La lame d'encre
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La lame d'encre

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 Âme Combattante

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Eden
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Eden


Messages : 14
Date d'inscription : 09/04/2014

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MessageSujet: Âme Combattante   Âme Combattante EmptyDim 27 Juil - 12:00

1
Alcodias


Le couché de soleil était magnifique en cette journée de printemps. Le vent dans les cheveux, Nillin était, comme à son habitude, debout sur le bord de la tour la plus haute de Alcodias. De là, elle voyait tout jusqu'à l'horizon. La vue était magnifique, surtout lors d'un couché de soleil. Mais ce qu'elle préférait à cet endroit, c'était que c'était son endroit. Son lieu. Sa cachette. Elle y était seule et en tranquillité. De cette hauteur, les bruits de la foule au marché en dessous d'elle ne s'entendaient que si l'on voulait les entendre. Ici, la jeune fille pouvait réfléchir autant qu'elle le voulait. Entrer en elle-même, et voyager jusque dans les profondeurs de ses sentiments, de ses pensées, de son âme.
Lorsqu'elle plongeait dans cet océan tumultueux de songes et de rêves, elle ressentait le monde avec une affinité extraordinaire. Le vent lui chuchotait les histoires du monde entier. Le soleil la réchauffait et lui offrait son savoir infini. La lumière l'aidait à avancer dans la vie, l'éclairait et l'aidait à éclairer le monde. Elle voyait le monde comme le ciel. Lorsqu'elle s'irriguait ainsi, elle était le monde.
Mais elle ne pouvait le rester que peu de temps. Si elle abusait de cette sensation, un corps de chuchotements venait troubler son esprit. Des murmures d'une langue inconnue et étrange apparaissaient, et la hantaient comme un souvenir douloureux. Nillin ne désirait pas connaître les raisons de la présence de ces fantômes. Ils étaient pour elle effrayants et menaçants.
Elle entendit soudain un cri perçant. Elle le connaissait bien, ce hurlement. Cet appel de son nom, l'incitant à tomber hors de ses rêves et de ses tourments, de revenir à la réalité, de l'affronter.
De sa poche, elle sortit un crochet de fer au bout d'un manche en bois. Elle bondit de la haute plate-forme, et se raccrocha par son crochet quelques mètres plus bas à une corde à linge. Elle glissa tout le long de celle-ci, pour sauter sur le toit en face. Elle courait, passant de toit en toit, suivant un chemin qu'elle semblait connaître parfaitement. Elle  descendit d'un saut des toits, pour arriver sur le pas d'une porte en chêne, qu'elle ouvrit dans un grincement grincheux.
Elle fila dans le couloir qui s'offrait à elle. Elle arriva dans une salle désordonnée, présentant en son centre une table en chêne, quelque peu rongée par le temps. Elle ouvrit une autre porte en bois, et entra dans un nuage de poussière et de suie. Le bruit répétitif du marteau sur le fer stimulait la pièce éclairée par des braises, et par les derniers rayons du jour qui venaient d'une ouverture sur la rue, au dessus de laquelle il était noté « La forge de Holmard ». Un homme d'au moins un mètre quatre-vingt-dix frappait énergiquement un morceau de fer avec une enclume comme support. L'outil s'arrêta net lorsque la jeune fille beugla un « Salut ! » dans la salle. Le bonhomme se rua alors sur la demoiselle avec un énorme sourire. Il l'attrapa de ses deux bras musclés, et lui fit quitter le sol.
Les rires animèrent la salle, et finirent par s'arrêter lorsqu'une discussion quotidienne commença.
-Tu étais sur la tour ? Demanda l'homme.
-Oui, et toi, tu étais là, dans la poussière et la crasse ? Rétorqua la jeune fille avec un regard malicieux et provocateur.
-N'étais-ce pas ton tour de faire le ménage ?
-C'est une possibilité, que je me contenterais de négliger.
-Comme tu voudras. Qu'est-ce que tu as fait de ta journée ? Demanda-t-il.
-J'ai observé, regardé, scruté, surveillé, et apprécié la paysage. Rien de bien passionnant selon toi, n'est-ce pas ?
-Au lieu de rêvasser toute la journée, tu devrais plutôt trouver un travail utile en ces temps troubles, ou bien te trouver un homme. A quinze ans, les filles sont prêtes à se marier, ou le sont déjà.
-Je n'ai pas envie de me caser comme une vulgaire fille bonne-à-rien. Je veux être utile.
-Tu sais bien que ça risque d'être dure pour toi. Je sais ce que tu veux faire, et je ne pense pas qu'ils voudront d'une fille comme guerrier.
