton blanc.
Alors Kahlan se souvenut. Les Elfes. Il en avait entendu parléer surtout en aillant lu des livres.
Un peuple très proche de la nature, vivant en harmonie avec tous, contrairement aux Hommes. Ils vivent plusieurs milliers d'années, et malgré leur apparence, ils sont beaucoup plus âgés. Kahlan se doutait qu'il y avait plus, mais il ne savait rien.
La nouvelle arrivante changea de viage lorsqu'elle vit Kahlan réveillé. Alors elle et la jeune femme parlèrent à voix basse, si bien que Kahlan ne put les entendre.
Après plusieurs minutes de discussion silencieuse, elles s'approchèrent toutes les deux de lui. Ledeann s'assit sur sa chaise, alors que la jeune fille décida de rester debout.
-Nous avons à te parler. Fit la guérisseuse.
Une minute de silence, ou peut-être deux.
-Ce soir, tu viendras avec nous. Nous nous réunirons avec le village. Annonça la fille d'une voix grave.
-Pourquoi ? Répondit le jeune homme en tentant de masquer sa légère inquiétude.
-Tu verras ce soir.
Alors la fille partit. La guérisseuse lui dit de se reposer, alors c'est ce qu'il fit. Il resta allongé, les yeux rivés sur le plafond, ne faisant pas attention à ce qu'il se passait autour de lui. Pendant plusieurs heures, il tenta de dormir, mais à chaque fois que son corps semblait se calmer, alors son esprit le tourmentait. La vision de Leurs deux visages, tordus par la douleur. Des yeux sans pupilles, morts. A la simple pensée de Leurs noms, il ressentait une tristesse. Un poids sur le cœur, et les larmes lui montant aux yeux.
Et cette voix qui restait. « Trouve-le. Trouve le Sage. » Pourquoi ? Pourquoi lui ? Ne pourrait-il donc pas avoir une vie normale ?
Et la lettre. Cette étrange organisation, et ce désir ardent de vengeance. Il l'éprouvait encore, au fond de lui, mais c'était comme un soupir, quelque chose qui vit en silence, et il préférait l'ignorer.
Et l'apparition. Cet être de lumière, qui lui a offert le « savoir spatial ». Et depuis, c'était étrange, car il avait l'impression de tout voir. Parfois, il savait même où se trouvait certains animaux, mais jamais il ne voyait d'humains.
Et maintenant, il se trouvait dans un petit village, et il avait l'impression que ces habitants seraient agressifs. Pourquoi ? Peut-être à cause de la jeune fille.
De cette ressemblance entre elle et Ledeann, Kahlan déduisit qu'elles avaient un lien de parenté. Mère et fille ? Sœurs ?

L'après-midi passa, Kahlan étant plongé dans ses pensées. Il ne remarqua pas le changement de couleur de la lumière qui venait de l'extérieur, puis l'obscurité l'enveloppant.
Il tenta de se redressé, mais ses côtes le faisaient souffrir. Il regarda autour de lui. Ledeann avait disparut, et il était seul dans l'obscurité de la nuit. Il tenta de bouger les pieds, alors une douleur effroyable parcourut sa jambe droite. Elle était insoutenable. Il ne put retenir un gémissement. Il détendit ses muscles, et la douleur s'apaisa au bout de quelques minutes.
Il souleva la couverture. Il faisait froid dans la salle, et surement encore plus dehors. Il arrivait à voir la neige qui tombait silencieusement à l'extérieur.
Après une vingtaine de minutes à regarder les flocons chutant du ciel, la porte s'ouvrit, le faisan légèrement sursauter. Ce petit mouvement lança une douleur dans les côtes. Il allait vraiment mal.
Ledeann rentra dans la pièce. Ses cheveux blonds étaient parcourus çà et là de petits flocons blancs, ainsi que ses vêtements.
-Est-ce que ça va ? Demanda-t-elle.
-J'ai encore mal. Mais ça va.
-C'est l'heure d'y aller. Fit-elle avec un petit sourire.
-Mais je ne peux pas marcher, ni bouger sans avoir mal.
-Tu n'auras pas besoin de bouger.
Kahlan ne comprenait pas, et la regardait avec interrogation.
Elle ferma les yeux, et prononça des paroles incompréhensibles. Cela lui rappela les mages qu'il avait combattu avec Mavyelle et Fendlyr.
Alors le sol s'éloigna de lui. La fenêtre se rapprocha, et le lit le quitta. En réalité, il lévitait. Ledeann semblait concentrée, et avait les yeux fermés. Il ne sentait aucune douleur, et n'avait pas l'impression de bouger. Il se déplaça dans la petite salle, et passa la porte. Dehors, il faisait très froid, ce qui le fit grelotter. Et rien que ce léger mouvement le fit souffrir.
Le sol se rapprocha, et il finit par être dans une petite charrette, sur des boules de coton et des couvertures. Ledeann se rapprocha, et le couvrit d'une couverture chaude. Elle poussa la charrette, et le conduisit. Dehors, les fenêtres des maisons laissaient apparaître de la lumière, et Kahlan vit des yeux qui le regardaient. Il y avait quelques adultes, et plusieurs enfants.
Dans le villages, les sept maisons étaient espacées. Ils naviguèrent, se dirigeants vers l'une d'entre elles. Elle avait deux entrées, une porte simple d'un côté, et en faisant le tour de la maison, il vit une seconde entrée, avec une porte à double-battants. Ils entrèrent par cette porte.
A l'intérieur, dans un coin de la pièce, des braises se consumaient doucement et chaleureusement. La lueur orangée vacilla sur toutes les braises dans un même mouvement, comme une vague, lorsqu'ils rentrèrent. Il y avait à droite un petit couloir sombre, et à gauche, une porte fermée. Au centre de la pièce se dressait une table autour de laquelle il y avait deux hommes, et une femme.
L'un des deux hommes avait des cheveux noirs, coupés assez courts. Ses yeux bruns étaient sombres et ses traits tirés par la fatigue et l'âge renforçaient son air dur et sévère. Il portait une tenue de tissu noir, et avait une large cicatrice sur le bras droit, qui partait de la main et disparaissait sous le tissu. sa ceinture pendait une grande épée au pommeau enroulé dans une lanière de cuir.
L'autre avait des cheveux blonds, longs jusqu'aux épaules, des yeux bleus pâle et une tenue blanche. Il semblait jeune, moins de trente ans, mais des cernes sous ses yeux trahissaient son air énergique. Dans son dos, il avait un carquois remplis de flèches de fer, et un arc se tenait derrière lui.
La femme avait des cheveux roux qui lui tombaient sur les hanches, elle avait des yeux verts clair, et un petit sourire sur les lèvres. Elle avait l'air d'avoir environ vingt-cinq ans, et portait une tenue de tissu rouge. Elle tenait dans ses mains un luth qu'elle était en train d'accorder.
Les trois adultes sortirent de leurs pensées lorsque Kahlan entra, accompagné de Ledeann. La jeune femme installa la charrette du blessé près de l'entrée, et alla rejoindre les trois autour de la table. Ils étaient placés en U, regardant tous Kahlan.
Quelques minutes de silence passèrent. Personne ne parlait, et personne ne semblait vouloir parler. Seul retentissait le crépitement du bois sous la chaleur du feu, alors que les quatre adultes observaient Kahlan.
La tension en lui montait. Ce silence devenait pesant, et leurs regards devenaient oppressants. Kahlan n'en pouvait plus.
-Qu'est-ce que vous me voulez ? Finit-il par demander, en tentant de garder son calme.
-D'où viens-tu ? Demanda l'homme le plus âgé.
-Un petit village perdu, en Rnuire.
-Pourquoi es-tu là ?
-Je n'avais nul part où aller, alors j'ai décidé d'aller au nord. J'étais en haut de la montagne, et j'affrontais le blizzard. Je ne voyais plus rien, et j'ai fini par m'écrouler … Et je me suis réveillé ici.
Ils commencèrent à discuter en chuchotant. La colère commença à envahir Kahlan. Pourquoi parlaient-ils à voix basse, alors qu'il était juste là.
-Je suis toujours là ! Fit-il.
Les quatre adultes se tournèrent vers lui. Et encore une fois, le plus âgés prit la paroles.
-Silence, étranger !
Son air rude se durcit encore.
-Je suis blessé, et je suis là. J'estime que j'ai le droit de savoir ce que vous dites.
-Et tu as tort. Tu es un étranger. Nous ne te connaissons pas. Les bandits sont de plus en plus nombreux ces temps-ci. Alors tais-toi, nous avons à parler.
Kahlan n'avait pas vu le problème sous cet angle. Pour lui, c'étaient eux les étrangers. Eux qui pouvaient être mauvais. Lui se sentait perdu, malgré ce nouveau pouvoir. Il ne connaissait personne, et n'avait plus aucun ami. Il repensa à Mavyelle, celle qui l'avait recueilli et qui avait commencé à le former en alchimie, et Fendlyr, avec qui il avait commencer à se lier.
Soudain, le quatuor se retourna vers lui. Ledeann, le blond et l'autre femme le regardait avec un petit sourire, alors que l'homme aux cheveux noirs avait toujours son air dur.
-Nous ne pouvons pas te laisser seul ainsi. Fit Ledeann. Tu es blessé, et tu en as pour au moins deux mois pour te remettre ne serait-ce qu'en partie. Alors nous avons décidé de te garder et de te nourrir le temps que tu te remettes. Ensuite, nous aviserons.
Le vieil homme grognait dans son coin, le regard sur les flammes, alors que le sourire des autres s'élargissait.
-Ainsi, nous nous permettons … Commença Ledeann. De te demander ton nom.
-Je m'appelle Kahlan. Répondit le jeune homme avec un sourire. Et vous tous ?
La rousse prit la parole.
-Moi, c'est Tania. Tu connais déjà Ledeann, et le blondinet ici, c'est Klivytt.
Au mot « blondinet », l'homme fit une moue boudeuse, puis se mit à rire.
-Et le grognon là-bas, c'est Drimod.
L'homme regarda Kahlan une fraction de secondes, puis riva ses yeux sur le feu.
Ledeann reprit la charrette, et la ramena alors que les deux adultes le saluaient de la main. Kahlan leur rendit leur salut avant de sortir dans le froid. Ledeann le ramena dans la maisonnette où il s'était réveillé. Elle utilisa le même sort de lévitation pour le ramener sur le lit. Elle le couvrit des deux couvertures, et lui sourit.
-Dans deux semaines, tu devrais pouvoir marcher avec des béquilles. En attendant, tu resteras ici, et tu te reposeras. Les habitants viendront te voir tour à tour.
Ils regardèrent.
-Je reviendrais te voir demain, dans la matinée, avec un bon repas. Je vais aller rejoindre les autres, la réunion n'est pas tout à fait finie. Dors bien.
Sans que Kahlan ne put dire quoi que ce soit, Ledeann sortit, le laissant seul dans la pièce obscurcie par la nuit.
Il se détendit. Peut-être que les gens d'ici l'accepterait ?
Alors il se souvint du mot. Il ne devait s'attacher à personne. Alors, dès qu'il serait rétablit, il partirait. Pourquoi mêlerait-il tous ces gens à cette histoire ?
Le sommeil l'emporta. En s'endormant, Kahlan se disait que cette nuit, Irsfyhr viendrait le voir. Et pourtant, rien ne se passa.
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