On toqua à la porte. Nillin fila alors pour ouvrir. Le grincement résonna dans le couloir, et un jeune homme de l'âge de Nillin se tenait devant la porte. Les cheveux blonds, loin d'être coiffés, les yeux de la couleur de l'écorce, et faisait environ une tête de plus que Nillin. Il était vêtu assez pauvrement, de vêtements de tissu déchirés au extrémités, et d'un manteau poussiéreux et brûlé sur une manche.
-Salut le garçon manqué. Fit le garçon avec un sourire complice sur le visage.
-Bonjour le pèlerin. Répondit Nillin avec le même sourire.
-Alors, encore engagée dans une conversation enflammée avec ton paternel ?
-Ca commençait juste à s'embraser.
-Intéressant. Je peux entrer ?
-Bien sûr. On ne refuse pas de prêter son toit à un pauvre mendiant tel que toi. Clochard  
-Oh ! Tais-toi. Répondit le jeune homme avec un petit sourire en coin.
Ils traversèrent le couloir, et arrivèrent dans le salle où se trouvait la montagne de muscles recouverte de suie.
-Salut gamin ! Fit l'homme avec un grand sourire.
-Bonjour Monsieur le Forgeron. Répondit l'arriviste avec cette même expression sur le visage.
-Nous reprendrons cette discussion plus tard. Annonça le brave travailleur en regardant Nillin avant de reprendre son travail.
-Ca marche ! S'écria la jeune fille.
L'adolescente partit alors avec son ami, dehors. Ils connaissaient tous deux le chemin. Ils filaient entre les maisons, traversaient la foule, grimpaient sur les toits, bondissaient sur les balcons. Ils finirent par arriver sur le haut d'une tour qui bordait une grande porte qui donnait sur une immense plaine devant une large forêt.
Nillin respira profondément, avant d'expirer longuement. Le duo s'assit alors sur le bord de la tour, regardant le ciel s'envelopper dans son long voile noir.
-N'est-ce pas magnifique ? Demanda Nillin.
-Si …
Nillin se tourna vers son ami.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda la jeune fille.
Le jeune homme lui tendit alors une lettre qu'il sortit de sous son manteau.
Théolm Eolis, fils de Grimulf Eolis, serra, à sa demande, recruté chez les soldats continentaux. Il serra affecté à la troupe
de fantassins assignée à la protection de Ludgard. Il serra
enrôlé avec les autres de son âge lorsque le soldat alloué au ramassage passera
dans le quartier du résident à Alcodias. Il suivra à Ludgard la formation nécessaire et obligatoire durant quatre ans, puis défendra la ville choisie.
Merci pour votre soutien.

 
Nillin fut abasourdie devant cette lettre. Elle resta bouche-bée devant le papier pendant une dizaine de secondes, avant de le relire. Puis elle se tourna vers Théolm.
-Tu as demandé à t'enrôler chez les soldats ?! S'exclama-t-elle.
-Non, c'est mon père qui l'a fait. Je ne le voulais pas, mais il tenait absolument à ce que je serve le continent.
-Estime-toi heureux, je donnerais n'importe quoi pour être à ta place.
-Toi peut-être, mais moi, je voulais intégrer l'Académie de Magie !
-J'ai une idée ! Je n'ai qu'à prendre ta place, et toi, tu pourras aller à l'académie de magie. Ton père ne le saura même pas.
-Mauvaise idée. Tu es une fille, rien que pour ça, tu te fera remarquer. En plus, tu ne passe pas inaperçue, même à Alcodias. Ta peau est bien trop pâle comparée à la mienne. Tes cheveux « fins » sont d'un « noir d'ébène », mis à part ta mèche blanche et t'arrivent aux hanches, les gens qualifient tes yeux de « bleu-violet éclatant comme l'aurore », et tes oreilles demeurent très effilées. Personne ne te ressemble en ville, et beaucoup savent qui tu es.
Le jeune garçon avait raison, et Nillin le savait. La plupart de habitants de Alcodias savait qui elle était. Et la majorité d'entre eux n'avaient physiquement rien en commun avec elle. Elle était de taille moyenne, très svelte, et avait un visage sans aucun défault. Elle était unique, en tout cas, dans sa ville.
Elle soupira d'un air déçu, et son ami se mit à rire. Elle fit mine d'être vexée, puis éclata de rire à son tour. Puis Théolm s'arrêta.
-Je vais partir loin … Fit-il d'un air triste. Je n'ai pas envie de partir, d'être loin d'ici. Je suis né et j'ai grandi dans cette ville. Alcodias est ma maison. Je ne veux pas la quitter.
-Tu sais que je n'ai jamais été douée pour réconforter les gens.
Théolm passa alors ses bras dans le dos de Nillin, et l’enlaça comme s'il enlaçait une peluche. Ils restèrent ainsi une dizaine de seconde, puis ils se détachèrent l'un de l'autre, et fixèrent la nappe nocturne désormais posée.
-Quand viennent-il te chercher ? Demanda la jeune fille.
-Dans une semaine environ.
-Alors profite de tes instants ici. Répondit Nillin.
Alors, la jeune fille se leva.
-Je dois rentrer, sinon le gentil monsieur de tout à l'heure va devenir tout rouge. Fit-elle en imitant la voix d'une enfant.
Elle fit un clin d’œil ainsi qu'un large sourire au jeune garçon avant de le quitter en bondissant de toit en toit. Elle filait sur les tuiles comme un chat, sans un bruit. Elle finit par atteindre la porte de la maison, et y rentra.
-Salut Chef Holmard ! Fit-elle. Ca sent bon !
L'homme qui était aux fourneau préparait de la viande cuite dans un jus de champignons., le tout accompagné de riz. Nillin entra dans la pièce, et s'assit à table avec la plus grande précipitation. Elle resta là, une petite dizaine de secondes.
-J'ai faim ! Hurla-t-elle en frappant la table du poing.
L'homme se retourna, et remplit l'assiette de la demoiselle. Puis la sienne. Et il s'assit.
-Ce n'était pas toi qui était censé préparer le dîner, Madame la Matrone ?
-Peut-être … Mais là, je ne pouvais pas, Théo' avait un problème.
-Ah ? Qu'est-ce qu'il a, ce brave garçon ?
-Il va être recruté.
-Et bien, quel est le problème ?
-C'est son père qui l'a forcé, il ne veut pas.
-Malheureusement, dans ce cas là, ni toi ni moi ne pouvons faire quoi que ce soit.
-Et c'est là qu'intervient mon problème. Ca me blesse sincèrement qu'il soit obligé de suivre une route qu'il ne veut pas prendre. Je voudrais faire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. La seule chose que je pourrais faire, c'est le réconforter, mais toi et moi savons que je ne suis pas très douée pour consoler une personne.
-C'est un beau dilemme. Essaie de trouver ce que tu pourrais faire, et voit s'il paraît plus heureux.
-Ca pourrait être une bonne idée. Bon, je suis super fatiguée, donc je vais me coucher, salut !
-Dors bien, Madame la mauvaise Matrone.
Nillin se leva, et partit dans sa chambre. Elle s'affala sur son lit, et serra la couverture contre elle. Puis elle se mit à réfléchir. Comment pouvait-elle faire pour que Théolm se sente mieux ? Cela lui sembla impossible. Puis elle repensa à ce qu'elle lui avait dit : « Profite de tes instants ici ». Pourquoi lui avait-elle dit ça ? Cela n'avait fait que lui rappeler que son départ était imminent. Mais elle ne pouvait effacé le passé. Elle eut alors une idée. Elle n'avait qu'à rester un maximum de temps avec lui, afin qu'il « profite de ces instants ». Elle voulut alors s'endormir, et elle avait pour habitude de lire. Elle attrapa donc le premier livre qui lui tomba sous la main. La couverture de cuir était poussiéreuse. Les pages étaient quelque peu jaunies. Sur la première page, il était noté « Journal d'un explorateur ». Elle se mit alors à lire.
Moi, un voyageur ordinaire, un « vagabond » selon certains, j'ai explorer le monde dans ses moindres recoins. Muni d'une épée et d'une torche, je me suis aventuré là où personne n'avait jamais osé aller. J'ai, par la suite, décidé d'écrire ce livre, afin que le savoir et l'expérience que j'ai durement acquis durant ma longue balade soit inscrit à jamais sur ces pages, car aujourd'hui, mon corps m'abandonne à petit feu, et je ne puis risquer de mourir en emportant tant de choses merveilleuses, et de secrets fantastiques avec moi. Je ne pourrais pas me vanter d'être un grand romancier. La seule chose que je souhaite est la suivante : que cela profite à celui ou celle qui lira ces pages.
Partie 1, L'Univers de Vérité.
Comme vous le savez certainement, Vérité est un ensemble de contrées et de terres. Bordé par le Grand Désert, par les Monts Infinis, ainsi que la Vallée des Morts, et les Terres maudites, Vérité regorge d'endroits magnifiques et paradisiaques. C'est une terre sur laquelle on trouve de tout : Forêts, Champs, Prairies, Montagnes, Volcans, Mers, Rivières, Neige. Et les villes sont toutes différentes, bien qu'elles n'en demeurent pas moins extraordinaires. Vérité est divisé en plusieurs terres. Et je commencerais par l'une d'entre elles.  
Chapitre 1. Les Prairies du Vent.
Nillin fut tout à coup intéressée, car en effet, Alcodias est situé dans les Prairies du Vent, et forme d'ailleurs la majorité de celle-ci.
Les Prairies du Vent son constituées d'une gigantesque prairie, là où le vent vient caresser l'herbe, et où la nature est tout aussi importante que le reste. On trouve également une titanesque muraille, aussi grande que les montagnes, formant un fort imprenable. Aux porte de cette murailles, on trouve Alcodias, la plus grande ville que j'ai vu de toute ma courte vie. Elle est aussi grande qu'une mer, et aussi peuplée que tout un pays. On y trouve absolument tout, et c'est pour cela qu'elle est la capitale de Vérité. Une rivière venue de la Terre des Grandeseaux la traverse. Le fort que la muraille forme est si bien construite que Alcodias possède une proximité à presque tout. Le lac d'Elide se trouve non-loin de là, la forêt voisine, appelée Adilie, est peuplée d'êtres tous plus incroyable les uns que les autres, les montagnes qui font la frontière avec les monts infinis regorgent de minerais et de pierres précieuses, et enfin, les champs d'Alcodias sont tout proches, et on y trouve des fermiers et des travailleurs si doués qu'ils fournissent Alcodias de leurs mains.
Cette énorme cité déborde de marchands bien sympathiques et d'artisans dont le don est évident. Les habitants possède une joie de vivre qu'on ne trouve pas ailleurs, et l'architecture des bâtiments est sans pareil. On jurerait que les dieux eux-mêmes ont construit cette ville, tant les bâtiments sont magnifiques, et les habitants sont généreux.
Mais mon endroit préféré reste la plus haute tour d'Alcodias, qui est aussi l'un des plus haut endroit de tout Vérité. Elle est si haute qu'on pourrait toucher les nuages, et la vue est si belle et dégagée. Combien de temps suis-je resté, là, à observer l'horizon ? Le panorama est tellement charmant et la tour est tellement haute, que l'on peux voir de là le Pays des Brumes, et une parcelle du Territoire de Forêt.        
Nillin s’endormit alors, sans s'en apercevoir.
Elle fit un cauchemar ce soir-là. Elle était en haut de sa tour, et observait la ville. Rien qu'un paysage délabré. Les maisons n'étaient plus que de ruines. Les étales avaient été détruites et pillées, et des cadavres recouvraient les rues. Sur le visage, elle pouvait lire l'horreur et la terreur qui les habitait avant leur mort. Elle fila alors, vers sa maison. La porte était au sol, en plusieurs morceau. Elle traversa le couloir, lentement, à pas sûr. Le stress lui serrait le ventre. Ses mains tremblaient. Son souffle était plus fort et moins délicat que d'ordinaire. Elle poussa la porte qui devait la conduire à la cuisine. Et là, une main tomba à ses pieds. La terreur la saisit. Son cœur s'emballait. De l'eau sortit en grandes vagues de la pièce, l'emportant loin, très loin. Elle avait du mal à respirer. Puis, tout à coup, elle se retrouva dans le noir. Le noir complet. Elle ne voyait rien, mais elle avait une torche dans la main. Derrière elle, elle vit une minuscule flamme. Elle s'y précipita, et alluma le flambeau. Puis elle retourna là où elle était. Son pied heurta quelque chose. Un bras. Elle regarda. Un cadavre. Elle eut si peur qu'elle hurla. Ses genoux se replièrent sur elle-même, et elle pleura. Elle regarda alors autour d'elle. Elle était entourée de cadavre plus ensanglanté et lacérés les uns que les autres. La torche lui glissa des mains. Elle observa ses doigts, puis ses paumes. Ses mains étaient couvertes de sang. Elle redressa la tête, et vit un miroir juste en face d'elle. Elle s'y regarda. Son visage était couvert du liquide rouge. Elle hurla. Elle ne se contrôlait plus. Elle tomba au sol, dans un liquide, elle sut que c'était du sang. Du sang encore chaud. Elle pleurait. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, et elle hurlait à en mourir.
Puis elle se réveilla. Dégoulinante de sueur, elle avait sur ses joues des larmes toutes chaudes. Elle se rassura en se disant que ce n'était qu'un cauchemar. Mais jamais elle ne pourrait l'effacer de sa mémoire.


Dernière édition par Eden le Dim 14 Déc - 17:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Âme Combattante   Âme Combattante EmptyMer 6 Aoû - 17:15

2
Attaque



Le jour était levé, alors Nillin décida de manger, puis elle sortit. Comme elle se l'était dit, elle passa les jours suivants avec Théolm. A chaque fois qu'il la voyait, il semblait radieux. Il passaient leur journées ensembles, à parcourir Alcodias en long et en large, et à regarder l'horizon depuis la Tour. Un jour, ils décidèrent même de sortir d'Alcodias, et ils se dirigèrent vers la forêt de Adilie. Là, ils furent en communion complète avec la nature. Ils étaient en osmose. Nillin se sentit si serreine qu'elle s'allongea dans l'herbe, à l'ombre d'un arbre, et elle pensa. Et pensa encore. Elle faillit s'endormir. Lorsqu'ils sortirent de la forêt, il faisait nuit. Ils se pressèrent donc de rentrer.
Les jours passèrent, encore et encore. Théolm semblait oublier ses tourments lorsqu'il était avec Nillin. Jusqu'au jour où un cavalier, sur un cheval blanc, habillé d'une armure de plates et portant une cape sur laquelle était dessiné un écusson formé d'un dragon et d'un serpent enroulés sur une couronne d'or, pénétra dans le quartier marchand d'Alcodias, où Nillin et Théolm habitaient. Le soldat grimpa sur la place, et commença à appeler les jeunes garçons. Nillin était sur un toit, plutôt haut, d'où elle voyait toute la place. La foule avait formé un cercle autour de la place, et au centre de ce cercle, les garçon arrivaient les uns après les autres, se mettant en rang, le dos droit et le torse bombé. La population ne faisait pas un bruit. Le soldat appela alors : « Théolm Eolis ! ».
Le silence de mort régnait, plus que jamais. Théolm était plutôt reculé dans la foule. Les habitants de Alcodias formèrent alors un couloir devant lui. La peur au ventre et le dégout à l'esprit, il avança d'un pas non-chalant et incertain. Alors qu'il allait pénétré sur la place, il s'arrêta. Un homme arriva derrière lui, c'était son père. Il lui murmura à l'oreille de continuer d'avancer. Le garçon ne bougeait plus. Son père le poussa alors, et Théolm faillit tomber.
Nillin n'en croyait pas ses yeux. Personne ne réagissait, tout le monde observait. Pourquoi personne ne protestait ? Il était évident que Théolm était forcé de rejoindre un ordre car son père le désirait. Théolm avait les larmes aux yeux, mais ne pleurait pas.
-Hâte-toi petit, nous n'avons pas le temps pour ces enfantillages. Fit le soldat.
Le jeune garçon poussa un long soupire, et commença à avancer vers le rang.
Nillin était consternée devant la scène. Tous semblaient être contre Théolm. Elle se leva alors, et hurla « Arrêtez ! »
Tous les yeux se tournèrent vers elle, la petite Nillin, l'adolescente particulière au corps fin et au visage unique, fille du seul forgeron de la ville.
-Qu'y-a-t-il, petite ? Fit le soldat. Nous sommes en plein recrutement, c'est une affaire officielle, j'espère pour toi que tu as une bonne raison de nous déranger.
-En effet. Vous voyez bien que ce garçon ne veut pas rejoindre votre ordre. Alors pourquoi le forcez-vous ?
-Il suffit ! Coupa le père.
-Vous, comment pouvez forcer votre fils à prendre un chemin qu'il ne désire pas ?
-C'est mon fils. Je l'ai élevé, nourri et protégé. J'ai choisis la meilleure route possible pour lui, alors ne viens pas discuter ce point.
-Pensez-vous vraiment qu'un soldat qui ne voulait pas le devenir serra efficace au combat ?
-Tu n'as pas vraiment tort sur ce point. Fit l'homme en armure. Mais les places ont déjà été préparées. Il ne peut se désister maintenant.
-Alors je prendrais sa place. Rétorqua Nillin.
Un silence s'installa. Des murmures parcoururent la foule.
-Comment ? Fit le guerrier.
-Vous m'avez bien entendu. Je prendrais sa place s'il le faut.
-C'est impossible voyons.
-Pourquoi cela ?
-Tu es une fille enfin !
-Et je manie l'épée mieux que quiconque ici !
-Pour jouer peut-être, mais là, nous parlons de guerre.
-Et alors ? Je …
-Ca suffit ! Intervint Holmard. Nillin, descend immédiatement de ce toit.
-Non ! Je ne peux pas les laisser faire ça !
-Tais-toi ! Et viens ici !
Holmard commençait à s'impatienter, et Nillin savait que ce n'était pas bon pour elle dans ces cas-là. Elle descendit donc du toit, et atterrit face à Holmard. Celui-ci lui attrapa le bras et l'emmena jusqu'à la boutique, la foule laissant passer cet homme imposant. Il la poussa dans le couloir, et prit soin de refermer la porte.
-Papa, je … Commença Nillin.
-Non. Coupa l'homme. Cette fois-ci, tu vas m'écouter. Tu as fait ce qu'il fallait pour Théolm. Tu es restée avec lui, et tu l'as rendu heureux avant son départ. Tu l'as aidé à surmonter son chagrin, et je t'en félicite. Mais te rends tu compte de ce que tu viens de faire ? Tu as tenté de prendre la place de ce pauvre jeune homme. Ca partait d'un bon sentiment, mais tu as aussi agis pour toi. Je n'arrive pas à croire que tu ais tenté de t'enrôler dans l'armée, alors que tu sais pertinemment que je ne veux pas que tu y ailles. Pas maintenant en tout cas.
-Mais …
-Non. Va dans ta chambre, je ne veux pas te voir avant le dîner.
La jeune fille s’exécuta. Elle réfléchit longuement, et finit par fondre en larmes. Théolm partait pour une vie qu'il ne voulait pas, et cela lui faisait beaucoup de peine. Il était son ami depuis sa plus tendre enfance, et ça lui peinait de penser qu'elle ne le reverrait peut-être plus jamais. Holmard avait sous-entendu dans son discours, et Nillin l'avait bien comprit, qu'il venait de perdre confiance en sa fille, et cela pesait à l'un comme à l'autre. Nillin s'en voulait terriblement d'avoir été aussi stupide. Comment avait-elle pu penser que ce qu'elle avait fait aurait pu arranger la situation ? Elle finit par s'endormir.
Son sommeil fut encore agité. Une salle totalement noire. Il y faisait froid, et elle y était seule. Et elle pleurait. Elle pleurait. Et elle pleurait. Une chaine au pied, elle était recroquevillée dans un coin. La porte s'ouvrit alors, éblouissant Nillin. Un homme qu'elle ne connaissait pas vint, un fouet à la main, et lui assena trois coups de l'arme aux chevilles, avant de lui dire de se lever et de le suivre. Elle obéit donc. Elle se leva, et commença à avancer dans le noir, vers le fin trait de lumière que laissait filtrer la porte. Son pied buta dans quelque chose, et elle trébucha. L'homme s'impatienta, et lui assena trois autres coups de fouets dans le dos, en hurlant et en jurant. Elle supportait tant bien que mal la douleur, mais elle voulut voir la cause de sa chute. Elle baissa la tête, et vit alors une tête rouler, recouverte de sang. Elle remarqua alors que ses mains, ainsi que tout son corps, était recouvertes du liquide vermeille. Elle hurla, et se réveilla en sursaut. Pourquoi des cauchemars la hantait ? Pourquoi maintenant ? Que cela voulait-il dire ?
Dehors, il faisait nuit. Pas un bruit. Seul le vent qui soufflait se permettait de perturber le calme nocturne.
Elle repensa alors à Théolm. Elle s'en voulait encore autant, mais le sommeil lui permit de se contrôler.
Elle se leva, et pénétra dans la salle à manger. Elle vit sur la table une écuelle pleine d'une substance liquide, dans laquelle naviguaient quelques légumes. C'était encore chaud. Elle attrapa une cuillère, et décida de goûter cette étrange mixture. C'était délicieux. Salé à souhait, l'arôme de légumes était mélangé à un goût de viande et de champignons, avec quelques pincées d'épices qui rendaient le tout exquis.
Après avoir terminé son succulent repas, Nillin monta sur le toit. En toute discrétion, elle marchait sur les tuiles pour arriver jusqu'à sa tour. De là, elle fixa l'horizon comme elle aimait le faire. La nuit était calme. Aucun mouvement ni aucun bruit, à part le bruissement des feuilles des arbres, mouvantes grâce au vent. La plaine et la forêt étaient paisibles. La lune éclairait le tout d'une douce lueur. La tristesse la ratrappa soudain. Ainsi donc, Théo' est parti. Peut-être ne le reverrait-elle jamais … Elle n'avait même pas pu lui dire « Au revoir. » … Elle sentit son estomac se nouer, et son cœur se serrer. Pourquoi avait-elle été dans l'incapacité d'empêcher cela ? Si elle avait agi plus tôt, elle aurait eu le temps d'éviter tout ça … Elle s'en voulait terriblement. Elle avait échoué. Les larmes vinrent d'elles-même, sans que Nillin ne puisse les retenir. Les murmures étranges et inquiétants s'invitèrent. Les larmes les appelait. Elle fut sortie de ses pensées par de l'eau. De l'eau ruisselant sur tout son corps. De l'eau froide, descendue du ciel. Elle ne bougea pas. Elle regardait l'obscur horizon avec une intensité sans pareil.
Soudain, une lumière. Elle entendait des grognements, des cris au loin. La plaine se remplissait peu à peu. C'était comme une vague noire d'insectes plus répugnants les uns que les autres. Cette vague indéfinissable envoyait des flammes vers les murs de la ville. Des flèches. Elles déchiraient le vent. Les pas se faisaient de plus en plus entendre.
-Une armée ?.. Se murmura Nillin. Pourquoi une armée ?
La peur étreignit son estomac. Une armée de monstre plus cruels les uns que les autres s'approchait à grand pas de sa ville natale. De sa maison. De ses amis. De sa famille. Comment l'armée pouvait-elle s'approcher, déchirant la nuit. Comment avait-elle fait pour ne pas être repérée ? Pourquoi Alcodias ? Probablement parce que c'était la plus grande ville au monde, la capitale de Vérité, et que c'était là que siégeait le Roi et la Reine des Prairies du Vent. L'armée progressait vite. Elle avait beau avancer, on en voyait pas le bout. Il y avait là au moins cent mille êtres armés, pleins de mauvaises intentions, et de soif de sang.
-On nous attaque ! Hurla Nillin.
Elle se mit à courir vite. Si vite qu'elle n'entendait que le vent frôlant ses oreilles. Elle se dirigea vers la tour de garde la plus proche.
-Aux armes ! On nous attaque ! S'écriait-elle.
-Quoi ?! Répondit un soldat.
-Là-bas ! Dit-elle en montrant la prairie.
L'homme bondit de sa chaise. Il s'écria « Attaque imminente ! Une gigantesque armée approche ! ». Il fila, grimpa les escaliers, et sonna la cloche aussi fort qu'il le put. Les gens commencèrent à sortir de leur maisons. A ouvrir leur fenêtre. Les soldats s’attroupaient si et là, formant les rang devant leur supérieur. La ville fut vite en effervescence. Les gens fuyaient, tentant de retrouver leur proche, leur amis et leur famille. Personne ne savait où aller. Une troupe de soldats se dispersa dans la ville, et dirigea le peuple vers la forêt. Le calme nocturne fut vite remplacé par les cris, les pleurs, la peur et le désespoir.
Nillin ne savait quoi faire. Elle s'arrêta, ferma les yeux et prit une grande respiration. Elle sut tout de suite quoi faire. Elle fila jusqu'à sa maison, et rejoignit son père, qui fournissait les soldats qui passaient en armes et en munitions. Elle commença à l'aider. Un grondement sourd retentit dans les rues de la ville. Les gardes ramenaient des planches et des barres de fer afin de fortifier la grande porte. Un autre coup de tonnerre. Nillin et son père savaient tous deux que la porte ne tiendrait pas. Il fallait fuir. La jeune fille attrapa une besace, et y plaça tout ce qu'elle trouva d'utile : de la nourriture et de l'eau, quelques vêtements, des dagues, des peaux d'animaux et du cuir. Elle ne savait pas vraiment quoi prendre. La panique l'avait déjà saisi. Un autre grondement.
Tout à coup, tout le monde allait dans le sens inverse à celui des portes. Des monstres rentraient dans la ville. Leur peau était noire, rouge sombre, ou gris foncé. Leur yeux étaient noirs ou gris. Ils avaient des cicatrices sur le visage, et leur mâchoire inférieure était plus avancée que la supérieur. Des crocs ressortaient de l'inférieur. Ils étaient habillés d'armure mal forgée, armés d'épée tordues, mais cela semblait leur suffire pour tuer et hurler. Ils arrivaient par dizaines. Par centaines. Par milliers. Ils transperçaient les gens. Égorgeaient les personnes. Saignaient la foule. C'était un vrai massacre. Les corps remplissaient les rues, et le sang s'infiltrait entre les pavés. Alors, Nillin comprit qu'elle était son erreur. La guerre … Elle avait passé son enfance à rêver de la guerre. À songer au combat. À imaginer la bataille. Elle jouait à l'épée. Mais là … Ce n'était pas un jeu. C'était la réalité. Horreur. Peine. Colère. Toute ces émotions qui se bousculaient dans son esprit. Comment avait-elle pu sourire à propos de ça ? Elle se rendait compte combien elle avait été enfant. Combien elle avait été stupide. Un fracas la fit sursauter. Holmard était là, à prendre les épées confectionnées pendant des heures, et à les donner aux soldats, aux hommes et aux femmes qui en auraient besoin. Holmard ne vit pas tout de suite les trois bêtes qui entrèrent dans leur maison. Nillin se précipita sur une épée rangée avec d'autres dans un bac de fer. L'épée était plutôt lourde. Plus lourde que l'épée en bois. Pourquoi ? Était-ce le pois de la réalité ? Ou bien le pois de la guerre ? Peut-être les deux ? Non. Nillin remarqua qu'elle tremblait. En réalité, l'épée était légère. C'était elle qui, ravagée par la peur, n'avait plus la force de la tenir. Les trois monstres étaient à environ dix mètres d'elle. Puis ils la virent. Le trio d'affreuse créature se jeta alors sur la jeune fille. Holmard empoigna une lourde épée, et para les trois lames. Les monstres hurlèrent, et forcèrent plus encore. Holmard posa un genou à terre. Mais il tenait bon. Les bêtes bavaient tels des animaux.
-Fuis ! Nillin ! Fuis !
-Mais Papa !
-Tais-toi et cours !
Il tourna la tête vers elle, et lui sourit. Ce geste rassura la jeune fille. Elle allait sourire à son tour, lorsque l'un des trois affreux retira son épée, et l'enfonça dans le poumon du grand homme.
Nillin vit son père tomber à terre, dans une marre de son propre sang. Quoi ? Alors … Il est mort ? Non … Non … Non ! La colère prit vite la place de la tristesse. Elle raffermit sa main sur l'épée, et s'élança sur les créatures. Elle bougeait instinctivement. Elle esquiva le coup venu d'en haut, et trancha la tête d'un des trois. Elle passa derrière un second, et en passant devant lui, lui trancha le genou, avant d'enfoncer la lame dans le poumon. Le troisième recula d'un pas. Nillin se tourna vers lui, et lui lança un regard noir. La créature fit un pas en arrière. Nillin se lança vers lui, lui plantant sa lame dans l'estomac. Elle la retira dans une giclée de sang, et l'enfonça dans le crâne de la créature. Elle vit du sang. Du sang par terre. Le sang des monstres. Mais pas seulement. Il y avait aussi le sang de Holmard … Il était mort … Et les larmes roulèrent sur les douces joues de Nillin.
Soudain, un éclair de douleur. Au niveau de la hanche. Nillin posa la main, et la retira. Du sang chaud la recouvrait. Elle baissa le regard. Elle était blessée. Pas une plaie très profonde, mais suffisamment pour qu'elle se vide de son sang. Ses vêtement s'imbibaient du liquide rouge alors que Nillin cherchait le chemin. Elle parcourait les rues, l'épée tâchée de sang. Luttant pour rester debout. Luttant pour avancer. Luttant pour garder les yeux ouverts. Luttant pour respirer. Personne ne s'occupait d'elle. Tous courraient. Tous criaient. Tous saignaient. Nillin savait où elle allait. Elle devait sortir de la ville, pour aller dans la forêt. La forêt la protègerait. La forêt serait sa maison. La forêt serait son amie. Mais comment pouvait-elle y arriver, dans son état ? Le ciel s'illuminait de plus en plus. Elle errait dans les ruelles saccagées. Elle passait entre les maisons enflammées. Elle marchait sur le sol ensanglanté. Les flammes n'étaient désormais que des reflets lumineux dans ses yeux. La blessure s'ouvrait un peu plus. Le sang coulait trop. Sa vue brouillée ne distinguait plus le sol des murs. Mais elle continuait à avancer. Et cela lui demandait de plus en plus de force. Elle finit par sortir de la ville. Elle s'appuya sur l'épée. Les monstres étaient moins nombreux. Le sang était moins abondant.
La forêt n'était pas loin. Elle marchait toujours au même rythme, s'aidant désormais de son arme. Elle avait de plus en plus de mal à respirer. Elle passa les arbres. Elle s'enfonçait de plus en plus dans la forêt. La brûlante douleur à la hanche s'intensifiait à chaque pas. C'était insupportable.
Elle était désormais en sécurité. Elle était entre les arbres. Parmi la verdure. La nuit laissait place au jour. Maintenant, elle pouvait se reposer. Se laisser aller. Elle devait dormir, et récupérer. Quelques heures. Sinon, elle n'y arriverait pas. Elle s'adossa à l'arbre le plus proche. Elle ferma les yeux. Son souffle revint. Elle tenta de le calmer. Elle s'allongea, et sentit le sommeil la tirer. Le monde des rêves la prenait dans ses bras. Elle se rappela alors les effets bénéfiques d'un sommeil calme et paisible.
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